vendredi 28 janvier 2022

Le Môle Saint-Louis

Vercio Audio 









Alors que le soleil hivernal

Nappe d'argent les flots sereins,

Sur le Môle Saint-Louis alangui,

Je poursuis mon chemin.

Là, derrière moi, le Mont St clair

Étend son écrin de verdure

Serti de villas bourgeoises.

À ses pieds, la ville s'agite.




Le Théâtre de la mer, massif,

Fort comme un roc,

Impose sa silhouette monumentale,

Sur son piédestal rocheux.

Dernière lui, une plaie béante

L'isole de la ville turbulente.




Au dessus, le champ de croix

Du célèbre cimetière marin

Ne plie pas son échine

Sous la brise tiède et câline

De cette journée ensoleillée.




Dans le miroir d'une flaque d'eau

Oubliée par le soleil intimidé,

Le reflet d'une illustre sentinelle,

Le phare Saint-Louis, élancé, élégant.

Sa lanterne chatouille les cieux,

Impatiente de se mesurer aux étoiles.




Le brise-lame étend son bras

Famélique vers le large,

Pour un dernier au revoir

Au ferry bedonnant et lourdaud

Qui s'éloigne à l'horizon.




De l'autre côté du chenal,

Comme des girafes squelettiques,

Les grues, immobiles et hautaines,

Narguent la ville laborieuse.




Sage, à l'abri des dangers,

Le port de plaisance assailli

De voiliers élancés,

Prend paisiblement ses aises.

Dans les gréements, le vent

Joue sa petite musique lancinante.




Autour des ailes figées

De la criée aux poissons,

Les chalutiers ventripotents

S'agitent et régurgitent

Leurs pêches miraculeuses

Du jour, qui enfin s'achemine.

Les gabians criards, chapardeurs

Se chipent les excédents

Balancés par-dessus bord.




Au loin, les retardataires,

Pourchassé par un ruban

De gabians impatients

De jouir, sans effort

De leur pitance quotidienne,

Pressent leur allure,

Pour passer le chenal.

Les voilà bientôt à bon port,

Après une journée de labeur

Passée en pleine mer

Dans le froid et les embruns.




Alors que je m'en retourne,

Sans presser mon pas,

De cette promenade apaisante

Sur le môle Saint-Louis,

J'ai encore dans mes yeux de poète

Le chatoiement argenté des flots

Sous le soleil d'hiver. 




Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés 
28/01/2022

mardi 25 janvier 2022

Départ

 




Départ

 

Les enfants sont partis,

La maison est vide.

Vide de leurs cris,

Vide de leurs chamailleries,

De leurs rires insouciants,

De leurs jeux d’enfants,

Et de leurs bons mots.

Vide de leur frivolité,

Vide de cette jeunesse

Déjà si loin pour moi…

Je plie les draps déjà secs,

De leurs parfums d’enfant.

Je mets de l’ordre à la maison,

À ce désordre joyeux,

Déjà, il me manque…

Je fracasse le silence pesant

Contre mon poste de radio.

Je regarde à la fenêtre la vie

Elle continue son chemin...

Je me retourne,

Ma muse est là... 

"Je suis là", me dit-elle,

"Toujours fidèle !"

Elle se penche sur mon épaule,

Et me regarde leur écrire ces mots…


Christian Bailly

Tous droits réservés

30/07/2021

jeudi 20 janvier 2022

Couchant hivernal

 

Version Audio



Du duel de l’ombre et de la lumière,

La finitude annoncée

Ne se détourne pas de son chemin,

Attachée qu’elle est, à ce destin renouvelé.


 


Dans un dernier éclat, l’astre succombe,

S’enlise dans le paysage qui s’endort.

Les derniers oiseaux quittent ce ciel maléfique,

Pour ne pas être touché par ce sortilège.


 


Après un flot de sang et de feu,

La nuit  jette sur la terre qu’il quitte,

Son nuage de suie,

Et tend son dais funéraire.


 

Arrivé au bout de sa course,

A l’horizon, lentement, il se couche,

Emportant avec lui dans son deuil,

Les tourments du monde.



Christian Bailly

Tous droits réservés 

19/01/2022


 

samedi 15 janvier 2022

Souvenances

 

Version Audio


Vous rappelez-vous les vertes prairies

De vos années de blés en herbe,

Alors que vos corps, encore imberbes,

S'éveillaient aux filles à peine fleuries ?


Dans le pré de fleurs - Claude Monet


Dans les herbes hautes et denses,

Vous cachiez vos flirts d’adolescents,

Vos désirs flamboyants et indécents,

De l'amour, vous ignoriez la science.


Les-amoureux-Pierre-Auguste Renoir


Sur le dos, une marguerite à la bouche,

Vous attendiez patiemment un miracle,

Le concours bienveillant d'un oracle,

Que sa main timide ose et vous touche.


Claude Monet - La Prairie Fleurie


Dans l'herbe haute, cachés du monde,

Battaient deux cœurs timides, à l'unisson.

Vous découvriez les premiers frissons,

Des émois ingénus,  l'onde profonde.


Claude Monet - Champs au Printemps


Rappelez-vous ces vertes prairies

De vos années de blé en herbe,

Le  premier baiser brûlant qui exacerbe

Les rêves d'une jeunesse qui s'épanouit.


Prairie fleurie - Alexandre Dubrovskyy



Si très loin, vous semblent ces émotions,

Allez sur le chemin de vos vertes années,

Là, dans les herbes hautes, cachées,

Vos souvenances ne seront pas fanées…

 

Christian Bailly

Tous droits résevés

14/01/2022

mercredi 12 janvier 2022

Mimosa

 



Dehors, le soleil est dans tous ses éclats.

Un nuage vaporeux, à ses couleurs,

Est entré dans la maison...

Bouquet de perles d'or gorgées de lumière...

Aux senteurs enivrantes...

Un rayon d'espoir...



Tandis que les jours reprennent un peu du poil de la bête.

L'hiver est là bien sûr, et montre les dents.

Je sens sa morsure dans le vent du nord.

Je m'emmitoufle.

Mais j'ai les yeux qui brillent de l'espérance

De voir revenir les beaux jours ...

J'ai quitté le deuil de Novembre

Et de ses jours sombres qui me chagrinent

J'oublie les fêtes de Décembre

Et leur poudre aux yeux.

Monsieur Janvier a déjà bien avancé

Sur son chemin bordé de frimas...


J'attends Février et ses promesses qui nous effleurent

Le temps de patienter

Et de voir Mars arriver sur son char

Pour nous annoncer le Printemps...

Alors frais comme un gardon,

En Avril...

Je pourrais frétiller de bonheur.

Au milieu des prairies en fleur...


Christian Bailly

Tous droits réservés

12/01/2022