Sur les rives de mon désespoir
Je flirte avec ma lame de rasoir.
Mon âme, dans le miroir,
M'envoie à l'abattoir.
À la radio, la plainte d'un violon
M'emporte dans le tourbillon
De son manteau de frissons,
Me harcèle de son obsession.
Mon cœur lacéré par la souffrance,
Use de sa passionnelle prédominance,
Demande son ultime délivrance,
M'appelle à la désobéissance.
Sous mes pieds, ma vie vacille.
Sans pitié, elle me torpille.
Je sens que je pars en vrille,
En moi, tout décanille.
Je ne suis déjà plus que l'ombre
De mon ombre, je sombre.
Mon corps m'encombre
S'habille de pénombre.
Soudain le gémissement du carillon
Me sort de mes sordides divagations,
Met fin à ma prédétermination.
Une lueur ensoleille mon horizon.
J'ouvre… Tu es là, pour moi.
Rien que pour moi…
À tes pieds, je foule mon désarroi,
Sur tes lèvres, je dépose mon émoi.
Mon cœur chante victoire.
Je range mon rasoir dans le tiroir.
Mon âme, dans le miroir,
S'illumine d'espoir.
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Stanton Macdonald-Wright |
Christian Bailly
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