dimanche 3 juin 2018

Plume insoumise


du net


Jusqu’à mon dernier souffle,
J’espère bien ne pas être sage,
Et garder à l’esprit ma rage
De penser sans avoir à rougir.
Jusqu’à mon dernier soupir, 
J’espère bien, de la vieillesse,
Ne pas acquérir cette sagesse 
Dévolue aux cheveux argentés.
Ce n’est qu’usé par ma destinée,
Qu’un jour, je devrai m’incliner,
Alors, il sera temps de me retirer,
Pour ne pas avoir à regretter
De me taire, de me résigner. 
Je pourrais tirer ma révérence, 
Je partirai sans résipiscence.
Je vous présenterai mes hommages, 
Et je tournerai ma dernière page.

du net

En attendant, je ne tairai point ma plume,
Je ne cacherai point mes amertumes,
Je dénoncerai haut les privilèges
Et des affameurs, fort, leurs manèges,
Leurs manigances et leurs roublardises, 
Leur mépris et aussi leur couardise.
À ma plume, la libre expression, 
Pour chanter l’esprit de ma rébellion.
Oui, je veux mourir en insoumis, 
La plume levée devant les ennemis
De tous les travailleurs oppressés  
Par tous ces nantis, ces financiers,
Qui thésaurisent à l’étranger
Au-delà de ce qu’ils peuvent dépenser. 


Ô mes amis dites-moi ! Expliquez-moi !
À quoi servent ces immenses fortunes, 
Quand d’autres n’ont pas une tune
Pour survivre dignement au lendemain,
Et dans la rue doivent tendre la main.
Outre-tombe, pourtant, rien ne se monnaie 
Et malheureusement rien ne se paie,
Ni les crimes de sang, ni les infamies,
Ni les fautes, ni les escroqueries,
Alors pourquoi cumuler tant de dollars
Et sur les pauvres se faire du lard ?

 
Oui, je veux mourir en insoumis
Avant de voir, de ce monde, l’agonie, 
Ruiné par tous ces traîtres à la nation,
Soucieux uniquement de leur ascension
Pour s’enrichir et vivre comme des rois,
 Ils détournent ou offensent les lois,
Ils pillent, ils saccagent la planète,   
Ils récoltent, puis sèment la tempête, 
Ils nous empoisonnent sans vergogne,
Et si on grogne trop fort, ils cognent.

PHOTOGRAPHIE DE MATTHIAS KLUM,
L'huile de palme contribue à la déforestation


À ma plume affranchie et rebelle,
Je persiste et lui donne des ailes,
Pour dénoncer combien ces affameurs, 
Sont prêts à tout selon leurs humeurs,
Pour dépouiller les travailleurs, 
Et remplir les poches des prédateurs. 
D’une main, ils sabrent le champagne,
Et de l’autre, nous envoient au bagne.
De nous, pauvres marionnettes, 
Ils font, quand ils veulent, des charrettes.




Jusqu’à mon dernier souffle,
J’espère garder à l’esprit, ma rage
De penser sans avoir à rougir,
Ma fierté de ce que j’aurai osé écrire.
J’espère, un jour, chanter à la gloire
Des peuples libérés, à leur victoire,
Avant que ne m’emporte le vent hiver,
Et que je sois le festin des vers.

La Liberté guidant le peuple - Eugène Delacroix

Christian Bailly
Tous droits réservés
03/06/2018