vendredi 7 novembre 2025

Pudeur


Je tais ces mots qui me font peur,

Je crains de rompre de mes sentiments, le secret,

Et des tiens la pudeur.

En silence, j'observe les preuves qui trahiraient

Ce sentiment auquel je n'ose espérer

Tant il saurait combler mes souhaits.


 


J'attends…

J'attends l'aumône de tes sentiments étouffés.

J'attends les gestes retenus, les mots suspendus.

J'attends de toi un faux pas, de te voir trébucher.

J'attends, l'âme et le cœur résignés,

De voir ce trésor caché dans l'écrin de ton sein

Étalé à mes pieds.


 

J’attends…

J'attends ton mea-culpa, ta rédemption.

J'attends de ta pudeur, qu'elle tombe enfin le voile.

J'attends l'aveu de ta faute par omission.

Oui, j'attends de ton indicible amour,

Qu'il veuille bien apaiser la torture de mon âme,

S'offrir indécemment au grand jour.


 


J’attends…

Faut-il pour mettre fin à cet atermoiement

Que je transperce de ma flèche impudique

Ce cœur chaste et résistant ?

Faut-il que je brise la glace de nos appréhensions

Pour que face-à-face nous regardions

L'inavouable se révéler à nos yeux, notre affection ?


 


D'un faux pas, je n'ose m'aventurer,

De peur de tout perdre,

De perdre l'essence même de ce qui me fait subsister,

L'espérance de vivre par toi aimé !


Christian Bailly

Tous droits réservés

jeudi 6 novembre 2025

La première télévision

 

 Photo Christian Bailly


Comme je me souviens de mon village !

Ce modeste village de mon enfance,

Même si je croyais avoir tourné la page,

Bousculé, que j'étais, par mon existence.



Mais pas du tout, en fait, il en est rien,

Pratiquement, tout me revient par bribes,

Au bout de ma plume de poète, bel et bien,

Pour que j'en devienne, à présent, le scribe.


Thèmes -  Photo Christian Bailly


Je le dis, la richesse ne courait pas les rues,

Et le peu que nous avions faisait notre joie.

Et puis un jour, la télévision est apparue,

Dans une des grandes maisons de bon aloi.



Y vivaient alors deux veuves de guerre,

La mère, elle, avait perdu son mari militaire

À la Grande Guerre légendaire, si sanguinaire,

Par la suite, sa fille avait connu pareille misère.



Tous les deux, étaient militaires de carrière.

Ils avaient laissé, à défaut de leur présence,

Une pension qui faisait leur vie moins précaire,

Et qui allait changer un peu notre existence.



C'est dans cette maison, doublement endeuillée,

Que nous avons découvert le bon cœur

De ces deux bonnes et vieilles âmes esseulées

Et avec, partager quelques moments de bonheur.



Devant le tout premier petit écran du village,

En noir et blanc (il faudrait patienter pour la couleur).

C'était une chance réservée aux enfants sages.

Et pour sûr, nous arrivions tous pile à l'heure.






Nos agitations d'enfant apportaient un peu de vie

Dans ce foyer bouleversé par le vent mauvais.

Nos sourires les remerciaient de leur bonhomie.

Nous étions aux anges de profiter de leurs bienfaits.




Ainsi passaient nos jeudis et dimanches après-midi,

Sur cette boite miraculeuse, nous avions les yeux rivés

L'antenne était à nous et à d'autres d'enfants ravis.

Rintintin et Zorro sont devenus nos héros préférés.



Flipper le dauphin devint un de nos copains,

Mais une fois le retour confirmé des beaux jours,

Nous reprenions notre liberté pour courir les chemins

De notre cher village, et ses champêtres alentours...




à Mme Frégis et à Mme Vigreux



Thèmes, hameau de Cézy (Yonne) - Photo Christian Bailly




Christian Bailly

Tous droits réservés

06/11/2025

mercredi 5 novembre 2025

Marjolaine, Jullien,




À l'orée de la forêt parée des couleurs de l'automne

Vous êtes venus aujourd'hui parachever vos longues fiançailles.




C'est sur les bancs de l'école qu’est né votre amour d’adolescent,

Chaque pas que vous faisiez, alors, en était un balbutiement.

Chaque pas que vous faisiez était un pas vers ce jour mémorable,

Où vous le couronner devant cette joyeuse assemblée,

Venue partager votre bonheur et chaleureusement le fêter.




Qu'il était beau, alors, à voir votre amour juvénile encore hésitant,

Vous aviez plein d’étoiles dans vos regards doux de futurs amants.

Après quelques hésitations pour choisir la route de votre destinée,

Vous vous lancez dans vos manuels d’étudiants, têtes baissées.




Dès lors, vous partagez vos années studieuses et vos prouesses

Au prix des privations des enfantillages de votre jeunesse.

Vous formez déjà une équipe soudée, pour un avenir gagnant,

Chaque jour est un pas sur le chemin de votre destin brillant.




Dans votre amour, vous puisez force et détermination d’aboutir.

Courageux, obstinés, vous vous acharnez sur les livres sans faiblir.

Assidus, vous noircissez page blanche après page blanche,

Vous vous abreuvez de connaissances et d’expériences,

Votre opiniâtreté finit par payer, les lauriers pour vos performances.




La chance vous sourit ; sans faire un faux pas, sans sourciller,

Vous entrez dans le monde du travail, fraîchement diplômés.

En bordure de nature, vous choisissez votre foyer fonctionnel,

C'est là dans ce cocon à votre image, simple et rationnel,

Que vous offrez à votre amour le plus beau trait d’union qui soit,

Nohan !

Un joli petit garçon qui parachève et concrétise votre amour.




Au fil du temps, cet amour est le fil rouge de toutes ces années,

Cet amour dont vous avez judicieusement planifié la solennité.

Devant la loi, le 4 septembre 2021, c’est votre amour que vous scellez

Même si le masque sanitaire remplaçait le voile de la mariée.




Aujourd'hui, à l'orée de la forêt parée des couleurs de l'automne,

Vous échangez vos vœux authentiques devant les hommes,

Représentés par cette digne assemblée venue vous présenter

Chaleureusement, tous ses vœux de bonheur et de prospérité,

Et prête à en découdre, pour l’avènement de votre amour, le fêter.



Merci les enfants, merci mille fois pour les joies passées,

Présentes et à venir que vous nous faites…

Tous nos vœux de bonheur !

Enfin pour terminer et je crois que je peux les dire ici au nom de tous…

Ces mots que l'on ne dit pas…

Mais que l'on pense tout bas…

Qui résonnent dans nos pensées,

Mais que l'on n'ose prononcer…

« Nous vous aimons ! »






Christian Bailly

09/10/2021

Tous droits réservés

mardi 4 novembre 2025

Envol



Photo Christian Bailly - Jardin du château de Fontainebleau


Mes doutes, en vagues déferlantes,

Rongent peu à peu mon assurance.

Mes désirs, en lave incandescente,

Laminent mon intime résistance.



Un combat de longue haleine,

Un malaise depuis mon enfance,

Où l'amour de moi rime avec haine,

Et tenaille mon âme en partance.


Jean-Joseph Perraud - Le désespoir


En eau trouble, les désirs inavouables,

De mes entrailles intransigeantes.

À cet oppresseur, viril et intraitable,

Allégeance illicite et déshonorante.


Photo Christian Bailly - Jardin du château de Vaux le Vicomte


Faut-il écouter  mon bas-ventre ?

De ma raison, déjà en lambeaux,

Il est devenu cet indigne épicentre,

Qui me mène peu à peu au tombeau.



Je crie au secours dans le silence

De mes nuits couleur cendre.

Je crie, de ma rage, l'impatience,

Mais personne ne peut m'entendre.


Photo Christian Bailly - Jardin du château de Versailles


Là où les hommes peuvent me deviner,

Je me tais, je me terre, je m'enterre.

À ce cache-cache devenu une absurdité,

Mon âme vulnérable, en entier, s'y perd.


Auguste Rodin -  Le Désespoir

Je fais cavalier seul contre une armée. 

Dans leur monde, je ne suis pas désiré,

Du bord de la falaise, dois-je me jeter ?

Périr ou m'envoler pour enfin me libérer ?



Je ne peux plus ni me cacher, ni reculer

Devant ces aveux qui peuvent me libérer.

Derrière un ciel gris encombré de regrets,

Devant des remords qu'il me faut assumer.


Allez !

Je saute,

Je tombe...

Je tombe...

Je déplie mes ailes froissées par le temps,

Et puis...

Et puis je m'envole...

Je suis...

Je suis là, en pleine lumière

Je suis moi...

Cet homme si longtemps resté dans l'ombre

Et qui se découvre aux yeux du monde...


Sculpture de l'homme joyeux dans le parc Frogner 
Oslo - Norvège

Christian Bailly

Tous droits réservés

04/11/2025


samedi 1 novembre 2025

Et après….


L'Age mûr - Camille Claudel
Musée d'Orsay - Photo Christian Bailly 

Ils sont sortis de ma vie.

Le froid les a envahis,

Sans leur laisser de sursis.

Ils ont rejoint les esprits

 

Ils hantent mon cœur déshérité

Leur Amour, avec eux envolé !

Par leur absence ainsi châtié,

De ne pas les avoir assez aimés,

 

Je survis  avec le regret

De ne point pouvoir aller

Les retrouver,

Là où ils se sont cachés.

 

Pour mon plus grand malheur,

Je n'ai pas le bonheur

De croire au créateur

Et d'en être l'admirateur.

 

La chair a une fin,

De notre esprit, elle est l'écrin,

Et sans elle, le divin

Ne peut combler notre faim.

 

La nature est ainsi faite,

Qu'elle défait d'une traite,

Ce qu'elle fait et maltraite,

Avec une indifférence parfaite,

 

De tout ce dont elle est la créatrice.

Des hommes, elle est spéculatrice,

Elle se montre autant protectrice,

Qu'une monstrueuse dévastatrice.

 

Aussi, elle établit ses lois,

Sur tous les êtres, sans émoi.

Alors, pour l'homme, pourquoi

Y aurait-il une autre voie ?

 

Ainsi donc pour moi,

Je te le dis, je prévois

De la nature être courtois,

Et d'accepter sans désarroi,

 

La seule pérennité que je conçois…

Rejoindre les Autres sans effroi,

Me métamorphoser pour l'éternité en non-moi,

Et subsister dans ton cœur comme chez moi.


Musée d'Orsay - Photo Christian Bailly 


Christian Bailly

22/02/2002

Tous droits réservés


jeudi 30 octobre 2025

Je suis là


Je suis là,

Je suis là, mais parfois, je ne suis pas là.

Je suis l'enfant désarmé en larmes au fond de son lit froid.

Je suis cet adolescent perdu qui ne comprend pas qui il est.


du net

 

Je suis là, mais parfois, je ne suis pas là.

Je suis celui que je veux bien que l'on voie dans le miroir teinté.

Je suis dans les profondeurs du fleuve impassible où je me noie.


Photo Christian Bailly - Bords de l'Yonne

 


Je suis là, mais parfois, je ne suis pas là.

Je suis l'oiseau qui s'enfuit à tire-d'aile quitte à me brûler les ailes.

Je suis enfin dans cette réalité inaccessible que je m'étais interdite.


René Magritte

 


Je suis là, mais parfois, je ne suis pas là.

Je suis dans mes rêves où je veux oublier ce monde menaçant.

Je suis dans ma poésie, ce jardin où je cultive mes roses et l'amour.


du net

 

Je suis là, mais parfois, je ne suis pas là...

Vous croyez me voir,

Vous croyez m'entendre,

Vous croyez me lire,

Mais je suis déjà parti...

Dans mon monde fait de poésie.

La poésie est mon refuge...  


Raghnar - Dans les pensées d'un poète

Christian Bailly

Tous droits réservés 

30/10/2025

samedi 25 octobre 2025

Reflets d'automne

 

Les flots nappés d'argent,

Sous le soleil d'automne,

À l'oreille me chantonnent,

Leurs refrains languissants.



 

Ils me disent des beaux jours,

L'échéance, l'hiver latent.

Mais ces éclats de diamant

Sont des promesses de retour.

 


Ils sont des lueurs d'espoir,

Où mon âme vient noyer,

Son impatience de retrouver

Apollon dans toute sa gloire,

 

Quand il nous inonde de bonté,

Parfois bien trop généreux,

Au point de nous mettre le feu,

Qu'il nous arrive de regretter.

 

Oui, de regretter de l'automne,

Sa raison, le retour des douceurs,

De l'hiver,  un peu de sa froideur,

Et la cheminée qui ronronne.



 

Aussi, d'entre toutes les saisons,

C'est le printemps que j'attends,

Le long de ton rivage, impatient,

De me délester de mon caban.

 

Alors les jeunes filles en fleurs,

Dans leurs robes à sensation,

Les garçons et leurs inspirations,

Fricotent pour parler de bonheur.

 

Des tapis de coucous et de violette,  

S'offrent à leurs amours naissantes.

Pour leurs frivolités impatientes,

L'herbe se fait bien plus douillette

 


Moi, je regarde les flots d'argent,

Le vent dans mes cheveux blancs,

He oui, encore un tour de cadran !

Un pas de plus de faits vers le néant !

 

Mais aujourd'hui, je préfère chanter

L'automne et ses couleurs festives,

Que diable, poète ! Allez, positive !

Déjà, Noël approche de bons pieds !!





Textes et photos Christian BAILLY

18/10/2025

Tous droits réservés