Aujourd'hui,
La tramontane souffle sans grande méchanceté.
C'est à peine si elle soulève un grain de sable.
Le ciel, d'un bleu laiteux, est voilé de brume,
Au travers de laquelle le soleil s'encanaille.
La mer, à peine ridée, clapote paisiblement.
Aux pieds des dunes gisent encore les victimes
Des tempêtes qui se sont heurtées à la côte fragile.
Les oyats des dunes courbes gracieusement l'échine,
Soumis aux caprices d'Eole et de la rose des vents.
Les touristes, eux, sont déjà là, à se dorer au soleil,
À emmagasiner des couleurs et des souvenirs
Pour leurs soirées de grisaille hivernale à venir.
Quelques grains de sable sont les bienvenus,
Pour enrailler la routine, renverser le sablier,
Et apprécier, enfin, les bienfaits de l'oisiveté.
Quelques coquillages dans leurs sacs de plage
Leur rappelleront l'heur de ces instants à musarder.
Au bout du long ruban de sable qui s'étire, s'étire,
L'île singulière est figée dans son écrin de verdure,
Léchée par la grande bleue, au destin vulnérable.
Image idyllique d'une ville victime de son charme,
Exposée au cynisme féroce de certains promoteurs.
Ostensiblement, elle perd son âme authentique,
Au profit d'une artificialisation outrancière.
Cette mutation inexorable, elle la vit dans la douleur
De son ventre que l'on ouvre méthodiquement,
Des césariennes coûteuses, sans péridurale.
Heureusement, son cœur bat encore la mesure
Aux sons insouciants du tambourin et du hautbois
Les jours glorieux de ses mémorables joutes.
Son cœur, il est aussi dans sa tielle savoureuse
Dans sa macaronade, cuisinée avec amour,
Dans sa rouille de seiche, sa bourride de baudroie
Ou encore dans ses encornets farcis de soleil.
Il est aussi dans la gouaille bon enfant des Sétois
Dont l'accent chatouille les oreilles des touristes,
Et dans l'insolence des gabians prêt à chaparder,
Dès les premières lueurs du soleil, au levant.
Venir à Sète, c'est embrasser ses canaux étincelants
Son port, son Môle, son Cimetière Marin prestigieux
De la Pointe courte, au verdoyant Mont Saint-Clair
Un véritable petit village bordé par l'étang de Thau.
Venir à Sète, je vous le dis, c'est l'épouser ou la quitter
Le cœur transi, et l'esprit impatient d'y revenir…
Christian Bailly
Tous droits réservés
08/06/2025
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire