Edward Hopper |
Les vieux regardent à
la fenêtre le temps qui passe,
Lassés de voir toutes
leurs années chez eux entassées,
Tous les souvenirs de
leur jeunesse en herbe fauchée,
Sur des photos hors
d'âge, qui déjà peu à peu s'effacent.
La pendule, cette
grande sotte, continue sa course.
Immuable, elle ponctue
chaque seconde qui s'envole,
Pathétique,
indifférente aux heures qu'elle immole.
Elle dilapide leur
temps, et point ne les rembourse.
Ils se regardent,
l'œil chagrin de voir ce qu'ils sont.
Elle, la mine
chiffonnée ne regarde plus le miroir,
Lui, le visage
buriné, ne connaît plus le fil du rasoir.
Que sont devenues
leurs gueules d'ange et de démon ?
Elle se revoit,
fraîche comme une rose à peine éclose.
Il se souvient du
jour de juin en train de la cueillir.
Son corps, alors,
était bien loin de vouloir le trahir,
De tous ses charmes,
elle attendait enfin qu'il ose.
Comme il est loin le temps des moissons de bonheurs.
Il butinait sa beauté
en bouton au bout de ces tétons,
S'émerveillait de ses
trésors enfouis sous ses jupons,
Découvrait les
senteurs délicates, suaves de sa candeur.
Tous deux se
regardent, se comprennent sans paroles.
Sur leurs lèvres
émaciées, se dessine un sourire désabusé,
Leurs mains
décharnées s'unissent pour un long baiser,
Tandis que leurs
cœurs fatigués de nouveau s'affolent.
Même si le temps
continue sur eux son monologue
Peu importe, ils
s'aiment ! Alors à quoi bon regarder
Par la fenêtre, un
monde ingrat qui les a déjà oubliés.
Leur vie n'est plus
qu'un livre qui attend son épilogue.
Christian Bailly
Tous droits réservés
27/05/2013
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