La fanfare, 14 juillet, défilé militaire - Raoul Dufy |
Au soir du 13 juillet…
À la nuit tombée, la fanfare en-tête du défilé,
La retraite aux flambeaux commençait à s'ébranler.
Les enfants brandissaient fièrement leurs lampions,
Fidèles et très heureux de perpétuer la tradition.
Au-dessus, quelques canards s'envolaient,
Mais à vrai dire, personne ne s'en souciait.
Le cortège, tapageur, s'étirait joyeux et dissipé.
Les anciens retrouvaient le pas cadencé,
Qu'ils avaient appris pendant l'armée.
Les plus jeunes cavalaient devant, derrière,
Pour se montrer aux gamines et faire les fiers.
Françoise Joseph - 14 juillet |
Ainsi, nous faisions le tour de mon village,
Qui pour un soir, oubliait d'être sage.
Sur le passage du cortège, joyeux et fêtard,
Feux de Bengale tricolores et pétards
Traçaient notre route, dans la nuit de juillet.
Des boîtes aux lettres, de ces festivités,
Faisaient les frais, se retrouvaient ventre éclaté,
Par un pétard mammouth, mal intentionné.
L'occasion était bonne pour les garnements
De faire les malins, et d'échapper aux parents.
Rita Revil - Bal du 14 juillet |
Quelques lampions finissaient par s'enflammer,
N'arrivaient pas au bout de la nocturne randonnée.
Sagement au bord de la route, les plus anciens
Regardaient passer cette procession de païens.
Mon village ne pouvait pas s'offrir le rituel
De s'enorgueillir d'un feu d'artifice dans son ciel,
Mais pour fêter comme il faut la prise de la Bastille,
Un p'tit bal musette pour séduire les jeunes filles,
Les faire valser, les cœurs en mesure, et les étourdir.
Les anciens n'étaient pas en reste pour se dégourdir
Au rythme joyeux des flonflons de l'accordéon,
Sous les guirlandes multicolores et les lampions.
Insouciant, le village raisonnait tard dans la nuit
Des rires et des jeux des plus jeunes, aguerris.
14 Juillet - Marcel Roche |
Le lendemain sur la petite place de mon village,
Du quatorze juillet, il n'avait pas tourné la page.
Quelques tables et des bancs étaient dressés,
Pour en milieu d'après-midi, tous se retrouver.
Les plus républicains de ce petit hameau,
Devant une bouteille de cidre, avaient le verbe haut
Et le rire facile pour oublier leur dure réalité.
Pour rien au monde, mon grand-père n'aurait manqué
Ce rendez-vous, ce moment de convivialité.
Pour une limonade les enfants étaient invités.
Enfin, pour clôturer cette journée historique,
Sous les arbres, un concert était offert par la clique.
Yves Brayer - lithographie 14 juillet |
Ainsi, se fêtait dans mon village, la fête nationale,
Mais depuis, la modernité lui a été fatale.
De ce jour, il reste encore feux d'artifice et bals,
Mais pour ceux qui travaillent, c'est un jour banal.
Ce jour-là, même pour une fortune assurée,
Mon grand-père n'aurait pas travaillé,
Le marteau et l'enclume n'auraient pas chanté.
Aujourd'hui, oublié ce jour sacré et férié,
L'argent vaut plus que…
Liberté, Égalité et Fraternité !
Liberté, Egalité, Fraternité, ou L'Esclavage affranchide Nicolas Gosse |
Christian Bailly
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16/07/2022
Oui mais ça c'était avant, on avait des repères, du respect pour les anciens,les jours de fête étaient jour de joie. Mon grand-père se levait pour écouter La Marseillaise ! Un texte qui me ramène à mes jeunes années... Merci, belle soiré Christian .
RépondreSupprimerMerci beaucoup Florence pour ta présence sur ma page. Tu as raison, les choses ont bien changé et je me demande parfois si ce n'est pas volontaire pour effacer en douceur un passé qui ne plaît pas à certains. On en met plein les yeux des électeurs pour leur faire passer la pilule et surtout, on ne parle pas trop de révolution, des fois que ça donnerait des idées au peuple... J'ai décidé d'écrire certaines pages du passé pour mes petits enfants pour leur laisser une trace de ce qui était... Encore merci Florence ! Bonne soirée, Avec mes plus belles amitiés.
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