jeudi 27 juillet 2017

Natacha


Au coin de la rue, tu étais là,
Rue Lepic, tout en bas
Georgy Kurasov
Présente et transparente.
Que tu sois là ou absente
Personne ne semblait le remarquer
À part moi et tes habitués.
D'un blond cendré, sans maquillage
Extravagant comme le veut l'usage
Sans tenue outrageante,
Ni pose provocante,
Ton corsage légèrement ouvert,
Été comme hiver
Laissait entrevoir la naissance
De tes seins, sans indécence,
Savamment cachés
Mais discrètement avantagés.
Ta jupe courte, mais pas trop
Aguichais les matelots
Et laissait apprécier
Tes longues jambes fuselées.






Georgy Kurasov

Au mur, adossée, tu fumais une blonde
Et mesurais le temps au nombre
De mégots abandonnés à tes pieds
De talons aiguille chaussés.
Pour moi, tu n'étais pas Carla
Ni Lisa, mais Natacha
Tu m'inspirais les terres de l'Oural
De la Russie, les images picturales
Les troïkas, les violons et les balalaïkas.
Ah ! Natacha que faisais-tu là?
Je le savais, mais me taisais.
L'envie de t'aborder me démangeait
Autant d'ailleurs que mon adolescence
Qui attisait mes sens en effervescence
Inspiré par d'autres rivages inconnus
Par des amours inavouables
Des amours coupables
Un jour viendrait…. Peut-être…








Georgy Kurasov


Ce jour, pourtant, n'est pas venu.
Du moins avant, que tu n'aies disparu. 
Laissant dans ma mémoire
L'icône d'une princesse  du trottoir,
Le souvenir d'un fruit défendu
Dans lequel je n'aurai jamais mordu.















Georgy Kurasov



Aujourd'hui encore, s'il me vient à passer
À la croisée de mes jeunes années,
Au bas de la rue Lepic
Je cherche du regard ta frimousse angélique.
Je repense alors à cette époque de ma vie,
Où à l'écoute de mes envies
Torturé par mes étranges désirs,
J'attendais secrètement de goûter ce plaisir,
Que je ne découvrirai jamais dans tes draps.
Comme je t'enviais alors d'être dans les bras
De tous ces jeunes et vigoureux marins,
Moi qui attendais l'amour au masculin.
Ah ! Natacha ! Si tu savais
Ce que la vie me réservait…








Christian Bailly
Tous droits réservés
20/10/2009

mercredi 26 juillet 2017

Pensées d'athée


Photo Christian Bailly
La Mezquita - Cordoue






Une pensée respectueuse pour ce prêtre sacrifié*
Sur l'autel d'un Dieu qui semble nous oublier,
Mais une raison, pour moi, de camper sur ma position.
Je suis athée ! Ma conscience est ma seule religion
Et je peux vous dire, je ne me fais pas de concession,
Personnellement,  pas de pardon dans la confession.








Bartolomeo Guidobono






Certes, je me retrouve seul face à mes souffrances,
Mais quelle victoire sur moi-même, pour ma vaillance.
La vie a été pour moi mon chemin de croix,
Et même si je dois mourir un jour dans le désarroi,
Pas question, pour moi, de faire allégeance,
À celui que personne n'a jamais pu apercevoir.














Mon église, c'est la nature et le toit du monde,
Là, dans mes pensées poétiques, je vagabonde,
Là, je me pose, et je regarde mon âme d'humain,
Là, je cherche de mon destin, le bon chemin,
Là, je questionne sans concession mon cœur,
Là, j'oublie mes peines et toutes mes rancœurs

Photo Christian Bailly -
Forêt de Fontainebleau en automne








Scènes de l'inquisition en Espagne -
Ferrier Gabriel Joseph Marie Augustin










Là, en simple mortel, je regarde en face ma réalité,
Là, je m'interroge sur ce que serait l'humanité
Sans religions, sources de bien des guerres ;
Elles font bien souvent un enfer de notre terre.
Combien de martyres, de victimes en leurs noms ?
Combien de crimes perpétués et d'abominations ?












Quand viendra mon heure pour quitter le navire,
Que la faucheuse, sur moi, viendra s'assouvir,
Si toutefois, je me suis fourvoyé, point de regret ;
J'aurais vécu ma vie d'homme dans le concret.
À mes funérailles, pas de messe, pas d'oraison
Mais une pensée dans le cœur de mes compagnons
De route sur cette terre
Où nous ne sommes qu'éphémères.


Adolphe William Bouguereau

* Une pensée respectueuse pour  le prêtre auxiliaire de la paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray, Jacques Hamel, 86 ans,  tué et frappé à l’arme blanche par le terrorisme et l'obscurantisme le 26 Juillet 2016.




Christian Bailly
Tous droits réservés
26/07/2017

mardi 25 juillet 2017

une vie


Dorian Florez


Un jour d'été, ou un jour d'hiver,
Sans crier gare, te voilà sur terre.
Sans savoir vraiment pourquoi,
La vie s'offre à toi !

Te voilà, nu comme un ver,
Devant père et mère, fiers
De leur progéniture,
De ce cadeau de la nature.


Arthur Sarnoff









Sourires et pleurs,
Rythment alors tes heures,
En autant de biberons que de couches,
Tu découvres le monde avec ta bouche.














Inspired by  Jim Daly









Tu grandis comme la mauvaise herbe,
Te voilà déjà à l'école qui t'exacerbe.
Maternelle… Primaire… Secondaire…
Et à la fin, tout çà pour quoi faire ?















Mais la vie ne s'apprend pas vraiment,
Elle se vit bon an mal an !
Un jour sirop, un jour ammoniac,
Souvent, on se prend des claques !




Meredith O’Neal







Puis vient la saison des amours…
Des engagements pour toujours…
On partage son destin, son lit,
En se disant, c'est pour la vie.
















Gustav Klimt 






Un jour d'été, ou un jour d'hiver,
Sans crier gare, le voilà sur terre,
Sans savoir vraiment pourquoi,
Sa vie s'offre à toi !

Le voilà, nu comme un verre,
Devant toi, tu en es fier
De ta progéniture,
De ce cadeau de la nature !









Bernard Buffet






Métro, boulot, dodo,
La vie apporte ses fardeaux.
Les années nous échappent.
La vie fallacieuse nous happe,








Steve Huston







Nous gratifie de coups de pied au cul,
Un jour, on avance, un jour, on recule.
On tombe parfois, et on se relève,
Un jour, un cauchemar, un jour, un rêve.










Vieillard nu au soleil - Marià Fortuny









On espère, on désespère...
La vie nous exaspère !
On vieillit, c'est la loi de la vie,
Quand d'autres meurent de maladie.






















On avance plus, qu'à petits pas…
Quand le temps lui court à grands pas.
De l'amour, il nous reste la tendresse,
Les souvenirs de nos ivresses…















Ary Scheffer - The Death of Géricault






Dans le silence, les heures passent,
À attendre que la mort nous terrasse
On se dit que la vie était un rêve,
Trop tard ! Un jour, on crève !











Un jour d'été, ou un jour d'hiver,
Sans crier gare, nous voilà en terre.

Coucher de soleil au cimetière




Christian Bailly
Tous droits réservés
08/10/2012