Solange,
Je suis
arrivé dans votre maison d'une façon inattendue, mais vous m'avez
reçu les bras ouverts et le cœur généreux.
Tu étais
rassurée que je sois là pour Thierry et tu m'as dit alors "Je te le
confie". Je tiendrai ma promesse, Solange, je te le dis devant tous,
ici.
Au retour
d'une nos visites à Gigean, même si je ne suis pas ton fils, je
t'avais écrit ce poème, tel que je ressentais ces choses qui me remuaient
à chaque fois, en te voyant, et aussi tel que je pensais qu'Alain et
Thierry pouvaient les ressentir.
Pour l'occasion, bien sûr, je viens de rajouter le tout dernier paragraphe.
Petite Maman,
Tu t’en vas…
Tes souvenirs s’envolent,
Alzheimer te les vole,
Et avec, les miens.
J’ai beau te prendre la main,
L’oubli a pris la place de ton âme,
Sans une douleur, sans une larme,
À part les miennes.
Il ferme les persiennes
De ton regard qui s’enfuit,
Pour y imposer l’ennui.
Petite Maman,
Tu t’en vas…
Un grand vide s’installe,
Ta mémoire détale,
Le passé, tu le ratures,
Tu oublies de parler du futur,
Le présent est un grand vide,
Le mal est là, perfide !
Ta vie nous échappe,
Le destin, sur toi, pose sa chape,
Les mots déguerpissent,
Les phrases s’évanouissent.
Petite Maman,
Tu t’en vas…
Que te reste-t-il de ta vie,
Des images sépia en sursis ?
Des noms, des visages ?
Des dates, des paysages
Perdus dans les méandres
D’une mémoire à te rendre ?
Sans le vouloir, tu nous bannis,
Et nous, nous sommes démunis,
Pour avec toi, restaurer
Ce qui reste de ton passé.
Petite Maman,
Tu t’en vas…
Sans toi, la maison est vide,
Nos souvenirs se rident,
Ta douce frimousse se fripe,
Et moi, j’ai mal aux tripes,
De te voir nous oublier,
Tout oublier de notre destinée.
Que reste-t-il de ton amour
Qui s’enfuit chaque jour ?
Un refrain, une rengaine,
Une valse de Vienne ?
Pour moi, retiens le jour !
J’ai besoin de ton amour,
D’exister dans tes yeux,
Pour refuser ce futur odieux,
Où je ne serais qu’une ombre,
Dans ta mémoire qui sombre.
Petite Maman
Ne t’en va pas…
Petite maman
Tu es parti à petit pas
Tout doucement, sans faire de bruit
Comme tu as vécu toute ta vie
Tu as fermé la porte derrière toi
Et nous, nous sommes restés là devant toi.
À questionner silencieusement,
Le pourquoi du comment,
Perdus, le cœur en vrac, les bras ballants.
Tandis que ta flamme vacillait, pourtant,
J'apprenais encore de la vie, son essentiel,
Ce qui est de nos destinées, le miel
L'amour !
Une flamme s'est éteinte,
Les hommes ont allumé une bougie,
Dehors, les oiseaux continuent de chanter...
À Solange…
À Alain et Thierry, ses fils…
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