Quand, de l'ombre maternelle,
Je me suis échappé à tir d'ailes,
Sur ce fruit du péché mortel
Se penchèrent des hirondelles..
J'étais d'un amour innocent,
Le douloureux dénouement.
À moi, le saint-sacrement,
Pour m'éloigner de Satan.
Je n'étais point une fille,
Je ne sentais pas la vanille,
Entre mes jambes, une coquille
À me voir ma mère vacille.
S'ajoutait à ce sort cruel,
Point assez d'essentiel,
À son sein maternel,
Pour assurer le substantiel.
Sur ma mère, la disette
Avait fait ses emplettes,
Sur son corps, des miettes,
Les marques de ses côtelettes.
Il gelait à pierre fendre.
Du froid, il fallait se défendre,
À vivre, il me fallait apprendre,
Pour à ce monde y prétendre.
Dehors, suintait la pauvreté,
Mieux valait attendre l'été,
Ses jours plus ensoleillés,
Pour affronter la réalité.
On récitait des prières
Pour éloigner la misère
De cet enfant sans père,
Fils de la Pitié Salpêtrière.
À cette trop jeune mère,
Je me devais de plaire,
Lui faire oublier la misère.
J'étais le fruit de ses viscères.
Pour la conquérir,
Il me fallait l'attendrir.
Avec mes sourires,
J'achetais ses éclats de rire.
Je n'étais pas le premier,
Je ne fus pas le dernier.
D'un X, je suis l'héritier,
Et je ne peux pas l'oublier.
J'étais voué à l'abandon,
Mais d'amour, une pulsion
Me sauva plus que la raison,
De cette malédiction.
C'est un cœur bienveillant,
Plus fort que les médisants,
Qui, sous son aile, me prit.
Son amour n'avait pas de prix.
Je ne dois pas à ma maman,
Ce que je suis maintenant,
De la vie, trop de tourments
Furent pour nous insistants,
Tout ce qui nous a séparé
N'est pas vraiment balayé.
Entre nous, reste une ombre,
Dans lequel je sombre.
Les années ont passé,
Sans que le voile ne soit levé.
Tu t'obstines dans ton silence,
Tu m'infliges ta sentence.
Est-ce mon prix à payer
D'avoir démérité d'être né ?
Pourtant, je continue à espérer
Et sortir, un jour, de l'obscurité...
Alors, nous pourrons nous aimer,
Sans avoir à en pleurer.
À Maman
Christian Bailly
Tous droits réservés
25/05/2025
Mots-clefs : Thèmes, enfance