mardi 27 juin 2023

Solange

 

Solange,



Je suis arrivé dans votre maison d'une façon inattendue, mais vous m'avez reçu les bras ouverts et le cœur généreux.

Tu étais rassurée que je sois là pour Thierry et tu m'as dit alors "Je te le confie". Je tiendrai ma promesse, Solange, je te le dis devant tous, ici.

Au retour d'une nos visites à Gigean, même si je ne suis pas ton fils, je t'avais écrit ce poème, tel que je ressentais ces choses qui me remuaient à chaque fois, en te voyant, et aussi tel que je pensais qu'Alain et Thierry pouvaient les ressentir.

Pour l'occasion, bien sûr, je viens de rajouter le tout dernier paragraphe.




Petite Maman,

Tu t’en vas…

Tes souvenirs s’envolent,

Alzheimer te les vole,

Et avec, les miens.

J’ai beau te prendre la main,

L’oubli a pris la place de ton âme,

Sans une douleur, sans une larme,

À part les miennes.

Il ferme les persiennes

De ton regard qui s’enfuit,

Pour y imposer l’ennui.


Petite Maman,

Tu t’en vas…

Un grand vide s’installe,

Ta mémoire détale,

Le passé, tu le ratures,

Tu oublies de parler du futur,

Le présent est un grand vide,

Le mal est là, perfide !

Ta vie nous échappe,

Le destin, sur toi, pose sa chape,

Les mots déguerpissent,

Les phrases s’évanouissent.


Petite Maman,

Tu t’en vas…

Que te reste-t-il de ta vie,

Des images sépia en sursis ?

Des noms, des visages ?

Des dates, des paysages

Perdus dans les méandres

D’une mémoire à te rendre ?

Sans le vouloir, tu nous bannis,

Et nous, nous sommes démunis,

Pour avec toi, restaurer

Ce qui reste de ton passé.


Petite Maman,

Tu t’en vas…

Sans toi, la maison est vide,

Nos souvenirs se rident,

Ta douce frimousse se fripe,

Et moi, j’ai mal aux tripes,

De te voir nous oublier,

Tout oublier de notre destinée.

Que reste-t-il de ton amour

Qui s’enfuit chaque jour ?

Un refrain, une rengaine,

Une valse de Vienne ?

Pour moi, retiens le jour !

J’ai besoin de ton amour,

D’exister dans tes yeux,

Pour refuser ce futur odieux,

Où je ne serais qu’une ombre,

Dans ta mémoire qui sombre.


Petite Maman

Ne t’en va pas…



Petite maman

Tu es parti à petit pas

Tout doucement, sans faire de bruit

Comme tu as vécu toute ta vie

Tu as fermé la porte derrière toi

Et nous, nous sommes restés là devant toi.

À questionner silencieusement,

Le pourquoi du comment,

Perdus, le cœur en vrac, les bras ballants.

Tandis que ta flamme vacillait, pourtant,

J'apprenais encore de la vie, son essentiel,

Ce qui est de nos destinées, le miel

L'amour !


Une flamme s'est éteinte,

Les hommes ont allumé une bougie,

Dehors, les oiseaux continuent de chanter...



À Solange…

À Alain et Thierry, ses fils…



Texte et photos ; Christian BAILLY

Tous droits réservés

13/06/2023




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