samedi 18 octobre 2025

Toi



Je regarde le monde,

Je regarde à droite,

Je regarde à gauche,

Devant, derrière,

Que vois-je ?


Ici, il pleut des bombes, elles coûtent des dollars,

Là, on les fabrique pour quelques liards,

Ici, je vois, gisant, des martyres,

Là, des tortionnaires que la haine inspire,

Ici, des esclaves, hommes, femmes, enfants,

Là, je vois leurs maîtres aux cœurs  malveillants,

Ici, je vois des femmes violées, des enfants abusés,

Là, des hommes frustrés et ensauvagés.


La Guerre - Henri Rousseau


Ici, sur le trottoir, je vois des camés morts,

Là, des trafiquants s'enrichir sans aucun remords,

Ici, je vois des tyrans s'accaparer tous les pouvoirs,

Là, des peuples, assujettis, perdre tout espoir,

Ici, je vois des hommes, ils fuient leurs malheurs,

Là, des réfugiés à qui l'on refuse un peu de bonheur.


Abdalla Al Omari


Ici, des truands en cols blancs lavés de tout soupçon,

Là, des travailleurs licenciés poussés à la déraison,

Ici, je vois la terre saccagée, éventrée par les bombes,

Là, outragée, elle tremble, s'ouvre comme une tombe,

Ici, je vois la terre, lentement, mais sûrement, elle agonise,

Là, des bulldozers, sans vergogne, la brutalisent,


du net



Ici, là, je ne vois que…

Mensonge et mauvaise foi,

Ambition, vol et corruption,

Larmes et misère,

Souffrance et mort,

Guerre et destruction.



Je regarde le monde,

Je regarde à droite,

Je regarde à gauche,

Devant, derrière,

Que vois-je ?



Je vois le mal danser sur les décombres 

De ce monde en perdition.

Et là, au milieu de cet enfer,

Je vois l'aurore m'offrir ses promesses,

Et le couchant de sa grandeur nous offrir les largesses.

Je vois une rose éclore dans mon jardin,

Un enfant insouciant qui sourit à son destin,

J'entends, de deux colombes, le chant d'amour,

Au milieu du ricanement de la haine qui court

Qui court…

Qui court…

Siri Knoepffler - Aurore


Et puis...

Et puis. je te vois, Toi !

Alors pour tout, je deviens aveugle et sourd,

Sauf pour l'amour de Toi...


du net



Christian Bailly

Tous droits réservés

18/10/2025

 

mardi 14 octobre 2025

Pêche miraculeuse

 

Embarqué sur la galère de ma vie,

À la recherche d'une île perdue.

Je naviguais au gré de mes envies.

 


Quand au détour d'un récif,

En plein milieu des abîmes,

Je t'ai pris dans le filet de mes désirs.

 

Perdu dans les abysses de tes désillusions,

Chahuté par les vagues de ton désespoir,

Tu nageais en eaux troubles, sans illusion.

 


Par mes appâts, alléché,

Tu as mordu à mon hameçon à la dérive.

Je n'ai même pas eu à te ferrer.

 

Sur le pont, je t'ai remonté

Pour t'embarquer dans mes délires,

Et sur la vague du plaisir, surfer.

 


Pour des pays lointains moins tourmentés,

Ensemble, nous avons mis les voiles,

Là, nous attendaient des trésors de volupté.


 

Pour te faire oublier les tempêtes dans ta tête,

Sécher les larmes de fond dans tes yeux,

Calmer l'ouragan des rancœurs qui entêtent,

 

Alors, nous avons jeté notre dévolu

Sur nos attraits, jusqu'au soleil couchant,

Sur ces rivages, riches de fruits défendus.


 

Là, tout à notre bonheur miraculeux,

Nous avons sabordé notre galère,

Effacé notre île des cartes océanes.


Texte et photos Christian Bailly

Tous droits réservés

14/10/2025

vendredi 10 octobre 2025

Étoile filante

Andrew Moncrief

 

Dans la nuit, je m'attarde,

Sous une lune blafarde.

Je lui confie ma solitude,




À la recherche de l'âme-sœur,

Celle qui ferait vibrer mon cœur,

Celle qui embraserait mon corps,

Celle qui ferait se damner mon âme.


Andrew Moncrief


Autour de moi des ombres,

Au regard sombre,

Des zombis déçus de l'amour,

Trahis, enfermés dans leur tour.



Andrew Moncrief



Moi, je scrute la toile,

J'attends mon étoile.

Elle m'apparaît resplendissante,

Comme une étoile filante.




Je m'attache à la suivre dans la nuit,

Je crains qu'elle ne me fuie.

À mes pieds, s'arrête sa croisière,

Elle me baigne de toute sa lumière.



Vincent Van Gogh - La nuit étoilée



Timidement, je m'approche,

À son panache, je m'accroche.

Elle m'enveloppe de ses ardeurs,

Sort ma vigueur de sa stupeur.




En moi, elle sème le désordre,

À mes atouts, il lui faut mordre.

Son amour fait des ravages,

Obtient tous mes suffrages.


Du net



En société, il est temps d'assumer,

À jamais, nous scellons nos destinées.

Dans mon ciel, une étoile scintille, 

Dans mon cœur, à jamais l'amour brille…



Du net




Tous droits réservés

16/10/2014

mercredi 8 octobre 2025

Un jour, le vent les emportera

 


Nos rêves contrariés ou exaucés,

Toutes nos chimères et nos projets,

Un jour, le vent les emportera.





Nos combats et nos résistances,

Ce qui guidait alors notre existence,

Un jour, le vent les emportera.

 

Il emportera nos idées occultées,

Et celles farouchement exprimées,

Nos esprits rebelles et indomptés.

 

Le refrain répété de nos chants d'amour,

Nos serments renouvelés pour toujours,

Un jour, le vent les emportera.

 


Il emportera de nos destins mêlés,

Les vestiges de nos baisers passionnés

Et ceux de notre tendresse empressée.

 

Le parfum doucereux de nos amours,

À l'aurore épurée d'un nouveau jour,

Un jour, le vent les emportera.


 

Les plaintes de nos plaisirs au réveil,

Sur nos draps séchés au soleil,

Un jour, le vent les emportera.

 

Il emportera nos amours interdits,

Vers un monde où tout est permis,

Là, nous ne serons plus des proscrits.

 

Sur le sable hospitalier, l'empreinte

De nos corps matures, de nos étreintes,

Un jour, le vent les emportera.

 




Nos corps vétustes partis en poussière,

Orphelins de nos âmes singulières,

Un jour, le vent les emportera.

 

Tout de l'infime trace de notre passage,

De ce qui aura fait de nous un mirage,

Un jour, le vent les emportera.

 

Il emportera la blême luminescence,

De nos étoiles confiées à la providence,

Dans un univers en effervescence.


 

Un jour, le vent mauvais

Nous emportera, à tout jamais…

 

25/09/2025


A mes p'tits loups


 

vendredi 3 octobre 2025

Ligne d'horizon



Photo Christian Bailly

Le chant de tes flots flatte mon imagination,

Elle s'envole pour de nouvelles pérégrinations.

À te regarder, je gratte sans fin le papier,

De ma plume qui résiste au temps obstiné.


Photo Christian Bailly

 

Sous peu, je trouve quelque chose à exprimer,

Tes reflets sont ceux de mon âme tourmentée,

Bouleversée de voir les hommes belliqueux,

Et notre vaisseau intemporel prendre feu.


du net

 
Que me caches-tu derrière ta ligne d'horizon ?

Des embarcations chargées d'âmes en perdition ?

Des affameurs sans foi et des affamés ?

Des assassins sans conscience et des opprimés ?


du net

 

Que me caches-tu que je ne puisse dire ?

Des tortionnaires sans cœur et des martyrs ?

La délivrance salvatrice plutôt que la souffrance ?

La haine plutôt qu'amour et bienveillance ?


du net

 

Je t'observe dans la lumière du couchant,

Et j'écoute de tes flots pacifiques le chant.

Les hommes, perfides, ne semblent plus l'entendre.

Il n'y a que de tes tempêtes qu'ils peuvent apprendre.


du net

           

Je range ma plume toujours aussi aiguisée,

Je range mon papier noirci de mes pensées.

Il me semble qu'il nous reste peu de temps,

Pour sauver ce monde que l'homme pourfend.


Sacha Jafri


 

Christian Bailly

Tous droits réservés

30/08/2025

lundi 22 septembre 2025

La mélancolie

 


Je n'avais pas quinze ans,

Tu assaillais déjà mon âme,

Soufflais ton mauvais vent

Chargé de nuages infâmes.

Lin Jinfu


Mon cœur, pris en otage,

Noyé de pensées insensées,

N'avait pas assez de rage

Pour de toi se désenchaîner.



De mes nuits en solitaire,

Je sortais plus affaiblie.

Mes jours crépusculaires

Frôlaient de prés la folie.

Battistello Caracciolo, two youths with grape


De mon corps juvénile,

Je refusais les aspirations

Singulières et indociles,

De ma nature, l'aberration.



La lutte était irrégulière

Et source d'humiliation.

De cette intestine guerre,

Je refusais la conclusion.


Vanité, la mélancolie d’après Domenico Feti


Longtemps à mes côtés

Tu m'as imposé tes lois,

Fait de moi une poupée

Disloquée entre tes doigts.



Profondément, en moi,

Mélancolie, tu t'insinuais,

Pour installer le désarroi

Qui ne me lâcherait jamais.


Edvard Munch – Melancholy


Garce ! C'était sans compter

Sur les aléas de ma destinée.

Quand sur ma route, égaré,

J'ai rencontré mon bien-aimé.



Du fin fond de ces abîmes

Où tu m'avais précipité

Pour faire de moi, ta victime,

Il m'a extirpé pour me sauver.

 

Oublié, la douleur du martyr,

Les sanglots qui désarment,

Loin de moi l'envie d'en finir,

Le vacarme de tes charmes.


Saint Sébastien - Javier Trelis Sempere



Éloigné de ce mal incurable

Qui détruisait mon âme,

De la douleur, l'ineffable,

J'oubliais le goût des larmes,

 

Pour des fruits défendus

Goûter la chair et le nectar,

Pour de cet amour attendu

Enfin prendre ma part.


Alexander Alexeyevich Kiselev - Apollon et Hyacinthe



À ses délices, j'ai ouvert ma porte.

À ses virils hommages, je succombe.

Mélancolie ! Que le diable t'emporte !

À toi, de ma mémoire, les catacombes.


Christian Bailly
Tous droits réservés
22/06/2012