mercredi 25 octobre 2017

Epilogue

Edward Hopper



Les vieux regardent à la fenêtre le temps qui passe,

Lassés de voir toutes leurs années chez eux entassées,

Tous les souvenirs de leur jeunesse en herbe fauchée,

Sur des photos hors d'âge, qui déjà peu à peu s'effacent.


Nicole Marbaise


La pendule, cette grande sotte, continue sa course.

Immuable, elle ponctue chaque seconde qui s'envole,

Pathétique, indifférente aux heures qu'elle immole.

Elle dilapide leur temps, et point ne les rembourse.



James Coates FineArt


Ils se regardent, l'œil chagrin de voir ce qu'ils sont.

Elle, la mine chiffonnée ne regarde plus le miroir,

Lui, le visage buriné, ne connaît plus le fil du rasoir.

Que sont devenues leurs gueules d'ange et de démon ?



Emile Vernon  -
Jeune femme aux roses


Elle se revoit, fraîche comme une rose à peine éclose.

Il se souvient du jour de juin en train de la cueillir.

Son corps, alors, était bien loin de vouloir le trahir,

De tous ses charmes, elle attendait enfin qu'il ose.



Comme il est loin le temps des moissons de bonheurs.

Il butinait sa beauté en bouton au bout de ces tétons,

S'émerveillait de ses trésors enfouis sous ses jupons,

Découvrait les senteurs délicates, suaves de sa candeur.


Jean Honoré- Fragonard

Tous deux se regardent, se comprennent sans paroles.

Sur leurs lèvres émaciées, se dessine un sourire désabusé,

Leurs mains décharnées s'unissent pour un long baiser,

Tandis que leurs cœurs fatigués de nouveau s'affolent.


Carl Wilhelm Hubner 

Même si le temps continue sur eux son monologue

Peu importe, ils s'aiment ! Alors à quoi bon regarder

Par la fenêtre, un monde ingrat qui les a déjà oubliés.

Leur vie n'est plus qu'un livre qui attend son épilogue.


du net



Christian Bailly
Tous droits réservés
27/05/2013


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