Au milieu de ma nature, coulait un ruisseau,
Où en été, je me lavais de mes peines d'enfants.
Là, déjà, j'aimais oublier le temps qui se languissait,
J'étais chez moi, dans mon monde, sans les hommes...
Gaston Laborde |
Au milieu des iris, des joncs, sous les saules pleureurs,
Je cachais ma différence et mes questionnements.
Dans l'eau claire et sauvageonne, je pansais mes plaies.
Le soleil semait sur les flots des rivières de diamants.
Je les ramassais dans mes petites mains innocentes.
Elles s'enfuyaient au fil de l'eau entre mes doigts,
En gouttelettes indomptables et étincelantes.
Elles étaient toute ma fortune et j'étais heureux.
Un concert de sauterelles, de grenouilles amoureuses
De fauvettes et d'alouettes, et de merles chanteurs,
Accompagnait mes jeux d'eau ou bien mes rêveries.
Volage, je pourchassais les têtards ou les papillons.
Je m'allongeais sur un lit douillet de boutons d'or,
Sous le dais de verdure généreuse de sa fraîcheur,
Et déjà, là, je refaisais le monde à ma convenance,
Dépourvu de ses sempiternelles malveillances.
Auguste Renoir |
Je m'envolais sur les ailes des libellules arc-en-ciel,
Pour des pays imaginaires et lointains où j'étais roi.
Un roi dépouillé de sa fortune, mais riche de ce monde
Qui vivait à mes pieds, et m'entourait de bienveillance.
Le lavoir, abandonné par les lavandières cancanières,
Devenait mon château et par sa large toiture céleste,
Des couples de colombes venaient se désaltérer.
Là, je ne risquais que les assauts du temps présent.
Sur le retour…
Je n'avais qu'à tendre la main au-dessus des murs,
Pour cueillir des fruits de saison, parfois à peine mûrs.
Leur amertume me faisait grimacer la plupart du temps.
Obstiné, pourtant, j'y revenais, et je mordais à pleine dent.
Guyot M |
Je courais notre modeste village, les bois, les champs,
J'arpentais mon royaume en long, en large et en travers.
Ces frontières étaient au bout ma fatigue ou de ma faim.
Chênes, aulnes ou peupliers en étaient les douaniers.
Ni montre, ni portable, seulement le soleil dans le ciel,
Pour nous dire toutes ces heures passées à gambader.
Un peu avant le dîner, la cloche maison de mon aïeul
Raisonnait jusqu'au bout de notre village sans clocher.
Louis Le Nain |
Ce n'était pas pour les vêpres, il était bel et bien athée.
Il me restait un quart d'heure pour être à pied d'œuvre,
Me faire tout propre, présentable, et mettre la table.
Été comme hiver, l'heure, c'était l'heure, à sept heures !
Je revenais souvent avec un bouquet de fleurs sauvages
Pour ma grand-mère qui me donnait tant d'amour…
Plus question de jouer, de folâtrer ou de rêvasser,
Au pied de la porte, je déposais ma couronne de galopin...
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11/06/2022
Bernard Denizot
RépondreSupprimerRetour sur ton passé : c'est beau et j'ai aimé
Kris Bailly
Auteur
Oui, Bernard, il y a des jours où j'aime me bercer de ces souvenirs d'enfance... J'en garde les bons souvenirs même si les moins bons me restent en mémoire ... Bisous de nous deux.j
Thomas Martin
RépondreSupprimerBonjour Kris 😘
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Kris Bailly
Thomas Martin Bonsoir Thomas ! A bientôt
Phil Grevesse
RépondreSupprimerTrès beau texte
Répondre2 j
Kris Bailly
Phil Grevesse Merci beaucoup Phil ! Belle fin de soirée et à bientôt
Remy Pellicer
RépondreSupprimerTrès beau, beaucoup de réminiscences
Répondre2 j
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Kris Bailly
Remy Pellicer Merci Remy ! En effet ! Il y a des choses de notre passé que nous n'effaçons jamais, les bons souvenirs... Les autres, nous les rangeons au fond d'un tiroir, et gare si nous venons à l'ouvrir par inadvertance... Belle fin de soirée à vous deux
Sébastien Bodin
RépondreSupprimerC est, beau, très bien écrit
Répondre2 j
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Kris Bailly
Sébastien Bodin Merci beaucoup d'apprécier Sébastien ! Belle soirée et à très bientôt
Michel Biart
RépondreSupprimerMerci, bien cher Christian.
Répondre2 j
Kris Bailly
Michel Biart Tout le plaisir est pour moi mon cher Michel ! Belle nuit à toi et à bientôt
Pierre Biras-Strasky
RépondreSupprimerle chemin de la liberté...☀️
Répondre1 j
Kris Bailly
Pierre Biras-Strasky D'une certaine liberté Pierre.... Tout n'était pas permis, loin de là... 😉 Il n'y avait pas de caméras pas des yeux pour voir et si nous faisions une bêtise le rapport était vite fait aux parents qui s'appliquaient à nous remettre dans le droit chemin ... 😉 Ce n'était pas comme aujourd'hui !
Véronique De la Flor :C'est magnifique ! J'aime toujours tes textes ou tes poèmes... Tu as une imagination débordante et quel talent ! Merci beaucoup Christian pour ce partage... Je te souhaite un bel après-midi... à l'ombre ! 😓
RépondreSupprimerÀ Véronique De la Flor De rien Véronique... C'est moi qui te remercie... Tu sais ce n'est pas seulement de l'imagination. Ce poème reflète vraiment des moments vécus dans mon enfance, comme d'autres des sentiments ou des états d'âme ressentis. Bonne soirée et à très bientôt Véronique
SupprimerClaudio Piantoni
RépondreSupprimerVous ete extraordinaire gros bisous
KRIS à Claudio Piantoni c'est sympa Claudio. Merci
Jean François Valade
RépondreSupprimerC est magnifique kriss,je me retrouve complètement dans tes paroles,ca fait du bien de se rappeler de tout cette epoque
Kris
Jean François Valade
Merci Jean François. Je suis content d'avoir fait ce voyage dans le temps avec toi. A bientôt
Gerard Agullo
RépondreSupprimerMagnifique Tu es formidable Kriss
Krus à Gerard Agullo Merci beaucoup Gérard
Patrick Samyn
RépondreSupprimerJoli texte
Kris à
Patrick Samyn Merci beaucoup Patrick. Bonne soirée