lundi 22 septembre 2025

La mélancolie

 


Je n'avais pas quinze ans,

Tu assaillais déjà mon âme,

Soufflais ton mauvais vent

Chargé de nuages infâmes.

Lin Jinfu


Mon cœur, pris en otage,

Noyé de pensées insensées,

N'avait pas assez de rage

Pour de toi se désenchaîner.



De mes nuits en solitaire,

Je sortais plus affaiblie.

Mes jours crépusculaires

Frôlaient de prés la folie.

Battistello Caracciolo, two youths with grape


De mon corps juvénile,

Je refusais les aspirations

Singulières et indociles,

De ma nature, l'aberration.



La lutte était irrégulière

Et source d'humiliation.

De cette intestine guerre,

Je refusais la conclusion.


Vanité, la mélancolie d’après Domenico Feti


Longtemps à mes côtés

Tu m'as imposé tes lois,

Fait de moi une poupée

Disloquée entre tes doigts.



Profondément, en moi,

Mélancolie, tu t'insinuais,

Pour installer le désarroi

Qui ne me lâcherait jamais.


Edvard Munch – Melancholy


Garce ! C'était sans compter

Sur les aléas de ma destinée.

Quand sur ma route, égaré,

J'ai rencontré mon bien-aimé.



Du fin fond de ces abîmes

Où tu m'avais précipité

Pour faire de moi, ta victime,

Il m'a extirpé pour me sauver.

 

Oublié, la douleur du martyr,

Les sanglots qui désarment,

Loin de moi l'envie d'en finir,

Le vacarme de tes charmes.


Saint Sébastien - Javier Trelis Sempere



Éloigné de ce mal incurable

Qui détruisait mon âme,

De la douleur, l'ineffable,

J'oubliais le goût des larmes,

 

Pour des fruits défendus

Goûter la chair et le nectar,

Pour de cet amour attendu

Enfin prendre ma part.


Alexander Alexeyevich Kiselev - Apollon et Hyacinthe



À ses délices, j'ai ouvert ma porte.

À ses virils hommages, je succombe.

Mélancolie ! Que le diable t'emporte !

À toi, de ma mémoire, les catacombes.


Christian Bailly
Tous droits réservés
22/06/2012

mardi 16 septembre 2025

Fureur d'aimer

 


Corps de feu - Michel Richard 
© 202​4  Michel  RICHARD  
Tous droits réservés
https://www.michel-richard.com/


 

 

Avant que l'hiver ne soit mon unique saison

Avant que le gel ne durcisse à jamais mon cœur

Avant que mon âme ne soit qu'une profonde rancœur

Avant que je n'oublie à jamais ce qu'est un frisson

 

Je veux t'aimer…

 

Avant que mon sourire ne devienne une ride

Avant que mes yeux ne s'enferment dans leur écrin

Avant que mon désir ne soit qu'une peau de chagrin

Avant que mes mains fripées ne soient invalides

 

Je veux t'aimer…

 

Avant d'être sourd à tes mots d'amour feutrés

Avant d'oublier tes caresses et tes baisers torrides

Avant de voir mes dernières ardeurs devenir frigides

Avant d'avoir à désapprendre à t'aimer

 

Je veux t'aimer…

 

Je veux t'aimer…

Comme aucun autre n'a su t'aimer

Je veux t'aimer…

Je veux t'aimer…

Comme si je devais… Mourir d'aimer 

Et à ton corps, mettre le feu !


Christian Bailly

Tous droits réservés

14/02/2024

Rééditer

pour le 20/08/2025

pour le vernissage de l'exposition "Exposition singulière" de

Michel Richard à la Chapelle des pénitents du 20 au 27 août 2025.

La p'tite Marie

 






Petite Marie - Michel Richard 
© 202​4  Michel  RICHARD  
Tous droits réservés
https://www.michel-richard.com/




Oh, la p'tite Marie n'est pas sage

Elle use de ses avantages.

Elle sait, son charme fait mouche,

Elle est loin d'être farouche.



Patiente, elle attend dehors,

Habillée de strass et de plaqué or,

Des bijoux de pacotille,

Pour accompagner ses bas résilles.



Coiffure insolente mais chic,

Marie l'avoue, elle est là pour le fric.

Avec son décolleté avantageux,

Pour attirer les regards licencieux.



Elle a une taille de guêpe,

Sous son sein délicat drapés de crêpe,

Bat un cœur bienveillant,

Dans un corps généreux et complaisant,



Sa robe sur ses jambes fuselée

Offre un raccourci aux mains déterminées

De mâles en mal

D'amour vénal.



-          Tu viens chéri ?

-          C’est combien ?

-          Pour toi, chéri,

           Ça sera deux fois rien,

           Tu es beau comme un dieu.




Christian Bailly

Tous droits réservés

30/06/2016 modifié le 20/08/2025

pour le vernissage de l'exposition "Exposition singulière" de

Michel Richard à la Chapelle des pénitents du 20 au 27 août 2025.

samedi 13 septembre 2025

L'enfant et la mer

 



L'enfant ne regardait
pas la mer,

Non, il observait simplement les oiseaux. 

Les vagues étaient attachées à la terre,

Il ne rêvait pas de partir en bateau.


Non, lui, il rêvait de prendre son envol,

Pour aller chatouiller le ciel et les astres,

De ne plus jamais être cloué au sol.

Il rêvait de liberté, loin de ce désastre...


Il rêvait d'aller tout la haut fendre les nuages,

Pour toucher du doigt de l'azur la pureté,

Loin de ce monde et de ses orages, 

Loin des hommes, de leurs brutalités.


Il irait là-bas, tout là-bas où pousse l'olivier.

Il couvrirait la terre de ses rameaux,

Pour le vacarme des canons, l'étouffer.

Alors, il reviendrait au bord de l'eau...


Pour regarder la mer...


Christian Bailly 

Tous droits réservés 

13/09/2025


lundi 8 septembre 2025

Cosmos






Pour le plaisir de nos yeux...

Le cosmos vaporeux

Flirte avec le ciel bleu...






Corolle délicate et fragile,

Sa silhouette gracile

Sous la brise, oscille…





Il offre son cœur d'or

Aux papillons multicolores,

À tous les amis de la flore…





Sous son voile d'innocence,

Un soupçon d'insolence,

Pour cacher son indolence…





Dans le vent, il se laisse bercer,

Dès le printemps, et tout l'été,

Pour à l'automne, nous quitter,





Dans les brumes nébuleuses,

Sous le rayon d'une lune laiteuse,

Ou d'un jardinier, la faucheuse,





Avant que l'hiver n'impose

Son frimas qui ankylose,

De mon jardin, les roses…





















Texte et photos : Christian Bailly

Tous droits réservés

08/09/2025

 

jeudi 4 septembre 2025

Au lendemain de la Fête de la Saint-Louis

Alain Delmas
https://www.facebook.com/alain.delmas.5095




Tard dans la soirée, les ultimes coups de rames

Ont fêté le vainqueur dans un dernier tour d'honneur.

Au panthéon des jouteurs, il a gagné son sésame,

La nuit a dû être longue pour célébrer son heur.



Après toutes ces défaites, après toutes ces gloires,


Après les hourras, après la ferveur des applaudissements,

La ville tristounette se réveille, émerge avec les déboires

De lendemains de gueule de bois bien loin d'être vaillants.



Elle est comme abasourdie par tous ses prolifiques abus,

Anesthésiée par l'excès, les frasques de ses réjouissances,

Qui parfument encore ses porches ainsi que ces rues,

Et perturbent malencontreusement nos olfactifs sens.



Paraît-il, la Saint-Louis légitime toutes ses extravagances,

L'alcool peut, a priori, couler à flots sur la voie publique,

Comme pour y noyer, de notre société, ses errances,

Les décibels intenables, nous abrutir de rêves chimériques.



Tandis que dans le célèbre Cadre Royal en effervescence

Se jouaient sur la tintaine le sort de futurs demi-dieux.

Pour eux, des heures d'angoisse ou de réjouissances,

L'arène nautique se régalait de ces instants prestigieux.



Des gradins houleux, il ne reste qu'un squelette, désormais

Que l'on s'empresse de faire disparaître des quais,

Tandis que les balayeuses effacent les traces des méfaits,

Pour redorer de la ville singulière ses irrésistibles attraits.



La placette retrouve ses touristes et un peu de sa sérénité,

Le poufre sort de son coma, les oreilles bourdonnantes.

Autour des halles les rues encore poisseuses des festivités,

Apprécient le calme relatif pour oublier la foule tonitruante.



Me revoici au calme, à la terrasse, pour boire mon café

Je me réveille un peu chamboulée par cette bacchanale,

Et je me questionne sur ce que pouvait être par le passé

Cette illustre Saint-Louis et ses traditions fondamentales.



Par bonheur, j'ai encore à l'esprit de ces jeux, les images,

Où de vaillants gaillards ne tremblaient pas devant la lance.

Je consigne l'allégresse de la foule, en ces mots, sur ma page,

Et le peintre, avec sa palette, fige les couleurs de l'ambiance.


Christian Bailly
Tous droits réservés
26/08/2025