mardi 28 avril 2020

Que le monde est beau



Au-delà des cités,
Au-delà des fumées,
Qui cachent notre crasse,
Notre monde dans l’impasse.
Que le monde est beau !

Bibliothèque François-Mitterrand
Au-delà de la frénésie,
Sources de nos gâchis,
Au-delà de toutes nos folies,
Malgré de certains les homélies,
Que le monde est beau !

Station
Bibliothèque François-Mitterrand

Au-delà des guerres,
Des haines qui se libèrent,
Des insultes faites à la terre,
Et de ses coups de tonnerre,
Que le monde est beau !


Au-delà des pollutions,
Des menaces d’extinctions,
L’homme avec ses ambitions
Reste sourd à ses injonctions,
Mais le monde est beau !



Au printemps,
Dans son manteau d'émeraude,

Parsemé de fleurs de lys, de roses, de violettes,

C’est un feu d'artifice de couleurs,
Qui salue une renaissance tant attendue.
La nature accouche en beauté.

Chaque fois, elle nous émerveille.

Le jour gagne de précieuses minutes,
Sur la nuit, réchauffe sa vielle carcasse, 
Où elle puise sa force de renaître,

Pour vivre une orgie magnifique.
Le monde vivant tombe amoureux.
Que le monde est beau !


Forêt domaniale de La Grange - Yerres - 
Jacinthe des bois en fleurs



L'été,
Dans son manteau d’or et de lumière,
Champs de blé semés de coquelicots, de bleuets,

Les corps s’endimanchent de soleil,
La mer et l'azur s'ébattent pour ne faire qu'un.
Mère nature récolte ce qu'elle a semé,

Sur son giron prospère et généreux.
La terre abonde de grains d'or
Qu'elle déverse à grande brassée,
Sur les peuples affamés de ces bontés.

Le monde s’ébat dans le bonheur,
Oublieux de ses fourvoiements.
Que le monde est beau !


Champ de Soleil devant Cordes sur Ciel

L'automne,

Dans son manteau de pourpre et mordoré,
Enflamme nos campagnes et nos bois.
Il réchauffe nos corps de son vin nouveau,

Nos forêts deviennent des palettes d'ocre et d'or,
Sous le pinceau des jours qui fléchissent.

Les vapeurs des champs labourés
Ensorcellent la campagne qui s’endort.
Les prés, abandonnés par les troupeaux,
Retrouvent leur quiétude oubliée.

Le monde, doucement, s'apaise,
Se prépare aux bienfaits du sommeil. 

Que le monde est beau !

Automne en forêt de Fontainebleau
L'hiver,

Dans son frileux manteau d'hermine,
Scintille aux pâles rayons du soleil.

Les brumes hivernales enveloppent de coton
La campagne dépouillée, en léthargie.

Des guirlandes de glaçons miroitent,
Accrochées aux arbres dénudés par la bise.
Sur le miroir glacé, figé par la froideur,
Canards sauvages et cygnes inquiets patinent
Sans comprendre cette facétie de la nature.

Dans la neige, le poète laisse sa trace éphémère, 
La nature s'endort, pour oublier le temps

Qui s'arrête, et faire des rêves de printemps.

Que le monde est beau !

Reflets en Forêt de Fontainebleau
Au-delà du temps qui passe,
Les hommes laissent leurs empreintes
Outrageantes et funestes,
Mais…
Tourne, tourne la grande horloge
De l’univers…
Que le monde est beau !

Prunus en fleurs
Cosmos


Perles de pluie

Automne en forêt de Fontainebleau


Texte et photos :Christian Bailly
Tous droits réservés
26/04/2020

mardi 21 avril 2020

Voluptueuse




Sur Elle, Il souffle la tempête.
Elle en prend plein la tête.
Ses mots ravagent son âme,
Des douceurs qu'elle réclame.

Mars, Vénus et Cupidon - Titien

Son cœur, dans la tourmente,
Avide, de son amour, s'alimente.
Au plus fort de la bourrasque,
Il s'abandonne, fantasque.

Son ouragan déchaîne son désir,
Parcourt son corps sans faiblir,
Sème impunément le désordre,
Sans, un instant, en démordre.

Vénus et Adonis  - Jacob Adriaensz Backer

Par bourrasques successives,
Il balaye de caresses abusives
Sa chair dévorée par le feu,
Foudroyée, suppliciée par ses jeux.

Assaillie, de toutes parts, de baisers,
De sévices d'une voluptueuse cruauté,
Elle se complaît dans ce supplice,
Dont Il est le savant complice.

Ferdinand Bol- Vénus et Adonis 

Une lame de fond la parcourt.
Ses tripes, de résistance, à court,
Quémandent leur délivrance,
Se convulsent d'espérance…

À quand ce bonheur hypothéqué
Dont Il es passé le maître patenté ?
Elle perd pied, Elle est son jouet.
Son sort, de lui, ne peut se déjouer.

Vénus et Adonis - Hendrick Goltzius

Dans un dernier éclair de lucidité,
Elle implore sa clémence, sa charité.
Elle abdique, Elle se rend sans condition
À son seigneur, à son amphitryon.

Artisan du cataclysme annoncé,
Qui couve sous sa chair exaltée,
Dans un dernier élan de générosité,
Il la libère d'un tsunami de félicité.

Isaac Seeman - Vénus et Adonis


De plaisir, son cœur implose.
Ses entrailles déchaînées explosent,
Se libèrent et l'abreuvent d'un flot
De volupté, dans un long sanglot.



La Volupté - Madeleine Lemaire



Christian Bailly
Tous droits réservés 
21/04/2020

dimanche 19 avril 2020

Écoutez




Dans le gémissement du vent qui ondule sagement l’herbe des prés,
Dans la plainte des oiseaux amoureux qui endimanche la forêt.

Vincent Van Gogh


Dans le grincement de porte de la cage où j'enferme mon cœur gros,
Dans les pleurs de la pluie battante qui inonde mes longs sanglots.

Pluie battante  - Brigitte Pace

Dans le fracas des vagues assourdissantes qui brisent mon âme,
Dans le soupir de la brise qui ne sèche même plus mes larmes,

Coucher de Soleil sur la mer  -  Blog d'Annie


Dans le bruissement des arbres qui compatissent sans me guérir,
Dans le mistral qui glace ma vieille carcasse à l’incertain devenir.

"Crépusculaire vieux homme"  - Salvador Dalli

Écoutez !
Les pleurs de désespoir du poète labouré par la douleur
Voyez les larmes de son âme, voyez comme elle pleure.

"Vieil homme dans tristesse" - Viincent Van Gogh

Écoutez ! Écoutez mes Amis, comme il l’écrit, il vous le crie !
Il pleure de voir ce monde qui se meurt … De voir son agonie.

La Fin du monde ou Le Grand Jour de Sa colère - John Martin


Christian Bailly
Tous droits réservés
19/04/2020

samedi 18 avril 2020

Elle rêvait de lui…





Par une chaude nuit,
Elle reposait, nue, sur le lit,
Par le sommeil, engloutie.
Elle rêvait de lui…

Madeleine Lemaire - La volupté

Son corps, aux plaisirs asservi,
À sa tyrannie, assujetti,
Demandait à grands cris
D'être compris…

L'Odalisque à l'esclave
Jean-Auguste-Dominique Ingres


Sorti de son étui,
Son désir pris
D'une intrigante envie,
Exigeait d'être servi
De voir vidés, taris
Jusqu'à la lie
Ses précieux fruits.
Giovanni Boldini - Femme nue allongée sur un lit

Par ce tapage introverti,
Assourdi,
À son désir, elle obéit,
De sa torpeur, elle sortit,
À l'ouvrage, elle se mit.
Ce n'était point hérésie !

Giovanni Boldini - Femme nue allongée sur un lit


Alors, son plaisir assouvi…
Son désir assagi…
Elle se rendormit,
Pour rêver de lui…


Candice endormie - Serge Boisse


Christian Bailly
Tous droits réservés
17/04/2020

What do you want to do ?
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vendredi 17 avril 2020

Dites lui de m’emporter


Mes amis,
J'ai peur de voir venir le jour…
Où vous serez un souvenir troublé
Dans ma mémoire tourmentée…
Où j'oublierai vos visages familiers
Sur lequel je n'aurais pas vu défiler
Le nombre décisif des années…

 Lysalamandre - Azheimer ou la mémoire fracassée une légende
J'ai peur de voir venir le jour…
Où je devrais relire ces vers déposés,
Pour vous, sur le papier glacé,
Afin de m’efforcer de me remémorer…
Alors, je regarderai nos photos altérées
Par mes visites prolongées,
Comme autant d'images du passé...
De ce passé, à jamais, effacé...

La erosión de la memoria - Quino Zoncu


J'ai peur de voir venir le jour…
Où je chercherai sur mon corps décharné,
Les traces du temps, emportées
Par la sénescence et le sablier,
Où seul subsistera, dans mon regard attristé
De vieillard affligé par ma destinée,
Une flamme vacillante à votre seule pensée.

Ici mais ailleurs  - Fabienne Roques Rhein


J'ai peur de voir venir le jour…
Où j'attendrai, une fois pour toute, d'être balayé
Par le vent du destin, pour enfin me retrouver,
Là où je payerai mes faiblesses par les regrets,
En larmes desséchées par le temps écoulé,
Comme autant d'immortelles déposées
Sur l'autel de ma vie consommée.

Ici mais ailleurs  - Fabienne Roques Rhein


Je sais !
Je sais que c'est ainsi que j'aurais à payer
Le tribut de mon existence insensée.

Mes Amis….
Mes amis, dites-moi!
Dites-moi, que je ne serais pas ce vieillard fané
Au regard noyé dans d'insondables regrets ?
Plutôt la mort que de me voir vous oublier !
Plutôt la mort que de ma mémoire, vous effacer !
Plutôt la mort, que de vivre dans ce remords !
Plutôt la mort, que de connaître un tel sort !

Josée St-Amant - Alzheimer


Alors, Mes amis…
Dites-lui, là, maintenant… De m'emmener…
De m’emmener à l'apogée de ma destinée !
Dites-lui, là, maintenant… De me faucher…
Avant le grand naufrage de ma pensée…
Avant d’être trahi par ma mémoire,
Où il ne restera qu’un trou noir,
Qui aura tout emporté…


William Utermohlen - Auto-portrait d'un artiste avec Azheimer

Christian Bailly
Tous droits réservés 
15/04/2020