Après la grande
parade au travers de la ville en fête,
C'est sur l'air de
"La Louise" qui fait tourner la tête
Valser les barques
sur le Cadre Royal renommé,
Et le "Salut des
jouteurs", que tout peut commencer.
Dans les gradins
pavoisés, la foule fiévreuse s'agite.
Sur une barque en retrait, un goéland narquois s'invite.
Aux rames, de solides
gaillards, aux muscles saillants,
S'apprêtent à lancer
les barques chargées de concurrents.
Aux sons joyeux et
frivoles du hautbois et du tambourin,
Perchés sur leur
tintaine, au-dessus du grand bain,
Les chevaliers, tout
de blanc vêtus, de loin, se toisent,
Se saluent, respectueux
des habitudes courtoises.
Nos gaillards se
plantent fermement sur leurs cuisses.
Les muscles se
gonflent, les épaules s'affermissent.
Sur les traverses, en
couple, chacun est à sa place,
Les barques s'élancent pour la première passe.
Alors que retentit "la Charge" sétoise et héroïque,
Consciencieusement,
les barreurs restent stoïques.
Déjà, les lances se
lèvent pour le choc frontal et viril.
Les épaules
s'avancent pendant que les barques filent.
Sur les quais pris
d'assaut, la foule houleuse s'amasse.
Les barques se
frôlent pour un corps-à-corps fugace.
Les mains, les bras,
les fesses, les reins se durcissent,
De la victoire, tout
de leurs corps devient complice.
Les jouteurs se
cambrent, la pointe mord le pavois,
En plus de leur
force, ils y mettent tout leur poids.
Mais le poignet
glisse sur la lance, sous la pression,
Le vaincu déjà s'envole pour un ultime plongeon.
Sur sa tintaine, le vainqueur, fièrement, se dresse.
Tous réunis, les
amis, les familles, lui adressent
Les applaudissements
qu'il mérite, avec ferveur.
Dans les gradins, les
assentiments des connaisseurs.
La lance et le pavois au vent pour un ultime salut,
Il peut céder de
bonne grâce sa place au prochain élu.
Les lourdes barques
s'éloignent pour une volte-face,
Déjà, chacune se
prépare pour la prochaine passe.
Là, dans cette arène nautique, le peuple Sétois vibre.
Le cadre royal et les
joutes en sont l'intime fibre.
Tout au long de ces
journées sacrées de la Saint-Louis
Une multitude de
chevaliers de tous âges se défient.