https://youtu.be/bc7-KNNVi24
Torse (Rodin) |
Ô vieillesse ennemie !
Que n'ai-je point ressenti la douleur du temps,
Sur mes épaules appesanties,
Par le nombre des années,
Et
la rudesse du labeur…
Victor Hugo et les Muses (Rodin) |
Ô vieillesse ennemie !
Que n'ai-je pas pleuré devant le miroir matinal,
Sous le burin rageur des ans,
Ma jeunesse, ils ont taillé,
À coups de serpe cruels.
Jean d'Aire Bourgeois de Calais(Rodin |
Ô vieillesse ennemie !
Je sens mon corps s'abandonner à tes servitudes,
La vue m'a misérablement lâché,
L'ouïe a imperceptiblement démissionné,
L'appétit peu à peu m'a quitté,
L'odorat se fait insidieusement oublier.
Ô vieillesse ennemie !
Quant à mes désirs, mes faims, ils ont déserté
Mon corps avachi de désespoir.
N'en
reste que des traces poétiques,
Quelque part au fond d'un tiroir,
Ma mémoire flanche, abdique.
L'Éternelle Idole (Rodin) |
Ô vieillesse ennemie !
Que restera-t-il à prendre à la faucheuse, en fait ?
Un corps dénué de son âme ?
Un cœur esseulé à bout de souffle ?
Une
chair fanée, dépecée ?
Les
restes d'une vie ?
Aux
tard-venus, les os !
Dis-lui, toi, Ô vieillesse ennemie !
Dis-lui que je ne vaux vraiment pas le déplacement,
Le
jeu n'en vaut pas la chandelle,
La
veuve peut bien attendre…
Clôtho (Camille Claudel) |
J'irais bien ainsi encore un bout de chemin,
Rien que pour sentir encore la vie en moi,
Rien que pour voir le jour, pâle, se lever,
Et la rose éclore dans mon jardin d'hiver.
Oui, rien que pour entendre l'enfant babiller,
Le merle chanter, la ville s'agiter sans moi,
Rien que pour sentir encore la Tramontane,
Ébouriffer le reste de ma chevelure
argentée.
Balzac (Rodin) |
Rien que pour profiter de la caresse du soleil,
Rien que pour vivre encore un peu…
Encore un peu…
Encore un peu…
Exister dans le cœur de ceux que j'ai aimés
Encore un instant…
Une
heure, une minute, une seconde,
Le
temps qu'ils me disent un dernier, je t'aime…
Que
je leur dise un dernier, je vous aime…
Nous sommes si peu de chose,
Le temps nous emporte là où il sait.
Languissons-nous de bien vivre le présent,
Cette aumône qu'il nous fait.
Repoussons le futur, il ne peut être que morose...
Vivons
!
Vivons
!
Vivons
comme si l'immortalité nous attendait…
L'age mûr - 2eme version (Camille Claudel) |
Texte et photos : Christain Bailly - Musée Rodin - Paris
04/05/2023
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