jeudi 30 janvier 2025

Mordorure

 

Photo Didier Mur


Ambiance mordorée d'un jour d'hiver,

Où l'horizon se perd entre ciel et terre.

Sur la plage, errances fantomatiques,

Elles attendent que Jupiter abdique,



Qu'il se meurt, dans un bain vermeil,

Et se laisse aller à un profond sommeil.

Alors les ténèbres auront leur théâtre,

Décors de suie et d'ombres grisâtres.



Quand les âmes oubliées auront déserté

De cet instant figé à l'astre suspendu

Ne restera que l'attente de le retrouver.



Le retrouver...

De l'autre côté de ce monde consacré,

Renaissant des cendres froides de la nuit,

Pour une résurrection à jamais renouvelée.


Photo Michel Brel

Christian Bailly

Tous droits réservés

30/01/2025


mardi 28 janvier 2025

Pygmalion

 



Magritte - Thérapeute


Enfermée dans une cage dorée,
Mon âme vivait une fiction.
Elle ne pensait qu'à s'envoler,
Pour de nouveaux horizons.

Derrière ces barreaux dressés,
Entre sa réalité et ses rêves,
Entre ses désirs et la pudicité,
Elle ne connaissait pas de trêve.



Sidi Amor Fayache - le saint-fou au corps dénudé


Enchaînée à ses pulsions,
Elle songeait à s'émanciper,
À laisser parler ses émotions,
Par ma chair, revendiquées.

Mais alors comment se défaire
D'un carcan par soi façonné ?
Mais comment se soustraire
Aux arbitraires de la société ?



Musée Fabre - Montpellier -
 Détails - La mort d'Abdel - Fabre François-Xavier
Photo Christian Bailly


Fallait-il implorer la mort
Pour pouvoir s'échapper ?
Ou prendre sa vie par les mors,
Décider enfin de sa destinée ?


The Scaffold - Steven Kenny



Enfermée dans une cage dorée,
Mon âme perdait ses illusions,
Peu à peu, se laissait emporter,
Dans une profonde prostration.


Un homme triste - Sylvie Guillot


Se résigner n'est pas la solution,
À chacun, sa vie, son combat.
La mort est une aberration,
Je devais clore ce funeste débat.

À la vie, il me fallait du mordant,
C'était le prix de ma liberté.
J'ai cru y perdre cependant,
Mon âme, et avec son intégrité.



The Flagellation of Our Lord Jesus Christ -
William-Adolphe Bouguereau


Je crus voir pour ma réputation,
Le fond du fond des abysses,
Mais j'y gagnais de l'admiration,
Les baumes qui guérissent.



Musée Fabre - Montpellier -
 Ulysse sauvé du naufrage par Minerve aborde à l'île de Calypso -
Trémolière Pierre-Charles
Photo Christian Bailly



L'amour, de ses ailes maternelles,
Me fit découvrir les bienfaits.
J'étouffai mes intestines querelles,
Une nouvelle âme, je me greffai.


Versailles - Les Jardins
Photo Christian Bailly


J'avais rencontré mon Pygmalion,
De mon marbre, je renaissais,
Pour découvrir cette passion
Qui ne s'éteindra jamais.



Photo Christian Bailly

Christian Bailly
Tous droits réservés
12/10/2012

vendredi 24 janvier 2025

L'asile des mots

 


Autoportrait avec un ami par Raphaël


Quand les mots n'étaient plus qu'un asile

Pour me cacher, pour camoufler ma folie,

Je dissimulais cet amour singulier et interdit

Dans mes vers, l' "elle" travestissait l' "il"!



Ma honte, ce sentiment qui dérange,

Envahissait mon cœur en exil.

Ma honte, ce désir de mâle qui démange,

S'emparait de mon corps viril.

Ma honte, mon âme maudite et étrange,

Était prête à mettre un destin en péril.


Valérie Renoux



C'était sans compter sur l'amour véritable,

Celui qui est à la source de douces folies,

Celui qui se désintéresse de tous les non-dits,

Dans mes vers, les preuves irréfutables 


Ingrid Douchin


Aux mots, mes maux,

Sur une page immaculée.

À mes maux, des mots,

Pour enfin endosser

Ce moi, qui préfère les "il", aux "elles",

Ce moi, qui ouvre enfin ses ailes,

Pour une toute nouvelle destinée !


du net


Ma fierté, ce sentiment qui dérange,

M'a fait sortir de mon exil.

Ma fierté, ce désir qui me démange,

Épanouit mon corps indocile.

Ma fierté, mon âme déchue, la venge,

Prête à vivre ce destin qui se profile.



Alors…

Sur ma page blanche,

J'ose divulguer le "il".

Ma plume franche,

Dévoile mes amours virils.

En mots, mon Bonheur,

Sur ces pages partagées,

Pour exprimer, pour expliquer,

L'universalité des lois du cœur,

L'universalisme de l'amour.


Christian Bailly

Tous droits réservés 

001/02/2016

mercredi 22 janvier 2025

Le vieil homme et la mer




Il est là, il ne résiste plus aux vagues du temps.

Il sait, au fond de lui, qu'un jour la dernière marée

L'emportera au loin, pour une autre contrée,

Où le temps cruel ne montrera plus les dents.



L'onde ridée, lui rappelle son visage creusé,

Martyriser par les épreuves cuisantes de la vie.

Il a beau y réfléchir, il n'a vraiment plus envie

De se battre contre les éléments obstinés.



Assis sur le rocher, ancré depuis des millénaires,

Il contemple longuement ce spectacle immuable.

Il se plonge dans son passé qu'il sait peu louable.

Que ferait-il donc de sa vie si c'était à refaire ?


Comme l'onde, il a connu bien des coups de tabac. 

Comme elle, il connaît des moments de quiétude,

Il sait, c’est d'elle qu'il a acquis ses certitudes.

Pour tous, la vie n'est faite que de hauts et de bas.




Mais à cet instant du coucher qui a tout du miracle,

La poésie de la nature est là, devant ses yeux.

Elle rend obstinément aux hommes prétentieux,

Dans une palette d'ocres et de vermeils, ses oracles.





Mais personne ne les entend...

Sauf le vieil homme et la mer,

Assis à regarder le couchant

Qui met le feu à la terre…

 

Texte et photos : Christian Bailly

Tous droits réservés

20/01/2025.

vendredi 17 janvier 2025

Mon amour, j'ai laissé…

 

Mon amour, j'ai laissé…

 

J'ai laissé mon cœur transi sur ton oreiller,

Pour parler à ton oreille et rassurer tes rêves.

 

Pierre-Auguste_Renoir


À ma place, j'ai laissé les draps tout froissés,

Pour que tu te souviennes de nos plaisirs.

 

J'ai laissé mes ardeurs sur notre couche,

Pour que tu t'impatientes de mon retour.


Vincent Van Gogh

 

J'ai laissé mon esprit errer dans la maison,

Pour que tu oublies le silence de l'absence.

 

J'ai laissé, chez nous, l’empreinte de mon âme,

À toi seul prédestinée pour la vie, à jamais.

 

Loin de toi, je ne suis qu’une ombre vagabonde,

Une âme en sursis, un cœur sans raison d’être.

 

Alors

Je t'ai laissé tout de moi, le temps de notre séparation,

Pour être sûr de revenir me blottir dans tes bras,

 

Et te dire, je t’aime !


Zulu Art

Christian Bailly

Tous droits réservés

13/01/2025

vendredi 10 janvier 2025

La complainte d'un vieux fou



 

Je ne suis qu'un vieux fou !

 

Sans cesse, vers toi, mes pensées

Amoureuses et ardentes vagabondent,

Me tourmentent et me dévergondent,

Font de moi un vieil amant obsédé.

 

Un enchantement qui dure et qui dure,

Que les mots n'exorcisent même pas.

Je ne sais pas résister à tes appâts.

De cette tourmente, j'aime les griffures.

 

Je ne suis qu'un vieux fou !

 

J'assume cependant tous mes délires,

Trop heureux de vivre ces instants.

Ils me sont donnés au dénouement

De mon destin, qui lentement expire.

 

Instant de grâce tant de fois inespéré

Auquel je ne croyais plus vraiment.

Un regard, un baiser de mon amant,

Font de moi un vieux poète enchanté.

 

Je ne suis qu'un vieux fou !

 

Un vieil homme follement amoureux,

Je veux vivre l'automne de ma vie,

Comme un printemps s'épanouit

Sous les premiers éclats généreux.

 

Je gribouille des pages et des pages,

Pour perpétuer cet amour qui nous tient.

De ma destinée, tu es le magicien,

Tu le sais, tu as tous mes suffrages.

 

Je ne suis qu'un vieux fou !

 

Non ! Ma vie n'est point chimérique,

Quand sur moi, tu refermes tes bras,

Mon âme oublie ses singuliers combats,

Mon cœur se repaît de l'instant onirique.

 

Peu importe si Thénatos m'emporte

Un jour pour le Tartar, pour expier.

Je n'étais pas destiné pour l'Elysée.

J'aurais ce bonheur vécu pour escorte.

 

Je ne suis qu'un vieux fou !

 

Merci de faire de moi ce vieux fêlé,

Je t'aime à la folie comme à vingt ans.

Je ne vois plus les larmes du temps

Imprimées sur le papier glacé du passé.

 

Des hommes, je suis le plus comblé,

Je me complais dans cette folie.

Mes turpitudes, par l'amour, abolies,

Laissent enfin la place à la félicité.


Christian Bailly

Tous droits réservés

jeudi 9 janvier 2025

La p’tite fée et l’escargot

 



 

Sans vraiment s'en rendre compte,

Une p'tite fée ingénue,

Qui avait un beau petit cul,

Et de jolis petits seins,

Faisait baver un escargot dans le jardin...

 

"Bon sang, que ne suis-je pas un prince,

Pour goûter à tout ça ? Mince !"

Se disait-il en la voyant...

 

Au désespoir, la nuit venue,

En pensant à l'ingénue,

Partout dans le jardin,

Il laissait la trace de son chagrin,

Qui scintillait au soleil, dès le matin...

 

Un jour, la reine des fées,

Qui se faisait très très âgée,

Avec empathie, s'en est inquiétée...

"Pauvre escargot", se dit-elle,

"À ce train-là, il va finir par se dessécher..."

Aussi, elle le prit en pitié,

Tout en sachant que c'était le dernier vœu

Qu'elle pouvait réaliser pour rendre heureux

Une âme en peine, près du trépas…

"Abracadabra ! Abracadabra !

Bave de crapaud et langue au chat

Beau prince, tu deviendras !"

 

Et le miracle se fit...

L'escargot devint un beau prince !

 

Sans perdre de temps de serrer la pince

De la très vieille fée

Déjà en train d'agoniser,

De bon matin,

Il alla dans le jardin,

Pour bien vite se régaler

Des beaux atours de la p'tite fée

Devenue une princesse de toute beauté...

Qui l'attendait au pied

D'un éclatant rosier.

 

Mes amis,

Voilà pourquoi vous voyez dans vos jardins

Des traces scintillantes, tous les matins.

De tous les autres escargots, au désespoir,

De ne jamais connaître la gloire

De devenir un jour un prince couronné

Elles sont leurs larmes versées,

En pensant aux petites fées

Qu'ils ne pourront jamais goûter...


Christian Bailly

Tous droits réservés 

14/05/2024

lundi 6 janvier 2025

À l'heure où l'aurore...







À l'heure où l'aurore

Brode de fil d'or,

De la tête aux pieds,

Les arbres décharnés,

Et tisse de fil d'argent,

La prairie sertie de brillants,

La campagne se réveille

Baignée d'un rayon de soleil.




Les bœufs, insensibles

À cette beauté tangible,

Paissent, paisiblement,

Cette rivière de diamants

Étalée sous leurs sabots.



Dans la haie, en lambeaux,

Des corbeaux croassent,

Entre eux, ils bavassent

Comme des vieilles,

Tout en scrutant le ciel.



Aux pieds, des chênes,

Se joue une autre scène.

Des rouges-gorges sautillent

De brindilles en brindilles,

Picorent, le sol encore gelé,

Avant, de plus loin, s'envoler.





À l'affût, un vieux matou,

Sorti de je ne sais où,

Est à l'affût, devant ce mets.

Il serait mieux, à fainéanter

Devant le feu de cheminée,

Vivement en train de crépiter.



Un épervier, d’un poteau,

Semble observer de haut,

De ce monde, les merveilles.

Il scrute une proie qui s'éveille.

Une tragédie va se jouer,

Si personne ne vient la déjouer.





Moi, j'observe ce paysage

Qui résiste aux outrages

Du temps tenace qui passe.

Déterminé, sa route, il trace.



Je me rappelle mon enfance,

Dont il me reste les souvenances

De cette paisible campagne.

À jamais, elle m'accompagne.





Texte et photos : Christian Bailly

Les Chabins - 18380 - Ivoy le Pré - (Cher)

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06/01/2024