vendredi 25 février 2022

Questionnement

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Guernica - Pablo Picasso

 

Alors que résonne le chant du canon,

Ma poésie me semble bien futile,

Pourtant, je n'ai pas d'autres armes

Contre la folie viscérale des hommes.

 

La colombe de la paix a pris le deuil,

Dans le ciel gris d'un sombre futur,

Et voit sa branche d'olivier piétinée

Par les bottes et les chaînes des chars.



La colombe de la Paix - Pablo Picasso

 

Les hommes irascibles, une fois de plus,

Comparent leur virilité à coup de fusil,

Justifient chacun de leurs gestes mortels,

Par leur mauvaise foi et le mensonge.

 

Le Ioujak, souffle sa folie sur le monde.

Violant sa parole et les traités ratifiés.

L'ours de Sibérie sort de sa tanière

Avec un esprit de conquête irrépressible.

 

Les hommes, inquiets du réchauffement,

Résisteront-ils à ce fatal embrasement ?

L'esprit du mal soumet peu à peu le monde,

Le corrompt au nom d'un pouvoir cynique.


La Deshumanisation des soldats - Laurent Véray

 

Il envoie sur les routes du désespoir,

Femmes, enfants, un peuple vulnérable,

Qui ne demandaient qu'à partager

Un printemps sans peur, sans larme.

 

David Olère 

Alors, au regard de ce que je constate,

Une fois de plus, je doute des hommes,

Une fois de plus, ma déception est grande.

L'homme, mérite t'il vraiment ce monde?


Chactas en méditation sur la tombe d'Atala - Francisque Duret

Christian Bailly

Tous droits réservés 

24/02/2022

lundi 14 février 2022

Enfants gâtés



Devant l'immensité offerte à lui…


Le poète ferme les yeux…
S'il avait la foi, il pourrait implorer
De tout son cœur les dieux
Pour de sa beauté les remercier.


Bercé par le chant renouvelé
De ses flots apaisés,
Il se laisse emporter
Par leur languissante rengaine.
Où il ne perçoit ni peur, ni colère, ni haine...



Pourtant...
Il lui semble entendre des gémissements,
Les pleurs de la terre qui se meurt lentement
Sans dire un mot,
De sa peine, de ses maux.




Sous ses yeux abattus, elle agonise
Tandis que des hommes puérils ironisent.
Comme le vieux poète caressé par le soleil
Elle prend irrésistiblement de la bouteille.


Les vagues l'une après l'autre trépassent à ses pieds
Dans un murmure, sans fureur, sans résister.
Dans un dernier souffle, elles déposent sur le rivage
Les rebuts des hommes inconscients qui l'outragent.




Sommes-nous sur le chemin de l'impossible retour,
Ou dans notre sac avons-nous encore quelques tours
Pour ne pas voir le désastre
Qui se lit déjà dans les astres,




Pour ne pas voir l'errance, la faillite des hommes ?
De ce monde, sommes-nous arrivés au dernier tome ?
N'y a-t-il plus rien à écrire pour pouvoir encore le sauver,
Le sortir de la profonde ornière où nous l'avons enfoncé ?


Le soleil au couchant réchauffe les vieux os du poète
Et son âme solitaire, où germent ses pensées secrètes
Sur ce monde qui s'enlise dans sa propre fournaise.
Serait-il arrivé au bout du voyage, au bord de la falaise ?



Devant ce spectacle, à l’infini recommencé, de la fin du jour,
Devant cet embrasement somptueux de tous ses atours,
Le poète se recueille avec cet ineffable respect du sage
À la recherche de cette paix qui apaiserait toutes ses rages.



Il pose sa plume fatiguée, sur le sable mouillé
Il remercie sa muse toujours bien disposée
Il rend grâce à ce monde pour ses splendeurs,
Il implore son pardon pour toutes les horreurs
Les folies des hommes, passées, présentes et futures…
Car c’est ainsi qu’ils sont depuis la nuit des temps
À rester des enfants gâtés, à qui la terre devrait tout.




Christian Bailly
Tous droits réservés
13/02/2022

dimanche 13 février 2022

Hommage à Antoine Mari

 


Antoine, Mon ami

 

Aujourd’hui, ma poésie est en deuil,

L’encre est plus noire que d’habitude,

Les mots du poète se recueillent,

Ma plume trouve le vélin trop rude.

 

Instant cruel que celui des hommages,

Sans trahir de ta personne la mémoire,

Écrire de ta vie, les plus belles pages,

Ne pas oublier, raconter ton histoire.

 

Quand vacillent d’autres flammes,

Et résistent au tourbillon du temps,

C’est une rafale qui emporta ton âme,

Et nous laisse orphelins, brutalement.

 

Ce vent mauvais a soufflé ta chandelle,

Et laisse notre amitié dans l’errance.

Personne pour entendre nos appels,

Dans la nuit sans étoiles de l’absence.

 

Elle te ressemble peu, cette sortie précipitée.

Je ne reconnais pas ton flegme « normand »

Que j’ai bien des fois, en toi, admiré.

Tous, nous trouvons ce départ fort diligent.

 

Antoine, tu nous a tous surpris.

J’ai beau me questionner,

Tu nous laisses abasourdis.

Pas d’autre choix que de te pleurer.

 

Alors… Alors, voici l’heure

Où il nous reste les souvenirs,

Ceux qui nous font du bien,

Ceux qui nous font sourire,

De la vie tous ces petits riens,

Qui nous font chaud au cœur.

 

Je me souviens de tout ce temps,

Passé ensemble au travail,

À partager déboires et réussites

Toute une époque, vaille que vaille !

 

Te rappelles-tu ?

 

Nos discussions politiques animées,

Avec nos camarades et amis…

L’instant café-croissants consacré,

Le rituel attendu du vendredi.

 

Et ces fameuses tartes aux fraises,

Elles me rient encore au ventre,

À l’époque, on ne filait pas l’anglaise

On ne laissait pas sa part, diantre !

 

Il n’y a pas de mal à se faire du bien.

À prendre la vie du bon côté.

Comme ce temps est bien loin…

Par le vent mauvais emporté !

 

Je me souviens avec déférence

Ces soirées que tu as animées,

Alors que nos corps, en cadences,

Se dépensaient, sans compter.

 

Je revois encore ton sourire amusé.

Nous, nous avions le diable au corps,

Nous avions perdu nos vertes années,

Mais pas la rage de vivre, encore.

 

 

Antoine, Mon ami

 

Je veux ici te dire mille mercis,

Devant toute cette assemblée,

Pour tous ces moments de notre vie,

Où tu as su témoigner de ton amitié.

 

Quand prenait un autre tournant

Nos destins, sur un chemin éprouvant,

Tu as su être là, à chaque instant,

Je te suis éternellement reconnaissant.

 

De la photographie, tu avais la passion.

Je te dois de regarder aujourd’hui

Le monde autrement, avec émotion,

Une fenêtre sur la poésie de la vie.

 

De ces images qui figent le temps,

Aux mots qui éternisent les instants,

Il n’y avait qu’un pas  pour illustrer

Nos destins et leur offrir l’éternité.

 

Je l’ai franchi un jour de détresse,

Pour leur faire dire ma vérité,

Nos chagrins, nos heures de liesse,

Mais aussi nos amours, nos amitiés.

 

Aujourd’hui de ces mots qui me viennent,

De je ne sais pas vraiment où, ni comment,

Certains, maintenant, pour toi, me reviennent

Ils parleront à tes amis, certainement.

 

Ils parleront…
Ces mots que l'on ne dit pas,

Mais que l'on pense tout bas…

Ils résonnent dans nos pensées,

Mais l'on n'ose pas les prononcer…

Parfois, ils font chavirer nos cœurs

Et nous mettent en chaleur…

On les retient au bout des lèvres

Et ils nous donnent la fièvre…

Ces mots qui avivent nos ardeurs

Et que l'on tait par pudeur.

Ces mots bien trop galvaudés

Usés d'être communément usités

Mais qui peuvent faire le bonheur.

De l'amour, de l’amitié, ils ont la saveur.

Pourtant, simples comme bonjour,

Ils nous valent souvent bien des détours

Pour avouer tout simplement

La grandeur de nos sentiments.

Parait-il, le silence est d'or

Mais ces mots la sont un trésor

Et pour soi de les garder

Serait d'une parfaite impiété…

Alors de la part de cette assemblée

Pour toi réunie, je sais, je peux les dire

J’ose les dire…

Antoine, nous t’aimons !


Christian Bailly

Tous droits réservés 

03/02/2022


jeudi 3 février 2022

À toi mon ami poète

https://youtu.be/Pyg6S_ftFxY 


Version Audio


À toi mon ami, muré dans ta chair,

Enchainé à ce corps meurtri,

Je voudrais briser tes chaînes.


Philip Gladstone

 

À toi mon ami, réduit au silence,

Bâillonné par l’impuissance,

Je voudrais libérer ta parole.

 

À toi mon ami, ta plume est cassée,

Sur le parchemin, l’encrier s’est vidé,

Pour noircir ta page de poésie.

 

À toi mon ami, aux ailes coupées,

En plein vol de ta vie de troubadour,

J’aimerais t’offrir les miennes.

 

Pour toi mon ami, dans ta prison,

Les geôliers en blouses blanches

Sont devenus les gardiens de ta survie.

 

Alors…

 

Je pense à tous nos moments

Intenses de partages poétiques,

À toutes tes compositions originales,

Dont j’enviais la créativité baroque.

 

Pan enseignant la flute de pan
à Daphnis

Je pense à ce rendez-vous un peu fou,

Pour venir faire ma connaissance,

Et notre discutions dans le parc,

Nous étions devenus frères de plume.

 

Je me souviens de notre visite,

De notre promenade dans la campagne,

De notre soirée à mieux nous connaître,

Autour d’un verre qui scelle l’amitié.

 

La poésie en est devenue le trait d’union.

Ici, sous le soleil et le ciel céruléen,

Je n’ai pas la tête dans les étoiles,

Quand je pense à ton ciel devenu gris.


Pan et Hermes
 

Alors je voudrais devenir ce magicien

Des mots et des tournures passionnées

Que tu étais, pour te faire sourire

Et réveiller la flamme de ta poésie.

 

Rappelle-toi les duos de nos plumes

Où quatrain après quatrain

Nous partagions les folies de nos muses

Sans tabous, libérées des contraintes.

 

Mon ami,

J’aimerais ouvrir la porte de ce silence

Qui s’est refermée si brutalement sur toi

Pour t’emmener sur le Mont Hélicon

Ou le Mont Parnasse et retrouver nos déesses.

 

Minerve venant trouver les Muses
sur le mont Hélicon


Tu redeviendrais ce Pan que tu étais,

Sauvage, insaisissable, intarissable,

Dont elles vénéraient  religieusement,

Les déclarations cocasses et enflammées.

 

Et moi,

Je te confierais mes amours interdits

De mes fantasmes, les folies,

De mes espoirs, les extravagances,

De ce monde, mon éblouissement.

 

Le dieu Pan

À toi mon ami…

À Jean-François…


Christian Bailly

Tous droits réservés

24/11/2021