Antoine, Mon ami
Aujourd’hui, ma poésie est en deuil,
L’encre est plus noire que d’habitude,
Les mots du poète se recueillent,
Ma plume trouve le vélin trop rude.
Instant cruel que celui des hommages,
Sans trahir de ta personne la mémoire,
Écrire de ta vie, les plus belles pages,
Ne pas oublier, raconter ton histoire.
Quand vacillent d’autres flammes,
Et résistent au tourbillon du temps,
C’est une rafale qui emporta ton âme,
Et nous laisse orphelins, brutalement.
Ce vent mauvais a soufflé ta chandelle,
Et laisse notre amitié dans l’errance.
Personne pour entendre nos appels,
Dans la nuit sans étoiles de l’absence.
Elle te ressemble peu, cette sortie précipitée.
Je ne reconnais pas ton flegme « normand »
Que j’ai bien des fois, en toi, admiré.
Tous, nous trouvons ce départ fort diligent.
Antoine, tu nous a tous surpris.
J’ai beau me questionner,
Tu nous laisses abasourdis.
Pas d’autre choix que de te pleurer.
Alors… Alors, voici l’heure
Où il nous reste les souvenirs,
Ceux qui nous font du bien,
Ceux qui nous font sourire,
De la vie tous ces petits riens,
Qui nous font chaud au cœur.
Je me souviens de tout ce temps,
Passé ensemble au travail,
À partager déboires et réussites
Toute une époque, vaille que vaille !
Te rappelles-tu ?
Nos discussions politiques animées,
Avec nos camarades et amis…
L’instant café-croissants consacré,
Le rituel attendu du vendredi.
Et ces fameuses tartes aux fraises,
Elles me rient encore au ventre,
À l’époque, on ne filait pas l’anglaise
On ne laissait pas sa part, diantre !
Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
À prendre la vie du bon côté.
Comme ce temps est bien loin…
Par le vent mauvais emporté !
Je me souviens avec déférence
Ces soirées que tu as animées,
Alors que nos corps, en cadences,
Se dépensaient, sans compter.
Je revois encore ton sourire amusé.
Nous, nous avions le diable au corps,
Nous avions perdu nos vertes années,
Mais pas la rage de vivre, encore.
Antoine, Mon ami
Je veux ici te dire mille mercis,
Devant toute cette assemblée,
Pour tous ces moments de notre vie,
Où tu as su témoigner de ton amitié.
Quand prenait un autre tournant
Nos destins, sur un chemin éprouvant,
Tu as su être là, à chaque instant,
Je te suis éternellement reconnaissant.
De la photographie, tu avais la passion.
Je te dois de regarder aujourd’hui
Le monde autrement, avec émotion,
Une fenêtre sur la poésie de la vie.
De ces images qui figent le temps,
Aux mots qui éternisent les instants,
Il n’y avait qu’un pas pour illustrer
Nos destins et leur offrir l’éternité.
Je l’ai franchi un jour de détresse,
Pour leur faire dire ma vérité,
Nos chagrins, nos heures de liesse,
Mais aussi nos amours, nos amitiés.
Aujourd’hui de ces mots qui me viennent,
De je ne sais pas vraiment où, ni comment,
Certains, maintenant, pour toi, me reviennent
Ils parleront à tes amis, certainement.
Ils parleront…
Ces mots que l'on ne dit pas,
Mais que l'on pense tout bas…
Ils résonnent dans nos pensées,
Mais l'on n'ose pas les prononcer…
Parfois, ils font chavirer nos cœurs
Et nous mettent en chaleur…
On les retient au bout des lèvres
Et ils nous donnent la fièvre…
Ces mots qui avivent nos ardeurs
Et que l'on tait par pudeur.
Ces mots bien trop galvaudés
Usés d'être communément usités
Mais qui peuvent faire le bonheur.
De l'amour, de l’amitié, ils ont la saveur.
Pourtant, simples comme bonjour,
Ils nous valent souvent bien des détours
Pour avouer tout simplement
La grandeur de nos sentiments.
Parait-il, le silence est d'or
Mais ces mots la sont un trésor
Et pour soi de les garder
Serait d'une parfaite impiété…
Alors de la part de cette assemblée
Pour toi réunie, je sais, je peux les dire
J’ose les dire…
Antoine, nous t’aimons !
Christian Bailly
Tous droits réservés
03/02/2022
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