Dans les brumes conquérantes d'Autan,
Le temps, pour un moment, furtivement, s'efface,
Le jour intimidé, dans ses vapeurs, s'évanouit.
Derrière le voile, l'horizon se serait-il éclipsé ?
La ville empotée, enveloppée de torpeur, s’isole,
Emmitouflée dans ce lourd manteau aqueux.
Contre ce mur, nos regards, égarés, butent,
Cherchent obstinément à percer son mystère.
Du néant, des silhouettes mouvantes surgissent,
Venues d'un autre monde, cerné d'inexistentiel,
Qui se dérobe à notre imagination pragmatique,
Pour nous contraindre d’accepter l’impondérable.
L'onde tumultueuse, venue de nulle part, se
fracasse
Contre la réalité immuable du Môle Saint-Louis,
Où le phare, les pieds dans une flaque d’eau
oubliée,
Comme tétanisé, attend d'y voir plus clair.
Au-delà de la forêt de mâts des dériveurs
endormis,
Saint-Clair n'est plus que le fruit de notre
imagination.
Pourtant, les bruits feutrés de la ville nous
arrivent,
Pour nous dire la laborieuse existence des
hommes.
Après maintes tentatives, Apollon, enfin,
s'affirme,
Perce le secret des brumes obstinées d'Autan
De son ardeur hivernale, mais toute souveraine.
Comme par enchantement, la brume s'efface.
À contre-cœur, elle capitule, abandonne la place
Comme désintégrée par l'astre téméraire.
Alors comme par enchantement, tout s'illumine,
Se révèle à nous dans la clarté de l'après-midi.
Elle nous avait été enlevée sans crier gare.
La ville, enfin démasquée, sort de sa torpeur,
Avec enthousiasme, elle reprend des couleurs,
Sous un ciel insolent, immodérément bleu…
Texte et photos :Christian Bailly
Tous droits réservés
26/03/2023
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