samedi 13 décembre 2025

Jour de neige






En plein hiver, par les petits matins givrés,

Alors que nous prenions le chemin de l'école,

La goutte au nez, les galoches aux pieds,

Le cœur léger de notre jeunesse et l'âme frivole.


Le verglas dégueulait de chaque maison.

De la rue, il nappait généreusement les caniveaux.

Pour nous, de longues glissades, c'était l'occasion.

En attendant l'arrivée de la neige et son manteau.


Si le ciel était bas et chargé, c'était prometteur.

Il annonçait la neige, c'était la bonne aubaine.

Aussi, allions-nous à l'école, de très bon cœur,

Pour peu que c'était le milieu de la semaine.


L'impatience se lisait sur nos têtes de gamins,

Et quand les tout premiers flocons tombaient,

Nous pensions déjà à prendre le chemin

De la colline enneigée qui nous attendrait.


Des chaussettes de laine, des bottes aux pieds,

Au mieux, d'un pantalon de velours un peu élimé,

Et d'un vieux manteau, nous étions emmitouflés ;

Mais pas de tenue de ski dernier cri et stylée !


La neige crissait sous nos pas lestes d'enfant,

Parfois même, elle nous arrivait à mi-mollets.

En chemin, nous ne perdions pas de temps,

Direction la Grande côte, sur le haut des prés.


Alors, commençaient les glissades sans fin. 

Pas de téléski, de télésiège, de remonte-pente,

Le retour, c'était avec nos mollets de gamin,

Pourtant, nous ne comptions pas nos descentes.


C'était à qui descendrait le plus loin, le plus vite,

Les plus hardis passaient sous les barbelés.

Sans en faire état, chacun connaissait ses limites,

Ce n'était que des rires et de la joie partagés.


Mais bientôt, le froid tombait sur notre dos,

Avec la nuit qui se hâtait, pour nous rattraper.

Nous rentrions chez nous, gelés jusqu'aux os,

Le rouge aux joues et toujours la goutte au nez.

Et là…

Et là, des odeurs de crêpes nous attendaient,

Ou des tartines de pains et du chocolat râpé.

Le feu de bois de la cuisinière nous réchauffait.

Dans nos yeux, on pouvait lire notre félicité.


Christian Bailly

Tous droits réservés

13/12/2025

lundi 8 décembre 2025

Mirage

 

À peine nouveau-nés

Et nous voilà, vieillissant,

À ce triste sort, condamnés,

À nous voir déjà, trépassant.

 

Georges de La Tour   Le nouveau-né


Le temps nous dévore,

Arrache chaque seconde

À notre âme, à notre corps,

À notre vie pourtant si féconde.


Peter Paul Rubens - Saturne dévorant un de ses fils


Il dévore nos entrailles,

Bien avant les vers.

Eux, ils finiront le travail.

Et ils nous rendront à la terre.


Le cimetière de Château-Guibert par A.C. Nauleau -

 

De notre humble passage,

À vrai dire, il restera si peu.

Nous sommes un mirage,

Pour l'univers, de la poudre aux yeux.


du net 


Christian Bailly

Tous droits réservés

07/12/2025

vendredi 5 décembre 2025

De mon pas de sage




 

De mon pas de sage, je longe le rivage,

Mon âme soucieuse de rester silencieuse,

À l'écoute du chant des flots envoûtants,

Le regard accroché à l'étendue irisée.



 

Par le soleil d'automne, que la brise chiffonne.

Mon esprit de poète, et sa muse à la fête,

Vagabondent au loin, cherchent avec soin,

Un petit coin de paradis où coucher leur poésie.

 


Une petite île singulière, belle mais pas fière,

Qui fleure bon le soleil, une petite merveille,

Nichée entre deux eaux, avec l'azur pour oripeaux,

Auréolée de lumière, des artistes, la matière.

 


Une terre de pêcheurs et d'exilés d'ailleurs,

Venus chercher l'or de ses radieuses aurores

Et de ses crépuscules, les feux, qu'ils simulent.

Une île devenue l'écrin de leurs humbles destins



 

De mon pas de sage, tout au bout du rivage,

Sans faire plus d'effort, j'arrive enfin à bon port,

Comme un vieux rafiot,  je m'attache à l'anneau.

J'ai affalé la grand-voile pour mieux voir sa toile,

 


Là, jours après jour, je coule mes vieux jours,

Entouré de la poésie de cet éminent paradis,

Avant que je ne sombre, somme toute dans l'ombre

Ou emporté par les flammes, corps et âme.




 

Photos et texte : Christian Bailly
Tous droits réservés
05/12/2025



vendredi 28 novembre 2025

Elle est là, devant lui…

 

Elle est là, devant lui...


Drapée de sa nudité, habillée de lumière,

Tout à le fasciner de sa beauté singulière.

Les lendemains passés tout doucement,

Sur elle, ont déposé les charmes du temps.



Femme nue couchée (Gabrielle) - Auguste Renoir

Elle offre son corps dénudé à l’artiste

Comme aux hommes, elle offre sa chair

Impudique et féline, mais les yeux tristes

De ne connaître de l’amour l’intense éclair.


Jeune Femme Nue Devant un Miroir - Giovanni Bellini

 


Sur son sein, les reflets de la jeunesse

Fleurissent, s'étalent encore avec largesse,

De leur magnificence, il est émerveillé.

De son corps offert, l’artiste est stupéfié.

 

Amoureux transis de sa beauté sans fard,

Ses yeux, sur elle, vagabondent, s'égarent,

Parcourent  les sentiers faits pour les caresses,

Avec délicatesse, sur ses courbes, paressent.


Nu debout  - Lovis Corinth

 


Un voile de soie, sur son cousin d'amour,

Lui montre le chemin vers d'autres atours.

Entre ses cuisses, pudiquement campées,

Les atouts dévoilés d’une félicité assurée.

 

Mais il feint d'ignorer son impérieuse ardeur,

Pour profiter aisément d'autres splendeurs.

Ses yeux, par d'autres courbes, intéressés,

S'attardent poliment sur ses cuisses ciselées,

 

Ils les contournent pour de son fessier rebondi,

Découvrir la joliesse des lignes arrondies.

Deux fossettes, au creux de ses reins, nichées,

Attendent sagement de recueillir des baisers.


Femme nue couchée - V. Van Gogh

 


Sur la toile, s’épanouissent ses désirs d’artiste

De son pinceau exalté, il fait naître la chair

Impudique et féline, il efface ses yeux tristes

Y dépose, de l’amour le plus intense des éclairs

 

Elle est là, le subjugue de sa beauté singulière,

Drapée de sa nudité, dans son habit de lumière.

Vaincue par l’amour, elle dépose les armes,

Il est temps de découvrir de l’amour, les charmes.


Femme nue assise - Amadeo Modigliani


À la tentation, ils ne peuvent plus longtemps résister.

À tant de beauté, l'artiste fini par succomber.


L'atelier du peintre - Gustave Courbet


Christian Bailly

Tous droits réservés

23/11/2021

mardi 25 novembre 2025

L'étranger

Après être allé voir le film réalisé par François Ozon et ce qui me restait en tête de la lecture du livre d'Albert Camus, j'ai ressenti l'étrange besoin d'écrire ce poème. 

Il fallait que je m'en libère... 

Je vous laisse à votre lecture et à vos impressions.




 

Peu m'importe d'aimer,

Peu m'importe d'être aimé.

 

Peu m'importe l'amour,

Peu m'importe la haine.

 

Peu m'importe les hommes,

Peu m'importe le monde.

 

Peu m'importe de vivre,

Peu m'importe de mourir.

 

Peu m'importe la vie,

Puisqu' elle est absurde.

 

Nous devons à la vie, de mourir.

Nous devons à la mort, notre vie.

 

Ce n'est pas l'amour,

Ce n'est pas l'argent,

Ce ne sont pas les hommes,

Ni de croire en Dieu,

Ni de croire en la justice,

Qui donne un sens à la vie,

Puisque la vie n'a pas de sens.

 

du net


L'homme se croit au-dessus de tout.

Mais l'homme n'est rien, en réalité,

Rien qu'une poussière de l'univers,

Une misérable poussière,

Que le temps balaie d'un revers

Qu'il soit puissant ou misérable…

 

Je suis étranger à la vie,

Car elle est irrationnelle.

Nous occupons, en réalité,

Le temps qui nous reste

Avec l'amour ou la haine,

Avec l'argent et le pouvoir,

Avec Dieu et ses chimères,

Pour finir entre quatre planches,

Ou en volutes, dans un ciel gris.

 

L'homme, à peine né

Est déjà coupable,

Est déjà condamné à mort,

Quand la justice des hommes,

Elle, est si médiocre.

 

Je gratte les murs de ma prison.

Un dernier rayon de soleil dans les yeux.

Mon esprit s'envole derrière les barreaux.

 

Ici, je suis l'étranger.

Je quitte la vie sans regret ...

Je suis libre !




Christian Bailly

Tous droits réservés 

01/11/2025 

vendredi 21 novembre 2025

Automnale sétoise

 

Photo de Jean-Marc Fernandez


Entre ciel épuré et mer apaisée,

Bleu profond et bleu azuré,

La silhouette fluette d'un dériveur

Emporte mes rêves de rimailleur.


Photo de Christian Bailly



Dans ses voiles gonflées d'espoir,

Mes désirs de paix illusoires,

C'est sur tes consolants rivages,

Que j'oublie, des hommes, la rage.


Photo de Christian Bailly



La modernité en fait des écervelés,

Inconscients d'un futur prématuré.

Ici, je retrouve ma paix intérieure,

Loin des larmes et des malheurs.



Ils affectent souvent mon cœur.

Cet instant suffit à mon bonheur,

Toi, mon aimé, tu es là, près de moi

À mes côtés sous le même toit.


Photo de Christian Bailly


Dans le miroir de tes grands yeux,

Je vois combien je suis heureux.

De ses rayons bien moins acérés,

Le soleil caresse la fin de journée.



Il nous berce, avec nonchalance,

De ces messages d'insouciance.

Dans le silence, seulement brisé

Par le ressac posé, mais obstiné.


Photo de Christian Bailly


Son chant lancinant et fascinant

Finit par emporter, au couchant,

La morosité de mes pensées,

Évincées par mes espoirs retrouvés.


Photo de Christian Bailly


Sur ce sable mouillé qui nous est cher,

Nous laissons de nos vies éphémères

Les empreintes, sur ses rivages,

Où déjà, le temps efface notre passage.



Alors qu'au loin, 

Tout devient 

Un somptueux décor

Ombre et or...


Photo de Christian Bailly


Christian Bailly

Tous droits réservés

21/11/2025

lundi 17 novembre 2025

Et si…

 



Et si tu n'existais pas,

Dis-moi, pour qui j'existerais,

Pour qui vibrerait mon cœur,

Pour qui mes rêves et mes pensées ?

Tu es là, près de moi,

Comme un rayon de soleil,

À faire la lumière sur ma vie,

Pour que j'en oublie le clair-obscur.



Et si tu n'existais pas,

Je serais une âme en  peine,

À errer dans ce monde en folie,

À chercher, désespéré, un coin de ciel bleu.

Tu es là près de moi,

Comme une hirondelle,

À faire le printemps dans ma tête,

Chaque jour qu’il m'est donné de vivre.



Et si tu n'existais pas,

Pourquoi tant de beauté,

Pour qui les montagnes, les forêts,

Pour qui la mer, le soleil et le sable chaud ?

Tu es là près de moi,

Et cela suffit à ma vie de pèlerin

Heureux de traverser ce monde,

Et de faire le reste de ce voyage avec toi.



Et si tu n'existais pas

Pourquoi le reste existerait,

Pour qui les fleurs s'épanouiraient,

Pour qui les étoiles dans le firmament,

 Tu es là près de moi,

Comme un soldat de l'amour,

À faire la paix dans mon âme,

C’est grâce à toi qu'elle y voit plus clair.





Et si tu n'existais pas,

Dis-moi, pour qui j'existerais,

Pour qui vibrerait mon cœur,

Pour qui mes rêves et mes pensées ?

Tu es là près de moi,

Et mon cœur déborde de joie,

Toi et moi, c’est pour la vie,

Et la poésie, pour faire de notre amour les louanges.



Christian     Bailly

Tous droits réservés

18/08/2021