mardi 14 juillet 2020
Un autre monde
mercredi 1 juillet 2020
Cimetière marin
Tel
un rimailleur nomade,
Dans
ma ville tant aimée.
Dans
ce haut lieu,
Chanté par un poète renommé,
Le
Cimetière Marin…
Avec
la mer pour seul horizon…
Paul
Valéry, nous en fit l’éloge.
Méditation
magistrale et sensuelle,
Réflexion
sur l’immuable horloge,
Et
nos pensées de mortels.
De ces humbles mausolées,
Avec
ma boite à images,
J’ai
figé ce temps passé,
Dont
nous sommes otages.
Ont
quitté cet ossuaire,
Entre
l'horizon et l’azur,
Elles ont fini par trouver
Le
chemin qui rassure,
De
la paix et de l’éternité.
Tombeaux
majestueux,
Sépultures
somptueuses,
Pour
les fins prestigieuses
De
destins fabuleux.
Soyons
ce que nous avons été,
Semblent
nous dire, tout bas,
Les
résidents de ces mausolées.
Mais
les rides du temps
N’épargnent
pas la pierre,
Pluie,
tempête et vent
Tandis que là-bas, chante le merle.
Le
vent emporte le souvenir de l’aïeul,
Les
couronnes perdent leurs perles,
L'oublie
devient leur ultime linceul.
Et toujours la mer pour seul horizon…
À
l'ombre éparse des cyprès,
S’évapore,
les larmes du chagrin,
Roulent,
les fleurs desséchées
Jusqu'au bord du chemin.
Ici,
anonymes ou sommités
Se
côtoient pour l’éternité,
Leurs
vies les ont tenus éloignés,
La
faucheuse les a rapprochés.
Sur
la pierre qui gît,
Les
traces du recueil,
Le
souvenir d’une souffrance,
D’un
amour jamais consolé,
Le
deuil solennel de l’insouciance.
Ces
marbres lézardés par les griffes du temps,
Ces
roses du souvenir, à jamais, endormies,
Le
gabian veille comme une sentinelle,
Sur
le repos de touts ces âmes.
Deux
colombes lancent leur appel
À
la paix, sans rompre du lieu, le charme.
Et
toujours la mer pour seul horizon…
Croix
immortelles.
Comme
les lances d’une armée,
Elles
gardent ces gisants pétrifiés,
Et
traversent la nuit des temps.
Sur
la pierre blafarde des tombes immuables,
L’ombre
et la lumière jouent au fil des heures,
À
un cache-cache silencieux et imperturbable,
Oublieux
des âmes en peine et des visiteurs.
Là,
en pleine lumière, la pierre se dresse au soleil levant,
Ici,
à l’ombre d’un cyprès, elle cache mal sa détresse.
Plus
loin, patiente, elle attend les ors du soleil couchant.
Affligée
par les ans, cette autre pleure ses lettres de noblesse.
Dans ce capharnaüm, d’augustes sépultures,
Qui, face à la grande bleue étalée dans sa démesure,
Qui, tournée vers l’occident, qui, vers l’orient sacré.
Ici,
les places sont chères,
Sonnent
les trompettes de la renommée !
Avec
vue sur mer,
Pour
le sommeil du juste, la panacée !
Et toujours la mer pour seul horizon…
Entre
ces tombeaux,
Mes
pas se perdent pour cacher
De
mon âme damnée, son fardeau,
Sa
quête désespérée.
Christ
consolant.
Dans
son cœur, il n’y aura pas d’exclus.
À
tous, la même charité,
Une
paix bien méritée.
Veillent
dans un profond recueillement,
Regardent
mourir les roses dans la lumière
Du
couchant, sans un sourcillement.
Ils
contemplent le temps qui passe,
Sur
leur éternelle jeunesse,
Dodo,
l'enfant dort… Pour l’éternité
Qui
dévore le ventre de la mère,
Blessure
inguérissable.
Perdre
un enfant,
C’est
perdre sa chair,
C’est
perdre son sang,
C'est une
plainte, qui ne peut se taire.
C’est
partagé le sort de Marie…
Un
martyre sans issue,
Sans
aucun exutoire,
À
jamais, un destin déchu.
Et
toujours la mer pour seul horizon…
Christ
mortifié de fer ou d’or,
Elevé
vers les cieux,
Ou
gisant, il offre son corps,
Au temps irrévérencieux.
Il
veille.
Du
matin au soir, du soir au matin,
Il
veille.
Sur
ces âmes confiées par les hommes,
Sur
leurs corps stupéfiés par la mort.
Ici,
des pêchers, on ne fait plus la somme,
On
repose, on oublie ce mauvais sort.
Dans la magnificence du soir,
Un
catafalque impressionnant.
Jusqu’en
ce lieu, le sens du devoir.
Dans
sa grande éloquence,
La
mort affirme son pouvoir.
Pour
mériter une telle piété ?
Quel
amour au pied de cet autel ?
Peu
importe, le mausolée.
Ne
change en rien notre état,
Et
toujours la mer pour seul horizon…
Bouquet de roses en faïence,
Pensées
pétrifiées,
Figent
à jamais la réminiscence
Une
tombe profite de l’ombrage,
Se
soustrait à l’astre solennel.
Quel
sera son repos éternel ?
Le
néant ou l’éternité ?
Poussière
d’homme ou immatériel,
Profane
ou bien sacré ?
Plus loin une allée aux tombes sagement alignées
Semble
guider mes pas vers l'infini du couchant
À
l’horizon, déjà, l’astre s’apprête à nous oublier,
Le
crépuscule nous laisse encore un peu de temps.
Sur le champ de croix tournées vers l’ouest
Le
soleil mourant dépose sa clarté pâlissante
Avant
de sombrer sans que quiconque ne proteste
Demain
sera un autre jour pour les âmes vivantes
Demain,
après demain...
Son
voyage toujours recommencé
Et toujours la mer pour seul horizon…
Sous
leurs yeux fermés par la faucheuse,
Le
théâtre de la vie éphémère,
D’une
humanité fataliste et laborieuse.
À
ses pieds…
Furibonde
ou apaisée,
La
Grande Bleue déployée,
Berce
nos âmes angoissées
Par
un futur contrarié.
Alors,
Languissons-nous
de bien vivre le présent…
Le
temps sait où il se presse de nous emporter.
Quand
le futur ne sera plus que languissantes douleurs,
Il
sera bien temps de regretter ce présent passé,
Nous
écouterons chaque battement de notre cœur,
Jusqu’au
dernier…
De
mon regard d’enfant extasié,
J'embrasse
l’immensité déployée,
Je
m’imprègne de cette sérénité,
Elle
apaise mes déloyales pensées.
La
vie, oui la vie, encore, me réclame,
Il est temps de rejoindre le monde.
Au
loin, le soleil sombre flamboyant,
Dans
les flots déjà obscurs et scintillants.
La
lune, pâle, est déjà à l’affût, au
levant.
Au
Cimetière Marin, la nuit des temps…
Et
toujours la mer pour seul horizon…
Texte et photos (Sète) Christian Bailly
Tous droits réservés
19/06/2020