jeudi 28 mai 2020

J’aime les mots


Version audio


Photo Christian Bailly
Sète -Maco (Musée à Ciel Ouvert)

J’aime les mots.
Je joue avec…
Avec leur son,
Sur plusieurs tons,
Avec leur âme,
Quand je me damne,
Avec mes tripes,
Quand ils m’étripent
Même si parfois…
Ils violentent vos pensées,
Vous font vous cabrer,
Choquent vos esprits,
Suscitent votre mépris,
Brisent vos cœurs,
Attisent vos rancœurs...

Photo C. Bailly - Musée Fabre  - Montpellier
La colère d'Achille, F.L. BENOUVILLE


Même si parfois…
Ils me renversent
Et vous, vous bouleversent.
Je m’y abreuve
Pour qu’ils vous émeuvent,
Vous dérangent,
Hé ! Je ne suis pas un ange !

Photo Christian Bailly
Musée Fabre - Montpellier
 Cabanel Alexandre -L'ange déchu 


De mes révoltes,
Je les récolte.
Ceux de mes amours
Je les savoure.
Ceux de mes états d’âme,
En ont la flamme.
Ceux de mes délires,
Me soutirent des soupirs

Photo Christian Bailly
Sète -Maco (Musée à Ciel Ouvert) 
D'après  Le Sac de Rome en 410 par les Barbares
par Joseph - Noël Sylvestre - Visible au Musée Paul Valéry


Les mots sont aussi les amis intimes
De mes amours illégitimes,
Langoureux et savoureux,
Pour certains honteux
Voir scandaleux.
Hé ! Parbleu !
On est ce que l'on peut !

Photo Christian Bailly
Sète -Maco (Musée à Ciel Ouvert) 


Ils peuvent ne pas être sages,
Avoir la rage,
Être vulgaires,
Ou pervers… Mes vers…
Être impudents,
Même indécents.
Dans le charivari,
De leur furie
Ils naissent scabreux,
Immoraux, ou séditieux
Mais ils vivent…
Ils vivent ma vie d’homme…
Avec ses faiblesses
Ses délicatesses
Ses misères
Et ses colères
Ses bonheurs
Et ses malheurs
Ses errances
Et ses espérances…

Photo Christian Bailly
Musée Fabre - Montpellier
 Michel Ernest - Argus endormi par Mercure


Ils vivent ma vie d’homme…
Et la vivront jusqu'à mon dernier soupir
Jusqu’à ce que j’expire
Le dernier d’entre eux…

Photo Christian Bailly
Musée Fabre - Montpellier
 Boulanger Louis - Mazeppa


Christian Bailly
Tous droits réservés
27/05/2020

jeudi 21 mai 2020

Déconfinement

Première promenade en déconfinement le 12 mai, 
dans le Massif de la Gardiole...





Un vrai ravissement pour un amoureux de la nature comme moi 
Une renaissance...


Dommage, le temps n'était pas très clair, 

Mais les odeurs étaient là
Pour nous faire oublier toutes ces semaines 
Passées en confinement, 
Loin des herbes folles,
Des chênes verts ou chêne faux houx,
Des pins d'Alep,
Celle du thym sauvage en fleurs, 

Celle du romarin chauffé par un petit rayon de soleil furtif, 


Celle du fenouil élancé vers les cieux... 


Ou encore la sauge... 


Toutes les petites fleurs sauvages m'interpellaient : 
"Je suis là ! Je suis là" , 
La gueule-de-loup Sauvage flamboyante,


Le pavot, cousin du coquelicot,




Le chardon, qui s'y frotte, s'y pique, 



L'iris sauvage, délicat,



Les genets, en brassées lumineuses,


La timide fleur d'ail, 



Le panais et sa fleur aérienne,



L'hélianthèmes radieuse, rasant le sol rocailleux,


Le chèvrefeuille timide mais odorant,


Et bien d'autres méconnues pour moi... 


Cétait sans compter celles qui étaient décues 
D'avoir manqué ce rendez-vous trop tardif pour elles... 
Que c'était bon de voir ce tapis de verdure 

Déchiré par endroits par des vestiges du Jurassique 







Et plus loin encore, de ce belvédère
Voir la Grande Bleue,


Et l'horizon lointain même brumeux...


Que c'était bon de cheminer sans compter nos pas 




Et de voir se dérouler sous nos pieds
Ces sentiers oubliés par les randonneurs 
Pendant plusieurs semaines...

Bien sûr que nous y reviendrons
Pour revoir l'Abbaye Saint-Félix de Montceau
Et vous la faire découvrir...

Texte et photos (Massif de la Guardiole) Christian Bailly
Tous droits réservés 
20/05/2020

lundi 11 mai 2020

Promenade au Mont Saint Clair


Quelques jours avant le Grand Confinement, nous sommes allés faire un tour pour prendre l’air. 


Nos pas nous emportaient vers le Mont St Clair pour y associer un peu d’exercice. 


Nous étions loin de nous imaginer que ce serait la dernière avant un moment.
Nous étions dans l'ignorance de ce qui nous attendait réellement, même si à la vue de ce qui se passait en Chine nous portait à croire que la condamnation ne tarderait pas à tomber.


   


Une petite brise printanière nous accompagnait tout le long de notre grimpette comme pour nous faire sentir, une derrière fois, les bienfaits de la liberté d’aller et venir.

À partir de chez nous nous avons rejoint le Lycée Paul Valéry, puis la rue de Belfort déjà assez raide, enfin nous entamions le chemin de Biscan Pas, que déjà nos mollets se faisaient durs.







Pendant les petites poses, on se régalait de voir la ville s’étaler sous nos yeux.





Le souffle court, après 25 min, au départ de chez nous, nous étions au pied de la grande croix du Mt St Clair, 



avec une belle vue plongeante sur l’étang de Thau, la ville, le port et la Grande Bleue.



De ce haut lieu touristique de Sète, il me semble que jamais je ne me lasserai de cette vue.




Comme à chaque fois, je me disais la chance que j’ai d’habiter cette ville qui a su me séduire dès ma première visite.





Puis nous avons repris notre promenade en direction de Pierres Blanches. 


Là, à l’entrée, nous avons suivi le sentier sur la droite pour profiter des belles vues qui s’offraient à nous…

Entre les arbres, nous avons pu apercevoir le quartier l’île de Thau…
Et l’étang avec au loin ses légions de parcs à huîtres qui semblent de loin assiéger la ville… 









En continuant nous sommes arrivé à l’extrémité des Pierres Blanches, d’où nous avons pu admirer le cordon du Lido, 





À sa droite, l’étang et les anciens salins miroitaient au soleil et à sa gauche la Méditerranée…






Au premier plan du Lido, une partie du quartier des Quilles.






Sur le Lido, une ligne verte, le vignoble du Listel où germe déjà le cru 2020, la ligne de chemin de fer, la route de Marseillan, la voie cyclable, les dunes et enfin la plage où s’alanguit la grande bleue qu’il me tarde de retrouver.

Un voile de brume enveloppait le paysage, comme pour déjà limiter notre regard.





En sortant des sentiers battus, j’ai pu découvrir quelques espèces végétales et certaines ont attiré mon attention.

Des iris nains, jaune et parmes, 






des magnifiques Orchis géants, 






de beaux chardons encore bien verts que le soleil ne tardera pas à griller, 





ces magnifiques pins qui moutonnent sur tout le mont St Clair 




et les cyprès élancés vers l’azur comme des cierges pérennes.




J’étais loin de penser alors que tout ce que j’admirais ce jour-là, j’en serais privé pour des semaines, ou du moins, je n’osais pas me faire cette idée…

Pour allonger notre promenade nous sommes redescendu par le Chemin de la Pipe, pour rejoindre l’avenue du Tennis puis la Promenade Marchal Leclerc, dite la Corniche pour les Sétois… 




Sans le savoir, je me suis régalé une dernière fois de voir la Grande Bleue. 

Je promenais mon regard toujours aussi admiratif, comme si je devais la quitter pour un moment. 

Elle berça mon cœur d’une nostalgie indéfinissable qui ne me quitte plus depuis.







Au loin, les travailleurs de la mer s’affairaient sur les chaluts et gâtaient les gabians qui tournoyaient, se chamaillait et raillaient de plus belle.





Le port s’agitait déjà avec les premiers arrivants et là aussi les gabians, les aigrettes et les cormorans noirs joutaient pour une sardine abîmée ou une lisette invendable.








Comme à chaque fois, j’aurais pu rester des heures à regarder ce monde de marins arrivés à bon port, que semblait surveiller de toute sa hauteur, comme une sentinelle, le Phare St Louis.




Nous ne semblions pas vouloir mettre fin à cette promenade, nous avons longé le grand bassin. Les thoniers préparaient tout doucement leur nouvelle saison sans savoir qu’elle serait bientôt compromise.




Nous avons continué notre chemin le long du Cadre Royal , veillé par le Jouteur puis salué, Clara, Margot et Jeanne avant de rejoindre nos pénates qui deviendraient bientôt notre geôle, notre refuge, la seule protection qu’il nous reste face à une des premières calamités du 21ème siècle.




Depuis cette dernière promenade, le cœur de la ville, bat au ralenti, tellement au ralenti que parfois, j’ai la sensation d’entendre le mien battre pour elle, pour mes proches et mes amis














Texte et photos (Sète) Christian Bailly 
Tous droits réservés
20/04/2020