vendredi 19 janvier 2024

Desideratum


François-Xavier Fabre - La mort d'Abel


Mon Amour,

Quand je serai raide et que je serai froid,

Que ce monde ne sera plus fait pour moi,

Point de caisse luxueuse !

Point de messe baveuse !

 

Si j'en ai encore,

Seulement des mots d'amis,

Ils berceront mon esprit,

Sans réchauffer mon corps !

 

Mon Amour,

Pas de couronne ni de fleur,

Sur moi posées,

Pas de pierre pour reposer…

Seulement ton cœur !

 

Emmène-moi en chantant !

Point de chaudes larmes

Versées pour mon âme.

Emmène-moi en dansant !

 

Mon Amour,

Que dans les flammes,

Mon corps une dernière fois

Se réchauffe pour toi,

Que mon esprit rebelle rende les armes !

 

Si de moi, quelques restes persistent, grâce !

Point d'urne ni de boite,

La nature n'est pas si étroite

Pour refuser d'un homme son ultime trace !

 

Mon Amour,

Ne compte pas me retrouver au paradis.

Et le purgatoire, c'était déjà sur terre…

Alors cherche-moi tout au mieux en enfer,

Mais plus sûr, dans le vent, affranchi de la vie

 

Oui dans le vent…

Enfin libre!

du net 










Christian Bailly

Tous droits réservé

19/05/2009

mercredi 17 janvier 2024

Les tribulations d’une Endive




Il était une fois une Endive, vierge,

Plus blanche qu'une oie blanche.

Élancée vers le ciel, tel un cierge,

Légèrement ronde sur les hanches.




Après des jours d'attente, d'ennui,

Loin des rayons solaires scélérats,

Là où les jours sont des nuits,

Elle avait d'une endive tout l'éclat.



Elle était belle avec ses rondeurs,

Enfin, elle était devenue adulte.

Elle avait grandi avec ses sœurs.

Quitter cette cave était leur seul but.





Elles étaient parties en voyage,

À Sète, loin de leur grand Nord,

Pour se retrouver sur un étalage,

Où elles étaient arrivées à bon port.




Là, une main hardie, en douceur,

S'empara d'elle avec appétence.

Sur le coup, elle eut un haut de cœur,

D'un malheur, elle eut la prescience.




Même si au frais, il prit soin d'elle,

Un soir, la voici saisie et douchée,

Pour la faire encore plus belle,

Sans se soucier de la voir effarouchée.



Puis, il la condamna à la question,

Un moment, dans un bain de vapeur,

Il l'enveloppa d'une robe de jambon,

Dans un plat, elle retrouva ses sœurs.




Là, on les apprêta d'un voile blanc...

Comme pour une communion,

D'un mariage, ça avait le semblant.

Aux secours ! Il n’en était pas question !




Aux secours ! Aux secours !

Serions-nous chez des sauvages ?

Trop tard, elle se retrouva au four

Puis dévorée par le poète endivophage…




Ainsi se terminèrent les tribulations

De cette virginale et innocente endive

Qui voulait de la vie connaître la passion

Sans savoir des hommes les dérives…




“On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple,

à la manière dont il traite ses endives”**


à Bernard, Grand Maître de l'endive au jambon

Christian Bailly
Tous droits réservés
17/01/2024

** Citation de Gandhi détournée

“On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple,

à la manière dont il traite ses animaux” – Gandhi

vendredi 12 janvier 2024

Dans le noir

 

Denis Jacques

Dans le noir de mes nuits blanches…

Parfois, je me surprends à songer

À ce bonheur que tu me fais goûter,

À ce que j'aurais pu ne pas connaître,

Et que je vis pourtant de tout mon être.

Quand ton regard parle à mon âme,

Tout en moi, haut et fort, te réclame.


Denis Jacques

Dans le noir de mes nuits blanches…

J'entends la clameur de ton cœur,

En silence, dans l'obscurité, je pleure

Sur ce que j'aurais pu ne pas vivre.

Comment ai-je pu jusque-là survivre ?

Tes silences en disent bien plus long

Que mes éternels discours de bouffon,

Mais mon cœur transi est ainsi fait,

Taire ses émotions pour toi, il ne sait.


Deni Ponty  - Homme nu endormi



Dans le noir de mes nuits blanches…

Tes caresses sont des rayons de soleil,

Dans mon âme, ils font des merveilles.

Comme la rose de Ronsard dans le jardin, 

Ils parent de sensualité mon destin.

Nos corps brûlants parlent à nos chairs,

Échangent leurs particules élémentaires.

En toi, je voudrais me fondre, disparaître.

En toi, je voudrais mourir et renaître.


Lyubomir Naydenov - Nu endormi


Dans le noir de mes nuits blanches…

Mon âme se donne à ton âme pour la vie,

Sans regret, la mémoire du passé, l'abolit.

Dans les ténèbres, nos cœurs, à l'unisson,

Se nourrissent de notre mutuelle passion.

De tes Je t'aime, j'enjolive le silence

De la nuit qui tire lentement sa révérence.

Comme un seul, nos souffles se mêlent

Bienheureux, vers le sommeil, je chancelle.


Peinture du dimanche matin - Mats Erikson


Dans le noir de mes nuits blanches…

Alors je m'endors comblé de bonheur.


Roberto Ferri


Christian Bailly 
Tous droits réservés
05/03/2015

samedi 6 janvier 2024

Ô Toi

 



Ô Toi, Aube cruelle, tu me sors de mes songes,

Pour ouvrir la porte aux regrets qui me rongent.

Sur moi, l'obsession de ce que je suis en vérité,

Dépose le voile noir et pesant de mon autodafé.


Aube - Miki de Goodaboom


Ô Toi, Jour interminable, tu prolonges mon supplice,

Sous tes projecteurs, les preuves de mon préjudice.

Aux images de beaux mâles aux derrières rebondis,

Mon esprit s'affole, me soudoie, malgré les interdits.


Caïn et Abel - Alexandre Levich


Ô Toi, Crépuscule, avec toi, arrive sournoise rébellion,

Elle annonce de mon entendement les tourbillons.

De ton clair-obscur, elle s'accommode, ma faiblesse,

Pour que je transgresse mes odieuses promesses.


Etang au crépuscule - Jacques -Barthélémy Appian dit Adolph Appian


Ô Toi, Nuit furtive, tu ensorcelles mes sens exacerbés,

Tu déposes, sur mon corps humilié, mes désirs mortifiés.

Dans tes profondeurs, ma noirceur hante mon âme,

Pour que sur-le-champ, à la dérobée, je me damne.



Tableau Homme dans la nuit - Maria Karalyos



Ô Toi, Nuit profonde et muette comme une tombe,

À tes viriles ombres, avec remords, je succombe.

En ton sein charitable, j'apaise mes indignes envies,

Sous le pâle sunlight d'une lune à toi asservie.


In a dream   du net.



Ô Toi, Nuit secrète, je te confie mes défaillances,

Quand je voudrais me démettre de mon allégeance.

Mes dépravations me mortifient avec obstination,

À ma naissance illégitime et maudite, ma dénégation.


James Childs


Ô Toi, Nuit, emporte-moi, au loin, dans ton néant,

Loin de mes turpitudes, loin de ce pesant présent.

Dans ta noirceur, je veux me fondre, disparaître,

Ne plus servir mes singuliers penchants, ne plus être.


Ecole de Nicolas Régnier -Saint Sébastien -XVIIe siècle

Christian Bailly

Tous droits réservés

19/06/2014

vendredi 5 janvier 2024

Saga


 

du net 

Doucement, je me pose sur son coussin d'amour

Là où pour moi, s'éveille et fleurit son désir,

Là où elle cache les secrets qui feront notre plaisir.

J'embrasse ce champ de mes tendres labours.


Bientôt...

Là, je sèmerai l’infinitésimal extrait de moi-même,

En perles opalescentes riches de ma flamme,

Là, dans la terre féconde de son corps de femme,

Germera ce qui sera de notre amour, l'emblème.



Saison après saison, patient, j'attendrai la venue

De cette petite fleur des champs ; elle embaumera

Le jardin de nos vies, où impatiente, elle grandira.



Jusqu'au jour, où un galant viendra pour la cueillir.

Doucement, il se posera sur son coussin d'amour,

Pour que se poursuive notre saga pour toujours.
  

à mes filles et à leur maman

Christian Bailly

Tous droits réservés

01/01/2024