mardi 9 avril 2024

Le Marin


Dans les brumes conquérantes du Marin

Le temps, pour un moment, furtivement, s'efface,

Le jour intimidé, dans ses vapeurs, s'évanouit.

Derrière le voile, l'horizon se serait-il éclipsé ?




La ville empotée, enveloppée de torpeur, s’isole,

Emmitouflée dans ce lourd manteau aqueux.

Contre ce mur, nos regards, égarés, butent,

Cherchent obstinément à percer son mystère.




Du néant, des silhouettes mouvantes surgissent,

Venues d'un autre monde, cerné d'inexistentiel,

Qui se dérobe à notre imagination pragmatique,

Pour nous contraindre d’accepter l’impondérable






L'onde tumultueuse, venue de nulle part, se fracasse

Contre la réalité immuable du Môle Saint-Louis,

Où le phare, les pieds dans une flaque d’eau oubliée,

Comme tétanisé, attend d'y voir plus clair.




Au-delà de la forêt de mâts des dériveurs endormis,

Saint-Clair n'est plus que le fruit de notre imagination.

Pourtant, les bruits feutrés de la ville nous arrivent,

Pour nous dire la laborieuse existence des hommes.





Après maintes tentatives, Apollon, enfin, s'affirme,

Perce le secret des brumes obstinées du Marin

De son ardeur hivernale, mais toute souveraine.

Comme par enchantement, la brume s'efface.




À contre-cœur, elle capitule, abandonne la place

Comme désintégrée par l'astre téméraire.

Alors comme par enchantement, tout s'illumine,

Se révèle à nous dans la clarté de l'après-midi.




Elle nous avait été enlevée sans crier gare.

La ville, enfin démasquée, sort de sa torpeur,

Avec enthousiasme, elle reprend des couleurs,

Sous un ciel insolent, immodérément bleu…








Le marin est un vent de sud-est soufflant de la Méditerranée vers le Languedoc, la Montagne Noire et les Cévennes.

Il est généralement modéré et régulier, mais il peut être parfois violent et turbulent sur le relief, très humide, doux et amène le plus souvent des précipitations abondantes.

Il est plus fréquent au printemps et en automne, lorsque les dépressions s’enfoncent en Méditerranée : c’est le vent des situations perturbées et pluvieuses.

Il se charge d’humidité lors de son parcours maritime. Il va ensuite la restituer sous forme de grisaille (nuages bas, brumes, brouillards) et de pluies, sur les hauteurs qui bordent la mer : les versants sud-est de la Montagne Noire, les Corbières, les contreforts des Cévennes et les premières hauteurs provençales.

Sources: http://tempetes.meteo.fr/Les-vents-regionaux-mediterraneens.html



Texte et photos : Christian Bailly

Tous droits réservés 

26/03/2024

samedi 30 mars 2024

Les Pâques des petits bambins


Avec le printemps

Alors que les cloches de Pâques

Sonnent dans le petit matin

Encore frileux et mutin



Les petits lapins

Et leurs copains

Les petits poussins

Plein d’entrain




La valise à la main

Sèment dans le jardin

Derriere le thym

La salade et le romarin

La rose éclose et le lupin

Plein de jolis œufs peints

Et de chocolat pour les bambins.



Pas le temps pour un festin

Même s’ils ont faim,

Pas le temps de faire le lambin

Ou de raconter des potins

Ni pour une sieste dans le foin.



Non ! Ils courent dans le jardin

Et sur les chemins



Avant que ne se lèvent les bambins

Tous ces petits coquins

Impatients et gourmands...


Joyeuses Pâques à Eline, Nohan; Manon, Timothé et Anaïs...

Christian Bailly

Tous droits réservés

31/03/2024

Autan



Dans les brumes conquérantes d'Autan,

Le temps, pour un moment, furtivement, s'efface,

Le jour intimidé, dans ses vapeurs, s'évanouit.

Derrière le voile, l'horizon se serait-il éclipsé ?




La ville empotée, enveloppée de torpeur, s’isole,

Emmitouflée dans ce lourd manteau aqueux.

Contre ce mur, nos regards, égarés, butent,

Cherchent obstinément à percer son mystère.



Du néant, des silhouettes mouvantes surgissent,

Venues d'un autre monde, cerné d'inexistentiel,

Qui se dérobe à notre imagination pragmatique,

Pour nous contraindre d’accepter l’impondérable.



L'onde tumultueuse, venue de nulle part, se fracasse

Contre la réalité immuable du Môle Saint-Louis,

Où le phare, les pieds dans une flaque d’eau oubliée,

Comme tétanisé, attend d'y voir plus clair.







Au-delà de la forêt de mâts des dériveurs endormis,

Saint-Clair n'est plus que le fruit de notre imagination.

Pourtant, les bruits feutrés de la ville nous arrivent,

Pour nous dire la laborieuse existence des hommes.




Après maintes tentatives, Apollon, enfin, s'affirme,

Perce le secret des brumes obstinées d'Autan

De son ardeur hivernale, mais toute souveraine.

Comme par enchantement, la brume s'efface.





À contre-cœur, elle capitule, abandonne la place

Comme désintégrée par l'astre téméraire.

Alors comme par enchantement, tout s'illumine,

Se révèle à nous dans la clarté de l'après-midi.

 


Elle nous avait été enlevée sans crier gare.

La ville, enfin démasquée, sort de sa torpeur,

Avec enthousiasme, elle reprend des couleurs,

Sous un ciel insolent, immodérément bleu…




Texte et photos :Christian Bailly

Tous droits réservés 

26/03/2023

jeudi 28 mars 2024

Intime vocation



Antinoüs - Le Gros (1686)
Château de Versailles



Sur ton corps, les années ont semé un tapis de perce-neiges,

Où je viens poser tous mes chagrins, mes espoirs, mes rêves.

Là, j'y retrouve les printemps de ma jeunesse et son cortège

De bonheur et d'ivresse, de désir que le plaisir parachève.


Hercule  Commode - Noël Jouvenet




Avant que la vieillesse de trop nous caresse, nous agresse,

Je veux user ton corps de toutes mes charnelles ivresses,

Avec l'impulsive insolence, ignorer les raisons de la sagesse,

Te faire sentir de mes désirs enthousiastes, toute la hardiesse.


Laocoon et ses fils - Tuby (1696)
Château de Versailles


Mon amour, mon tendre amour, laissons parler nos sens.

Donnons la parole à leurs douces et envoûtantes souffrances.

Laissons la furie de notre aveuglement gagner notre confiance.

Avec nonchalance, cédons aux ravissements de l'accoutumance.


Partie gauche de La France triomphante
Antoine Coysevox , Jacques Prou et Jean-Baptiste Tuby
Château de Versailles


Ainsi enchaînées, l'une de l'autre, nos âmes intoxiquées

Par nos appétences mutuelles, convoleront pour l'éternité.

Contre l'usure des années, nous devrons nous insurger,

Désobéir aux règles du temps, ne pas céder à la facilité.


Aristée entravant Protée - Sébastien Slodtz


À ce rude combat, nous opposerons notre fertile affection,

Pour en renouveler sans cesse la passionnelle expression

Et nourrir pour le restant de nos jours, cette inclination.

À cette intime confession, je me sens une pérenne vocation.


Jardin du Château de Fontainebleau


Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés 
14/02/2011

 

mardi 26 mars 2024

Le banc


Christian Bailly -  Un banc face à l'île Madame, à Port des Barques
Charente-Maritime.




Sur la colline, face à l'océan,

Seul, un banc vide contemplait le néant,

Il attendait qu'un passant

Veuille bien s'asseoir un moment.



Avec la vie, il n’était pas très exigeant,

Il s’en contentait, bon an mal an,

En espérant un jour voir deux amants

Se bécoter, assis sur leur séant.



Ce qui finit par arriver un jour de l’an,

Il faisait très très froid pourtant.

Qu’ils étaient beaux et attendrissants !

Il vécut un moment émouvant.



En vérité, ce fut le jour le plus marquant

De sa pauvre vie de banc…

Puis les années ont passé, lentement,

Il était devenu indifférent.



C’est vrai, depuis très très longtemps,

Il ne comptait plus le temps.

Il avait même oublié depuis quand

Il était là, à contempler le néant.



Il regardait longuement les goélands

Jouer avec les éléments,

Pendant que se déchaînait le vent.

Et lui, il était là, à attendre patiemment.



Un jour, il vit arriver, d'un pas pesant,

Un des amants, il avait les cheveux blancs,

Et les rides profondes du temps.

Doucement, il vint s'asseoir sur son séant.



Tous les jours, ce fût son passe-temps,

Sur la colline venteuse, face à l'océan,

Esseulé et affligé, il contemplait l'océan,

Désireux de rejoindre enfin le néant.



Là où l'attendait son grand amour d'antan,

Emporté par le mauvais vent.

En fait, il tenait compagnie au vieux banc.

Il lui raconta son amour passionnant.




Ainsi, tous les jours, par tous les temps,

Le vieux banc attendait patiemment.

Un jour, son ami ne vint pas, pourtant,

Pour lui, l’heure était venue du néant.



Pendant encore longtemps, longtemps

Le banc continua à contempler l’océan,

Impassible, il attendait qu'un passant

Veuille bien s'asseoir un moment…


Christian Bailly

Tous droits réservés

26/03/2024

dimanche 3 mars 2024

Retrouvailles nocturnes



Sur ton âme endormie,

Je me penche en catimini…

Jupiter et Antiope  ou Vénus et Satyre - Nicolas Poussi


Sur tes yeux, je dépose

Des baisers aussi légers

Que le vol du papillon en été.


Butterfly - Marina Podgaevskaya


Sur ta bouche, je dépose,

Des baisers aussi chauds

Que les petits pains du matin.


Rinaldo et Armida - Francesco Hayez


Sur ton sein abandonné, je dépose

Des baisers parfumés des roses,

De mon jardin où elles éclosent


Jeune femme endormie  - Delphine Enjolras


Sur ton cœur prisonnier, je dépose,

Un baiser aux couleurs de mon sang,

Il bout pour toi comme celui d'un pur-sang.


Femme révélant ses seins - Jacopo Robusti Tintoretto


Sur ton sexe palpitant, je déposel

Des baisers de braise,

Du volcan qui point ne s'apaise.


Nu baroque - German Gedovius


Allongé, prés de toi, là,

La nuit me prend alors dans ses bras,

M'emporte…

Et me dépose dans tes rêves.

Je t'aime ....à tout de suite…

Le couple endormi - Malel

Christian Bailly
Tous droits réservés
20/08/2009