dimanche 21 avril 2024

Et pourtant

 



Aujourd'hui de mes vingt ans

Il n'est plus temps, et pourtant…

Mon Ami, j'ai toujours envie

Avec toi de partager mes folies.


Oh ! Loin de moins la sagesse !

Aux déconvenues de la vieillesse,

Je préfère toutes les ivresses

De tes voluptueuses largesses.


Aujourd'hui de mes vingt ans

Il n'est plus temps, et pourtant…

Les années ont balayé ma vie.

Loin de moi ses infamies !


Fais-moi voir la vie en rose

Pour oublier mes névroses,

Avant que l'âge m'indispose,

Fais-moi connaître l'apothéose.


Aujourd'hui de mes vingt ans

Il n'est plus temps, et pourtant…

J'ai envie de traverser ta vie

Avec éclat, devenir ton égérie,


Pour inspirer notre passion.

Livrons-nous à nos addictions

Sans la moindre restriction,

Avant l'heure de la résignation.


Aujourd'hui de mes vingt ans

Il n'est plus temps, et pourtant…

Je t'aime comme un adolescent

Qui ne sait rien de ce qui l'attend…


Ô. Mon Ami! Ô. Mon Amour!


J'ai dépassé mes trois fois vingt ans

Mais c'est dans tes bras d'amant

Que je veux voir passer le temps

Tout doucement, tout doucement…


Christian Bailly 

Tous droits réservés

14/03/2013

samedi 20 avril 2024

Lagune de Thau



Aux pas cadencés des rames colorées

Sur l'onde du canal à peine fripée...

La barque ventrue glisse, nonchalante,

S'éloigne peu à peu de la ville trépidante.





Le long du quai du Mistral encore peu fréquenté,

Les petites maisons nous saluent, sagement alignées.

Dès le matin, la Tramontane déjà vivace,

Nous fait front, ne veut pas perdre la face.



Tout en douceur, elle sort de sa torpeur

L'illustre et paisible village de pêcheurs.

Où le temps aimerait bien venir se poser,

Et nous raconter la vie au passé composé.



À la force des bras aguerris, nous avançons en silence

Stimulés, que nous sommes, par notre appétence

De redécouvrir la vaste lagune de Thau,

Où le bleu du ciel se mire dans ses eaux…




Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés
20/04/2024

Jardin avec vue sur mer




Dans le jardin avec vue sur mer,

Sur le chemin de Saint-Clair,

Le printemps est un feu d'art,

Sans artifices et sans fard...






Pourtant au bout du chemin,

Le ravissement prend fin,

Défiguré par les incivilités,

Comme une insulte à sa beauté.




La nature, même domestiquée,

Est un miracle qui nous fait rêver,

Alors pourquoi la défigurer ?



On peut bien haïr notre société,
Ou en vouloir au monde entier,
Mais la nature, mérite le Respect.



Alors je dis à tous ces sauvages,

Dépenser autrement votre rage.

De votre futur, vous préparez le paysage,

Un jour, vous comprendrez la parole des sages...
















Texte et photos : Christian Bailly
Tous droits réservés
14 avril 2024 

(Sète)

mardi 9 avril 2024

Le Marin


Dans les brumes conquérantes du Marin

Le temps, pour un moment, furtivement, s'efface,

Le jour intimidé, dans ses vapeurs, s'évanouit.

Derrière le voile, l'horizon se serait-il éclipsé ?




La ville empotée, enveloppée de torpeur, s’isole,

Emmitouflée dans ce lourd manteau aqueux.

Contre ce mur, nos regards, égarés, butent,

Cherchent obstinément à percer son mystère.




Du néant, des silhouettes mouvantes surgissent,

Venues d'un autre monde, cerné d'inexistentiel,

Qui se dérobe à notre imagination pragmatique,

Pour nous contraindre d’accepter l’impondérable






L'onde tumultueuse, venue de nulle part, se fracasse

Contre la réalité immuable du Môle Saint-Louis,

Où le phare, les pieds dans une flaque d’eau oubliée,

Comme tétanisé, attend d'y voir plus clair.




Au-delà de la forêt de mâts des dériveurs endormis,

Saint-Clair n'est plus que le fruit de notre imagination.

Pourtant, les bruits feutrés de la ville nous arrivent,

Pour nous dire la laborieuse existence des hommes.





Après maintes tentatives, Apollon, enfin, s'affirme,

Perce le secret des brumes obstinées du Marin

De son ardeur hivernale, mais toute souveraine.

Comme par enchantement, la brume s'efface.




À contre-cœur, elle capitule, abandonne la place

Comme désintégrée par l'astre téméraire.

Alors comme par enchantement, tout s'illumine,

Se révèle à nous dans la clarté de l'après-midi.




Elle nous avait été enlevée sans crier gare.

La ville, enfin démasquée, sort de sa torpeur,

Avec enthousiasme, elle reprend des couleurs,

Sous un ciel insolent, immodérément bleu…








Le marin est un vent de sud-est soufflant de la Méditerranée vers le Languedoc, la Montagne Noire et les Cévennes.

Il est généralement modéré et régulier, mais il peut être parfois violent et turbulent sur le relief, très humide, doux et amène le plus souvent des précipitations abondantes.

Il est plus fréquent au printemps et en automne, lorsque les dépressions s’enfoncent en Méditerranée : c’est le vent des situations perturbées et pluvieuses.

Il se charge d’humidité lors de son parcours maritime. Il va ensuite la restituer sous forme de grisaille (nuages bas, brumes, brouillards) et de pluies, sur les hauteurs qui bordent la mer : les versants sud-est de la Montagne Noire, les Corbières, les contreforts des Cévennes et les premières hauteurs provençales.

Sources: http://tempetes.meteo.fr/Les-vents-regionaux-mediterraneens.html



Texte et photos : Christian Bailly

Tous droits réservés 

26/03/2024

samedi 30 mars 2024

Les Pâques des petits bambins


Avec le printemps

Alors que les cloches de Pâques

Sonnent dans le petit matin

Encore frileux et mutin



Les petits lapins

Et leurs copains

Les petits poussins

Plein d’entrain




La valise à la main

Sèment dans le jardin

Derriere le thym

La salade et le romarin

La rose éclose et le lupin

Plein de jolis œufs peints

Et de chocolat pour les bambins.



Pas le temps pour un festin

Même s’ils ont faim,

Pas le temps de faire le lambin

Ou de raconter des potins

Ni pour une sieste dans le foin.



Non ! Ils courent dans le jardin

Et sur les chemins



Avant que ne se lèvent les bambins

Tous ces petits coquins

Impatients et gourmands...


Joyeuses Pâques à Eline, Nohan; Manon, Timothé et Anaïs...

Christian Bailly

Tous droits réservés

31/03/2024

Autan



Dans les brumes conquérantes d'Autan,

Le temps, pour un moment, furtivement, s'efface,

Le jour intimidé, dans ses vapeurs, s'évanouit.

Derrière le voile, l'horizon se serait-il éclipsé ?




La ville empotée, enveloppée de torpeur, s’isole,

Emmitouflée dans ce lourd manteau aqueux.

Contre ce mur, nos regards, égarés, butent,

Cherchent obstinément à percer son mystère.



Du néant, des silhouettes mouvantes surgissent,

Venues d'un autre monde, cerné d'inexistentiel,

Qui se dérobe à notre imagination pragmatique,

Pour nous contraindre d’accepter l’impondérable.



L'onde tumultueuse, venue de nulle part, se fracasse

Contre la réalité immuable du Môle Saint-Louis,

Où le phare, les pieds dans une flaque d’eau oubliée,

Comme tétanisé, attend d'y voir plus clair.







Au-delà de la forêt de mâts des dériveurs endormis,

Saint-Clair n'est plus que le fruit de notre imagination.

Pourtant, les bruits feutrés de la ville nous arrivent,

Pour nous dire la laborieuse existence des hommes.




Après maintes tentatives, Apollon, enfin, s'affirme,

Perce le secret des brumes obstinées d'Autan

De son ardeur hivernale, mais toute souveraine.

Comme par enchantement, la brume s'efface.





À contre-cœur, elle capitule, abandonne la place

Comme désintégrée par l'astre téméraire.

Alors comme par enchantement, tout s'illumine,

Se révèle à nous dans la clarté de l'après-midi.

 


Elle nous avait été enlevée sans crier gare.

La ville, enfin démasquée, sort de sa torpeur,

Avec enthousiasme, elle reprend des couleurs,

Sous un ciel insolent, immodérément bleu…




Texte et photos :Christian Bailly

Tous droits réservés 

26/03/2023

jeudi 28 mars 2024

Intime vocation



Antinoüs - Le Gros (1686)
Château de Versailles



Sur ton corps, les années ont semé un tapis de perce-neiges,

Où je viens poser tous mes chagrins, mes espoirs, mes rêves.

Là, j'y retrouve les printemps de ma jeunesse et son cortège

De bonheur et d'ivresse, de désir que le plaisir parachève.


Hercule  Commode - Noël Jouvenet




Avant que la vieillesse de trop nous caresse, nous agresse,

Je veux user ton corps de toutes mes charnelles ivresses,

Avec l'impulsive insolence, ignorer les raisons de la sagesse,

Te faire sentir de mes désirs enthousiastes, toute la hardiesse.


Laocoon et ses fils - Tuby (1696)
Château de Versailles


Mon amour, mon tendre amour, laissons parler nos sens.

Donnons la parole à leurs douces et envoûtantes souffrances.

Laissons la furie de notre aveuglement gagner notre confiance.

Avec nonchalance, cédons aux ravissements de l'accoutumance.


Partie gauche de La France triomphante
Antoine Coysevox , Jacques Prou et Jean-Baptiste Tuby
Château de Versailles


Ainsi enchaînées, l'une de l'autre, nos âmes intoxiquées

Par nos appétences mutuelles, convoleront pour l'éternité.

Contre l'usure des années, nous devrons nous insurger,

Désobéir aux règles du temps, ne pas céder à la facilité.


Aristée entravant Protée - Sébastien Slodtz


À ce rude combat, nous opposerons notre fertile affection,

Pour en renouveler sans cesse la passionnelle expression

Et nourrir pour le restant de nos jours, cette inclination.

À cette intime confession, je me sens une pérenne vocation.


Jardin du Château de Fontainebleau


Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés 
14/02/2011

 

mardi 26 mars 2024

Le banc


Christian Bailly -  Un banc face à l'île Madame, à Port des Barques
Charente-Maritime.




Sur la colline, face à l'océan,

Seul, un banc vide contemplait le néant,

Il attendait qu'un passant

Veuille bien s'asseoir un moment.



Avec la vie, il n’était pas très exigeant,

Il s’en contentait, bon an mal an,

En espérant un jour voir deux amants

Se bécoter, assis sur leur séant.



Ce qui finit par arriver un jour de l’an,

Il faisait très très froid pourtant.

Qu’ils étaient beaux et attendrissants !

Il vécut un moment émouvant.



En vérité, ce fut le jour le plus marquant

De sa pauvre vie de banc…

Puis les années ont passé, lentement,

Il était devenu indifférent.



C’est vrai, depuis très très longtemps,

Il ne comptait plus le temps.

Il avait même oublié depuis quand

Il était là, à contempler le néant.



Il regardait longuement les goélands

Jouer avec les éléments,

Pendant que se déchaînait le vent.

Et lui, il était là, à attendre patiemment.



Un jour, il vit arriver, d'un pas pesant,

Un des amants, il avait les cheveux blancs,

Et les rides profondes du temps.

Doucement, il vint s'asseoir sur son séant.



Tous les jours, ce fût son passe-temps,

Sur la colline venteuse, face à l'océan,

Esseulé et affligé, il contemplait l'océan,

Désireux de rejoindre enfin le néant.



Là où l'attendait son grand amour d'antan,

Emporté par le mauvais vent.

En fait, il tenait compagnie au vieux banc.

Il lui raconta son amour passionnant.




Ainsi, tous les jours, par tous les temps,

Le vieux banc attendait patiemment.

Un jour, son ami ne vint pas, pourtant,

Pour lui, l’heure était venue du néant.



Pendant encore longtemps, longtemps

Le banc continua à contempler l’océan,

Impassible, il attendait qu'un passant

Veuille bien s'asseoir un moment…


Christian Bailly

Tous droits réservés

26/03/2024