vendredi 26 avril 2019

Quand vient le temps

Le lament d'Icare - Herbert James Draper


Quand vient le temps du dernier soupir
Baigné des larmes du regret du partir…
Quand vient le temps contraint d'abdiquer,
D'abandonner le combat pourtant acharné,
Alors arrive l'instant cruel de s'éclipser
Comme une étoile dans un ciel tourmenté.


Sapho à Leucade - la mort de Sapho - Jean-Antoine Gros

Quand vient le temps d'éteindre la bougie,
L'instant funeste des grandes mélancolies
De connaître de l'existence sa scélératesse,
Quand tombe sur nous le rideau de tristesse,
Alors arrive  l'instant crucial de se retirer
De quitter les planches sur la pointe des pieds.

Autoportrait avec la mort au violon
Autoportrait avec la mort ... à Arnold Böcklin

Aux survivants, le temps des afflictions,
Face à cet ineffable destin, la résignation.
Advient l'instant amer du partage de la peine
Pour cette âme qui a trop tôt quitté la scène.
Nos éternels adieux, notre chagrin inexorable
Les preuves de notre amour incommensurable.

Le deuil d'Andromache
Le deuil d'Andromache - Jacques Louis David 

Quand passe le temps des grandes pudeurs,
De libérer les dernières vagues de pleurs,
Alors advient le temps des souvenirs,
De ses instants qui vont nous endolorir.
Alors vient le temps de veiller sa mémoire,
De ressortir les photos jaunies de l'armoire.

La mort de Hyacinthe - Giovanni Battista Tiepolo

Quand vient le temps d'apaiser notre ferveur,
Arrive l'instant de désapprendre la douleur.
Quand passe le terme de la colère légitimée,
Arrive l'instant de sublimer l'icône de l'aimé,
Arrive l'instant des douces réminiscences,
Bercées par les bonheurs en réviviscence…

The death of Hyacinth - Jean Broc

Quand vient le temps d'accepter le mystère,
Les conditions de notre passage sur terre,
Arrive ce à quoi nous sommes assignés,
Dès les premiers instants de notre destinée.
L'homme à la primauté de son intelligence,
Au prix d'avoir de sa fatalité, la conscience.

Leighton - Hercule luttant contre la mort pour le corps d'Alceste - 1871
Frederic Leighton - Hercule luttant contre la mort pour le corps d'Alceste

Quand vient le temps …
Quand vient le temps, le temps s'arrête …
Quand vient le temps, le temps s'arrête
Et puis reprend…



Chritian Bailly
Tous droits réservés
27/09/2014

vendredi 12 avril 2019

L'Yerres



Sous le crépuscule des aulnes argentés,
Caressant l'onde miroitante et radieuse,
Coule une rivière sereine et silencieuse,
À peine ridée par une brise enjouée.



Effleurée par les araignées d'eau,
Sur ce grand miroir aux reflets d'argent,
Libellules et demoiselles au vol hésitant,
Viennent se mirer, posées sur les roseaux.



L'azur, en percées bleutées, s'aventure,
Viens se baigner dans ses profondeurs.
Le soleil oublieux d'apaiser ses ardeurs,
Taille dans ses flots d'étincelantes ciselures.



Un héron cendré, pour un instant pétrifié,
Scrute, à l'affût de ses proies chatoyantes.
Sous le feuillage, une nuée turbulente,
Trouble la quiétude de son cours apaisé,


Là, tout à son vague à l'âme, le poète
Contemple le temps indifférent, qui passe
Au fil de l'eau, tandis que sa plume rêvasse,
Et que sa muse, inspirée et fidèle, s'apprête.


Texte et photos : Christian Bailly
Tous droits réservés
20/09/2016

mercredi 20 mars 2019

Avènement





Sous le lit de feuilles agonisantes,
J'entends, là, le bruissement furtif
D'un éveil imperceptible et chétif,
Annonciateur d'une ardeur renaissante.















Dans les bras nus et dégingandés
De nos illustres ombrages,
On jacasse tapageusement et sans ambages,
A qui mieux-mieux, de son arrivée.



























La bise, tiédie par un rayon bienfaiteur,
Courbe l'échine, se fait moins vaillante.
Elle sait son temps compté, l'arrogante !
De laisser sa place, voici venue l'heure.














L'hiver traîne les pieds et se débarrasse
A contre cœur de son manteau d'hermine.
Artiste-peintre accompli, dame nature fulmine,
Balance sur sa toile quelques tâches vivaces.
















Du blanc, au détour des jardins et des bois,
Du jaune, sur ma prairie encore endormie,
Où s'agite bruyamment l'imperturbable ennemi
De mon matou, beau merle moqueur et sournois.


En harmonie avec ce tohubohu retentissant,
Je sens fébrilement naître en moi un air de fête.
Mon sang, sans bouillir, fourmille dans ma tête,
M'assure, de son Éminence le Printemps, l'avènement.













Texte et photos : Christian Bailly
Tous droits réservés


dimanche 17 mars 2019

Ecritures

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L'écrivain - Peinture par Karine Lemoine

 Écrire…
Écrire avec son cœur,
Avec son corps, avec son âme,
Sans pudeur, sans fausse-pudeur,
Laisser vagabonder sa plume,
Dans la brume
De nos profonds ressentis.

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Olivier, Portrait de l'écrivain Dino Buzzati

Écrire…
Coucher nos maux,
Pour les exorciser,
Se découvrir impudique,
Devant cette dame blanche,
La couvrir de nos regrets,
De nos rêves déchus,
De nos espérances.

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 Dame blanche à l'ombrelle -Thierry Pascon
Écrire…
Confier nos secrets,
Déclarer notre flamme,
Enterrer nos chagrins
Sous un parterre de mots,
Se réveiller, se découvrir,
Percer notre mystère.

Résultat de recherche d'images pour "écrivains peintures"
du net
 Écrire…
S'épanouir sur le papier,
Trahir nos sentiments mûris
Sous le soleil de l'amour,
Voir s'enflammer nos mots
Mettre le feu aux poudres,
À nos désirs en espoir.

Résultat de recherche d'images pour "peinture écrivain amoureux"
du net
 Écrire…
Confier nos ardeurs,
Se laisser emporter
Par la ferveur qui nous anime,
Se livrer, se délivrer
De ce qui bouillonne,
De ce qui foisonne,
De notre âme.

Écrire… Écrire… Écrire…
Et un jour, s'évanouir dans l'aube...

Tableau avec cadre: Gustave Courbet, "L'homme blesse", 71 x 56 - Aluminium Classic: Doré polie
Gustave Courbet, "L'homme blesse"

Christian Bailly
Tous droits réservés
17/09/2014

mercredi 6 mars 2019

Je pense comme je veux !





Je pense comme je veux !
Donc je suis !
Aujourd’hui plus que jamais...
D’aucuns diront que je n’ai pas grandi,
D’autres, que je n’ai pas mûri,
Pour à toute ignominie, ainsi faire querelle.
Peu m’importe, je préfère garder l’esprit rebelle
De mes vingt ans, à soixante-quatre ans,
Que d’avoir les tempes sans cheveux blancs,
Et penser comme un vieux rabat-joie,
Avoir l’esprit avachi d’un bourgeois.
J’ai l’esprit libre, et je m’en félicite !
Même, je le plébiscite !
Je revendique ce que je suis,
Et surtout ce que je pense ici,
Car c’est ma liberté !
J’en profite encore pendant qu’il est temps,
Pas seulement parce qu’il m’est compté,
Mais parce que notre liberté est en danger
Quoique l’on en dise...
Sur nous, ils ont déjà la mainmise…
Toujours plus de lois, pour contraindre nos libertés,
Toujours plus de bien-pensants, pour l’autocensure, l’encourager
Toujours plus d’intégrisme, pour imposer une morale douteuse,
Toujours plus de mensonges, pour embrouiller nos pensées frileuses.
Notre pensée canalisée accepte déjà des contraintes irréversibles,
Au nom de la sécurité, sous un œil soi-disant bienveillant mais impassible.
Chacun de nous a déjà son fil à la patte grâce à son portable,.
À moins de taire chacune de nos pensées, même irréprochables
Chacun de nos faits et gestes peuvent être suivi sur la toile,
Dont peu à peu, « pour notre bien », ils lèvent le voile.
Elle s’est tissée sur nous au nom du partage des connaissances,
De la pensée universelle, de la culture et de la science,
Mais en vérité…
Nos choix sont exploités,
Nos achats sont analysés,
Nos comptes sont épluchés,
Nos images sont étudiées.
Nos paroles sont interprétées,
Notre vie, par le menu, est décortiquée
Le moindre click de souris alerte Lucifer…
Bienvenu en enfer !
« Le meilleur des mondes » est en marche…

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Christian Bailly
Tous droits réservés
06/03/2019

jeudi 7 février 2019

Lueur




Lueur d'espoir dans ta nuit secrète,
Dans l’intimité obscure de ta chair de femme.
Étincelle d'amour dans vos cœurs ;
Ils battent à l’unisson pour la voir grandir.

Lueur de vie dans l'infiniment petit,
Chaque jour plus grande et plus présente,
Un jour, elle deviendra votre étoile du berger,
L'univers infini et abyssal de votre amour.

Pour elle, un long voyage commence,
Pour passer de l’imperceptible au réel,
Matérialiser votre amour devant les hommes.
Elle cristallisera vos sentiments profonds.

Cette étoile, dans le firmament de ton corps,
Deviendra bientôt la lueur cosmique
De votre univers ; jusqu’à votre dernier jour.
Elle galvanisera votre vie et votre temps.

Pourtant immensément grand dans vos cœurs,
Un infiniment petit dans l'infini de l’univers,
Réunis en une seule et unique créature.
Pour vivre un nouveau destin sur cette terre.

De sa longue odyssée au sein de ta chair
Résultera cet indicible amour maternel,
De la mère à l’enfant, à nul autre pareil.
Un cordon ombilical invisible et indéfectible.

Au-delà des tourments de l’humanité
Cette lueur perpétuée de femmes en femmes
De mère à fille, depuis la nuit des temps
Arrive jusqu’à vous, faite de chair et de sang.

Lueur d'espoir dans ta nuit secrète,
Dans l’intimité obscure de ta chair de femme.
Étincelle d'amour dans vos cœurs.
Pour toujours elle sera le soleil de vos jours.

Déjà, elle resplendit dans le ciel de votre jeunesse
Déjà,  elle illumine le ciel de notre vieillesse.

À Marjolaine, à  Julien
A Bébé Thay…

Christian Bailly
Tous droits réservés
28/01/2019

Noces de fer

Illustrations : Photos sur Internet

Jour pour jour, il y aura quarante et un ans,
Je passais la porte en laissant derrière moi
Mon adolescence du haut de mes dix-huit ans
Pour découvrir un monde inconnu pour moi.



Toi, tu étais déjà une dame d'un certain âge,
Pour ne pas dire, excuse-moi, d'un âge certain,
Moi, un jeune freluquet prêt pour ce mariage,
Je ne prétendais pas dépasser les noces d'étains.

 
On ne paraphait pas un contrat, à cette époque,
On s'engageait pour une durée indéterminée.
Entre nous deux, il n'y avait rien d'équivoque,
Ainsi nous convolâmes pour de longues années.



À mes vingt ans, je mis un petit coup de canif,
Une petite année sabbatique sous les drapeaux.
J'avoue ce flirt aurait bien pu devenir définitif,
Mais au calot, je préférais porter le chapeau.

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Dans tes bras, tu me repris, on remit le couvert.
Au service contrôle, je regagnai donc les rangs.
Je découvrais ta complexité et tous tes revers,
Ton commerce devint vite pour moi enivrant.

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Bec et ongles, pour sûr, je défendais tes intérêts,
Plus d'une fois, je te dois mes nuits d'insomnie,
Mais pour tout ce que j'ai fait, je n'ai aucun regret,
Entre nous, loin de nous l'ennui, la monotonie.

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Avec toi, je peux dire, j'ai connu la belle époque,
Mais j'ai aussi enduré des moments épiques,
Et puis quelques coups de gueule réciproques,
Les petits heurs, qui font la routine domestique.


Certains de mes efforts sont restés illusoires,
J'attends encore ce petit merci qui encourage,
Mais avec le temps tout çà devient dérisoire,
À mon âge, je ne vais pas faire des enfantillages.



Pour moi l'heure était venue de rendre les armes
Sur toi les années n’avaient pas déposé  une ride,
Des deux, oui, c'est moi qui versai une larme
Sur le temps passé ; en vérité c'est lui qui décide.


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Non, je ne t’ai pas quittée dans l'indifférence,
Même si la retraite c'était un peu une délivrance.
Il était temps pour moi de tirer ma révérence.
J’attends encore les gages de ta reconnaissance.

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De cette laborieuse aventure au long cours,
Il me reste des visages, des sourires, des amitiés.
Nos routes se sont séparées pour toujours,
Mais je n’ai rien oublié de cette vie partagée.

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À voir aujourd’hui ta toute nouvelle destinée
Je me dis combien j’ai bien fait de te quitter.
Pour divergence, tu aurais fini par me répudier,
Pour preuve de ton ingratitude, je suis déjà oublié.

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 Adieu, donc !
Sans te ranger vraiment tout au fond d’un tiroir,
Je vais maintenant poursuivre sans toi mon histoire,
Prendre au gré de mes flâneries un nouveau chemin,
Pour vivre sous d’autres cieux la suite de mon destin.



Christian Bailly
Tous droits réservés
03/07/2014