Je n'avais pas quinze ans,
Tu assaillais déjà mon âme,
Soufflais ton mauvais vent
Chargé de nuages infâmes.
Mon cœur, pris en otage,
Noyé de pensées insensées,
N'avait pas assez de rage
Pour de toi se désenchaîner.
De mes nuits en solitaire,
Je sortais plus affaiblie.
Mes jours crépusculaires
Frôlaient de prés la folie.
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Battistello Caracciolo, two youths with grape |
De mon corps juvénile,
Je refusais les aspirations
Singulières et indociles,
De ma nature, l'aberration.
La lutte était irrégulière
Et source d'humiliation.
De cette intestine guerre,
Je refusais la conclusion.
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Vanité, la mélancolie d’après Domenico Feti |
Longtemps à mes côtés
Tu m'as imposé tes lois,
Fait de moi une poupée
Disloquée entre tes doigts.
Profondément, en moi,
Mélancolie, tu t'insinuais,
Pour installer le désarroi
Qui ne me lâcherait jamais.
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Edvard Munch – Melancholy |
Garce ! C'était sans compter
Sur les aléas de ma destinée.
Quand sur ma route, égaré,
J'ai rencontré mon bien-aimé.
Du fin fond de ces abîmes
Où tu m'avais précipité
Pour faire de moi, ta victime,
Il m'a extirpé pour me sauver.
Oublié, la douleur du martyr,
Les sanglots qui désarment,
Loin de moi l'envie d'en finir,
Le vacarme de tes charmes.
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Saint Sébastien - Javier Trelis Sempere |
Éloigné de ce mal incurable
Qui détruisait mon âme,
De la douleur, l'ineffable,
J'oubliais le goût des larmes,
Pour des fruits défendus
Goûter la chair et le nectar,
Pour de cet amour attendu
Enfin prendre ma part.
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Alexander Alexeyevich Kiselev - Apollon et Hyacinthe |
À ses délices, j'ai ouvert ma porte.
À ses virils hommages, je succombe.
Mélancolie ! Que le diable t'emporte !
À toi, de ma mémoire, les catacombes.
Christian Bailly
Tous droits réservés
22/06/2012
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