mardi 28 février 2017

Alternative

Savez-vous mes amis,
Que je ne suis pas celui
Que vous croyez que je suis ?
Savez-vous mes amis,
Que je suis pour vous celui
Que pour moi, je ne suis pas,
Et pour moi celui
Que je voudrais être pour vous ?
Photo Christian Bailly  - 
 Musée du Louvre

Et si j'étais celui que je suis
M'aimeriez-vous assez
Pour accepter ce que je rêve d'être
Dans le silence de mes nuits ?
En vérité, je vous l'avoue,
Je ne sais pas, je ne sais plus…
Celui que je dois être
Pour l'amour de vous,
Celui que je dois être
Pour l'amour de moi,
Celui que je dois être
Pour l'amour de lui.

Lequel choisiriez-vous
Si vous deviez vous priver
De l'un… Ou de l'autre,
De la rose et de l'épine,
Du blanc et du noir,
De la lune et du soleil,
De l'ombre et de la lumière,
Du printemps et de l'hiver ?

Comment faire ce choix inéluctable,
Au risque d'un séisme, d'un tsunami,
D'un tremblement de terre ?
Et bien voyez-vous
J'en suis là !
À cet état,
De ne savoir
De moi, quel moi

Je dois choisir…

Christian Bailly
Tous droits réservés
04/03/2010

lundi 27 février 2017

Avènement


  




Sous le lit de feuilles agonisantes,
J'entends, là, le bruissement furtif
D'un éveil imperceptible et chétif,
Annonciateur d'une ardeur renaissante.

Dans les bras nus et dégingandés
De nos illustres ombrages,
On jacasse tapageusement et sans ambages,
A qui mieux-mieux, de son arrivée.










La bise, tiédie par un rayon bienfaiteur,
Courbe l'échine, se fait moins vaillante.
Elle sait son temps compté, l'arrogante !
De laisser sa place, voici venue l'heure.

L'hiver traîne les pieds et se débarrasse
A contre cœur de son manteau d'hermine.
Artiste-peintre accompli, dame nature fulmine,
Balance sur sa toile quelques tâches vivaces.






Du blanc, au détour des jardins et des bois,
Du jaune, sur ma prairie encore endormie,
Où s'agite bruyamment l'imperturbable ennemi
De mon matou, beau merle moqueur et sournois.

En harmonie avec ce tohubohu retentissant,
Je sens fébrilement naître en moi un air de fête.
Mon sang, sans bouillir, fourmille dans ma tête,
M'assure, de son Éminence le Printemps, l'avènement.







C. Bailly
Tous droits réservés
03/03/2010
Photos: Christian Bailly

vendredi 24 février 2017

À la P'tite Rose…de mon jardin



L'aube, délicatement, se pose,
Et toi, sagement, ma petite rose,
Pour moi, tu t'es éclose.
De te cueillir, cependant, je n'ose.

Vers ta robe de satin,
Je tends ma main,
Sans faire le malin,
Pour unir ainsi nos destins.

Je n'ai d'yeux que pour ta beauté,
À l'instant, me voici ton vaillant chevalier,
À la vie à la mort, pour te protéger,
De ton âme, je serai le bouclier.










Rose, ma p'tite rose, c'est toi que j'aime.
De ma destinée, tu es déjà la reine.
Mon cœur sent déjà tes chaînes.

Pour toi, je m'ouvrirais les veines.


Point de mauvaise destinée à tes pieds !
Et si toutefois, elle ose s'y aventurer,
Je serais là pour la repousser.
Son audace, par moi, sera brisée !









À peine née…
…Et déjà tant aimée ! 

Rose, ma p'tite rose,
Dans mon écrin
Rouge carmin,
Mon amour pour toi n'aura pas de fin.


À Anaïs.























Christian Bailly
Tous droits réservés
Photos: Christian Bailly


mercredi 22 février 2017

Mère



Au premier cri de notre frêle existence,
C'est une cascade de baisers qu'elle déverse
Sur notre front et dans notre cœur.
Elle  arrose, dès lors, d'une pluie de tendresse
L'insouciance de notre enfance.
Les rayons de son ardeur maternelle
Calment nos douleurs et apaisent nos peurs
Sèchent nos larmes, et cicatrisent nos peines.
Telle une ombre, elle nous suit pas à pas,
Pour chacun de nos faits, de nos gestes,
De ses torrents de recommandations,
Elle fracasse nos obstinations.
De ces orages, de ces tempêtes,
Elle maitrise nos juvéniles impulsions.
Tel un rayon de lune, blême de fatigue,
Elle veille sur nos rêves d'adolescents
Et nos hantises d'adulte naissant.
Ses vœux pour nous, dorés et abondants,
Comme les blés, sont auréolés d'autant
De coquelicots que de gouttes de sang…
De celles qui abreuvent pour nous son cœur,
Qui pleure et saigne à nos moindres souffrances.
Tel un long fleuve tranquille,
Elle inonde notre vie de son amour.
Quand vient enfin pour elle l'instant
Du repos, des cheveux blancs,
De nos promesses, il est temps
De lui servir les fruits gorgés
De notre amour et de notre reconnaissance,
De la veiller, de préserver ses ultimes années,
Et sur elle de déverser une cascade de félicité.

A ma fille Alexandra
…et à toutes les Mamans




Christian Bailly
Tous droits réservés
02/06/2009

mardi 21 février 2017

Ces mots que l'on ne dit pas…

Photo par Alexandra Bailly



Ces mots que l'on ne dit pas…
Mais que l'on pense tout bas…
Qui résonnent dans nos pensées,
Mais que l'on n'ose prononcer…
Qui font chavirer nos cœurs
Et nous mettent en chaleur…
Que l'on retient au bout des lèvres
Et qui nous donnent la fièvre…
Ces mots qui avivent notre ardeur
Et que l'on tait par pudeur.
Ces mots bien trop galvaudés
Usés d'être communément usités
Mais qui font le bonheur
Et de l'Amour ont la saveur…
Simples comme bonjour,
Ils nous valent bien des détours
Pour avouer  tout simplement
La grandeur de nos sentiments.
Parait-il, le silence est d'or
Mais ces mots la sont un trésor
Et pour soi de les garder
Est d'une parfaite impiété…
Et pourtant…pourtant…
Oserais-je ?
Oserais-je les prononcer
Ces mots qui font de moi un baladin
Affolé d'avoir à chanter son quatrain ?

Photo  par Christian BAILLY


Christian Bailly
Tous droits réservés



dimanche 19 février 2017

Message d'amour



Musée d'Orsay

À l'Amour interdit,
À celui qui défie
Les lois de la vie,
Il faut de la grandeur d'esprit,

Pour bafouer les préjugés,
Vaincre les levées de boucliers,
Abattre les idées retranchées.
Le duel reste d'actualité.

De la difficulté d'être,
Ou de ne point paraître,
Il faut passer maître,
Ou dans l'anonymat disparaître.

Pour ce noble sentiment,
Pourquoi tant de ressentiment,
Quand l'amour inconditionnellement,
Devrait être le gouvernement,

Pour que l'homme, sans acrimonie,
Vive en auguste harmonie,
Chante en homophonie
De la tolérance, l'hégémonie.



Jardins du Château de Versailles -
Castor et Pollux. Antoine Coysevox. 1712




Je ne veux point, ici, combattre,
Mais seulement débattre,
Sans cependant me rabattre,
De ce que je suis, m'ébattre.

Si l'homme pouvait changer de visage,
Seulement devenir plus sage,
Pour lui, je n'aurais qu'un message
Dont j'ai fait l'apprentissage.







J'ai de l'amour pour ceux qui m'aiment,
Des baisers pour ceux qui me haïssent,
Et des rêves pour mes amis.

Jardins du Château de Versailles Par Armand Lefèvre. 1684  (Détail)

Christian Bailly
Tous droits réservés
25/01/2010
Photos Christian Bailly 













samedi 18 février 2017

Page blanche



Devant moi alanguie, tu t'étales,
Sage et pure comme une vierge.
À la vue de ta blancheur australe,
L'émotion, subitement, me submerge.

Sous peu, je le sais, je vais te salir
De mes inavouables pensées,
Laisser mon impulsif désir d'écrire,
Sur toi se répandre, s'exprimer.

Rose épanouie...Passion


Oh ! Ne sois pas apeurée,
Je vais prendre mon temps.
Je ne vais pas te brusquer, ni te violer,
 Mais me libérer seulement,

Le temps de te mettre en place,
Et moi-même en position,

Entre nous de briser la glace
De me mettre en condition.


Coquelicot...ardeur fragile


Laisse-moi affûter mes instruments,
Caresser ton grain, ton lissé immaculé,
Prendre ce qu'il me faudra de temps,
Pour de mes mots de poète te parer.

Ici, je vais faire de toi ma maîtresse
Pour quelques minutes, une heure, un jour,

Mais je ne peux te faire la promesse
De mon exultation pour toujours. 

Réflexion...


Je l'avoue, tu n'es pas la première,
Désolé de le déclarer si brutalement.
Tu ne seras pas non plus la dernière,
Mais ne désespère pas promptement.

Je vais te faire les honneurs
De mes plus indiscrètes pensées,
De mes épanchements de seigneur,
Te noircir de mes sombres idées.

Rose en hiver...


Mais aussi te faire danser, pleurer,
Te faire vibrer, te faire languir,
Partager avec toi mon ardeur à composer,
Et aussi de quoi te faire rougir.


Il y a peu de chance que d'un seul jet,
Je fasse de toi l'œuvre d'un troubadour.
Ne te méprends pas cependant sur le sujet.
Un jour ou l'autre, tu rejoindras ma cour.

Jardins du Château de Versailles

Pour sûr, je reviendrai libertiner,
Te remanier, te perfectionner,
Au pire, te reconditionner,
Finir de te besogner.


Quand parfaite à mon goût,
Tu mériteras ton titre,
Je partagerai tes atouts,
Tu auras voix au chapitre.

Château de Versailles 


Pour moi, alors, tu iras charmer
Proclamer en chœur
Mes passions, mes émotions démesurées
À mes fidèles lecteurs

Château de Versailles 


Christian Bailly
Tous droits réservés
18/01/2010

vendredi 17 février 2017

Renoncement




Parfois, me vient l'envie de rendre les armes,

De me noyer dans les abysses de mon âme,

D'abaisser les cartes, de baisser le masque,

De mon existence mettre fin à ses frasques,


Pour ne plus rôder telle une ombre vagabonde,

Parmi les survivants de cette hécatombe.

J'en brigue sans délai l'avant-première,

Pour ne plus errer entre tristesses et chimères,


Ne plus m'empoisonner de mes obsessions,

Trouver l'ultime chemin de mon évasion,

Ne plus me shooter de mes espoirs vains,

Être au moins, de ma fin, enfin le souverain.


Je veux sans crainte me laisser aller,

À la mort, céder ma chair dépouillée,

Au bord du chemin, mon âme, l'abandonner,

Des faix de ma vie, me débarrasser.


Plus rien ne comble mon désarroi,

Pas même l'amour, ni les tendres émois.

Ma vie est un échec, une illusion,

Dont je suis à bout de provision.


La gueuse guette mes moindres faux-pas,

De mon premier souffle à mon trépas.

Me harcèle sans répit, avec pugnacité.

Son arsenal a raison de mes velléités.


Cette chieuse a fait ma perte avant même

Que je n'aperçoive l'astre suprême.

Je ne partage avec elle que le fait d'être bâtard.

Sans état d'âme, elle fait de moi son bagnard.


De ma destinée, elle a vendu l'âme,

Sans cesse de mon bonheur, elle m'affame.

Elle me dessert pour mieux m'asservir,

Et de mes turpitudes mieux s'assouvir.


Un jour viendra cependant

Où je serai plus accommodant,

J'accepterai alors son dernier tango,

Et lui laisserai comme agios…

...Mes os !


C. BAILLY

Tous droits réservés
22/10/2009

mercredi 15 février 2017

Attente automnale

Forêt de Fontainebleau

Avant que ne trépasse la palette de l'automne,
Je savoure les derniers éclats monotones
De la nature, avant son hivernal endormissement.
Aux quelques flamboiements résistants,
Il ne restera bientôt plus, que la grisaille
De la morne saison qui déjà me tenaille,
Envahissante,
Saisissante.
En attendant, une fois de plus, qu'elle enfante
Des mille espérances du printemps,
J'assiste, impuissant,
À ses interminables funérailles.
Je compte, feuille à feuille,
Le temps qui s'égraine lentement.


Étang de Varennes sur Seine (Seine et Marne)

Je me laisse aller à son engourdissement,
Dans l'allégeance,
Sans résistance,
Osant espérer en la résurrection promise,
Où toutes les folies seront permises.
Mais déjà, je me gèle ; l'hiver me pétrifie,
Me couvre de noir et de gris.
Je m'endors sous son blanc manteau.
Comme les autres, je courbe le dos.
J'attendrai le temps qu'il faut
À la délivrance,
À la renaissance,
Pour faire de moi, un enfant,
Toujours aussi étonné par le miracle du printemps.


Pommier en fleurs 


Christian Bailly
Tous droits réservés
14/01/2010
Photos Christian Bailly 

lundi 13 février 2017

Les bourgeoises



Peintures d'Arièle Louise-Alexandrine 


Elles causent, elles causent, les bourgeoises…
Parées de leurs fantaisies, drapées de leurs richesses,
Au cocktail, elles pavoisent.
Tout à leur causerie superficielle, à leurs petits potins,
Elles s'apprivoisent.
Elles se félicitent, l'une de sa robe à falbala framboise,
L'autre, de ses cailloux en turquoise,
La dernière, de son escapade coquine genevoise.


Elles causent, elles causent, les bourgeoises…
Entre elles, point de conversation grivoise,
Encore moins de recette de salade niçoise,
Mais plutôt sur leurs rivales en beauté
À gorge déployée, elles dégoisent,
Avec de grands sourires qui ne cachent point
Leurs arrière-pensées narquoises.
Et si l'une de ces pures beautés tant enviées,
Côtoie de trop prêt leurs maris inspirés,
Aussitôt de leurs yeux revolver, elles la toisent,
Et ensemble, mettent un terme à leur parlotte courtoise !


Elles causent, elles causent, les bourgeoises…
Parées de leurs fantaisies, drapées de leurs richesses,
Au cocktail, elles pavoisent…


Christian BAILLY
Tous droits réservés