samedi 30 septembre 2023

Sète, 350 Printemps

 



 Sète ma Belle, ma Lumière,

Tu jongles entre ciel et terre,

Étang enchaîné, mer déchaînée.

Tu caresses les cieux de ta légendaire singularité.



Émergence entre flots domptés,

Et l'indomptable Méditerranée,

Écrin de verdure, de pierres immuables,

Que ronge aujourd'hui le béton cruel et imperturbable,



Ne vends pas ton âme passionnée.

Non, ne sacrifie pas ton  passé,

Pour paillettes et palais de sable,

Que le temps finira un jour par emporter au diable.



Dans chaque quartier enraciné,

Au pied du Mont Saint-Clair vénéré, 

Flotte l'esprit des petits métiers,

De ce qui fut, depuis plus de trois siècles, ta destinée.



Sète ma belle Dame Occitane courtisée,

Dans les flots de tes veines argentées,

Les reflets de ton histoire colorée,

Riche du labeur des hommes audacieux et obstinés.



Les pas nonchalants des vacanciers,

Sur les pavés de tes quais réputés,

Effacent peu à peu les clameurs amères,

D'un peuple travailleur marié à la terre et à la mer.


Sète ma Belle, ma Lumière céleste,

N'attend pas que les feux de la rampe te délestent

De ta singularité, elle est toute ta richesse.

De la bonne renommée, méfie-toi bien des ivresses.



Faire la diva sous les projecteurs,

Ce n'est ni ton style, ni ta vocation majeure.

Pour aller glorifier plus loin d'autres ingénues,

Un jour, ils pâlissent et ne te portent plus aux nues.



Sans tourner le dos à la modernité,

Préserve durablement ton authenticité,

Elle règne encore dans le cœur, de surcroît,

Fervent et farouche, de chaque Sétoise et Sétois.

Sur chaque vieille pierre du Quartier Haut,

Sur le parvis de la Décanale Saint-Louis,

Dans le dédale du Cimetière Marin baigné de soleil,

Sur les filets pendus de la Pointe Courte,

De la Plagette au Pont Levis en passant par le Barrou,

L'Île de Thau et les Métairies,

Des Salins à la Corniche en passant par Villeroy,

Le Lido, les Quilles et la Plage du Lazaret,

Sur le sable chaud de la plage du Lido,

Du haut du Mont St clair au Grand Canal,

Sous les de platanes de la Placette,

Sur les quais illustres du Cadre Royal,

Sur les pavois de tes vaillants jouteurs,

Sur les pavés du Môle et le phare Saint-Louis,

Sur la croupe généreuse des chaluts,

D'un pont à l'autre,

D'un quai à l'autre…

Ils ont écrit ton nom…

Ils ont gravé les pages de ton histoire…

 

Joyeux Anniversaire Ma Belle !


Christian Bailly

Tous droits réservés 

29/09/2023

lundi 18 septembre 2023

A Freda


Chère Freda,


Aujourd'hui, le temps s'est arrêté sur une page de notre livre
Où j'ai retrouvé les souvenirs qu'ensemble nous avons pu vivre.
Mon cœur pleure sur ces instants de nos jours heureux,
Mon regard enjoué n'ira plus se baigner dans tes yeux bleus.

Nous avons su oublier, des générations, les frontières,
Nous avons passé outre, des langues, les barrières.
Tous deux, de la vieille Angleterre, vous aviez l'élégance.
Avec majesté, s'était posé sur toi, le poids de l'existence

Une sincère amitié, alors, était née malgré les années.
À chacune de nos rencontres, elle s'est renforcée.
Tu es devenue notre princesse du Yorkshire, notre Lady.
Tous ces moments partagés, pour nous, n'ont pas de prix.

Je n'ai pas oublié cette complicité qui était née entre nous,
À Pâques, lors de notre toute première rencontre chez vous.
Tous nos fous-rires au "Bay Horse", je m'en souviens encore,
Comme si c'était hier, dans mon cœur, ils valent de l'or.

Je nous revois, dans le canapé, côte à côte, à discuter,
À nous amuser de nos échanges en anglais, à plaisanter.
À dévoiler nos passés que nous n'avions pas pu partagés
À découvrir nos vies; j'en étais foncièrement honoré.

Que ne donnerais-je pas pour revivre toutes ces opportunités
Pour te dire la chance que nous avons eue de vous rencontrer
De vous avoir à jamais dans le grand livre de nos vies,
C'étaient nos destinées, n'est-ce pas ? C'était certainement écrit.

J'ai encore en mémoire ton parfum capiteux à souhait,
Parfois, il m'arrive de croiser une dame qui le porte.
Alors, c'est comme si j'étais tout près, à quelques pas de toi,
La foule l'emporte, mais le souvenir de toi se rappelle à moi.

Et dans ma tête, je me dis : Freda !

Bien sûr, j’aurais voulu être près de toi, une rose à la main,
Pour te saluer, te remercier d’avoir fait partie de mon destin.
Ma chère amie, mes amis… Sans vous, mon âme est chagrine,
Mon cœur est douloureux; mon amitié désormais orpheline.

Pour toi Freda cette poésie,
Ce bouquet de mes plus belles pensées… 
Avec tout mon amour

Christian 




Dear Freda



Today, time has stopped on a page of our book
Where I found the memories we lived together.
My heart cries over these moments of our happy days,
My cheerful gaze will no longer bathe in your blue eyes.

Together we knew how to forget generational boundaries,
We have overcome language barriers.
Both of you had the elegance of old England,
With majesty, the weight of existence had settled on you,

A sincere friendship was born, despite the years of difference.
Each time we met, it grew stronger.
You have become our Yorkshire princess, our Lady.
For us, all these shared moments are priceless.

I haven't forgotten the complicity that was born between us,
At Easter, when we met for the first time at your place.
I still remember all those laughs at the Bay Horse,
As if it were yesterday, in my heart, they're worth their weight in gold.

I remember us chatting on the sofa, side by side,
We were laughing about our exchanges in English and joking.
We revealed our pasts that we had not shared
We were discovering each other's lives. I was deeply honored.

What I wouldn't give to relive all these opportunities,
To tell you how lucky we were to have met you
To have you forever in the great book of our lives,
Those were our destinies, weren't they? It was certainly written.

I still remember your heady perfume,
Sometimes I come across a lady wearing it.
Then it is as if I am right next to you, just a few steps away,
The crowd takes her away, but the memory of you reminds me.

And in my head, I say to myself: Freda!

Of course, I'd like to be near you, with a rose in my hand,
To greet you and thank you for being part of my destiny.
My friend, my friends... Without you, my soul is sad,
My heart is painful; my friendship is now an orphan.

For you Freda this poetry,
This bouquet of my most beautiful thoughts.... 
With all my love

Christian

Texte et photo Christian Bailly
Tous droits réservés
18/09/2023


vendredi 25 août 2023

Feuille morte

Au gré du vent,

Au gré de temps…

 

Sur l'onde,

Une feuille morte

Vagabonde

Sans escorte

Vers un nouveau monde…

 

Mais son dessein avorte,

Et bientôt l'onde,

Implacable, l'emporte

Sans qu'elle ne gronde,

Pour rejoindre la cohorte

Des âmes moribondes…

 

Les flots innocents

Continuent leur danse.

Sur la plage, inconscients,

Les touristes, sans arrogance,

Comme des adolescents,

Vivent leur chance…

 

Texte et photos Christian Bailly

Tous droits réservés

25/08/2023

mardi 22 août 2023

Aube impudique







 


Au travers des persiennes, l'aube se hasarde,

À son approche, la nuit se fait fuyarde.

Dans notre chambre, elle dépose son voile,

Sur l'ombre pâlissante, elle tisse sa toile.

Albert Marquet - Persiennes vertes

 

Sur ton corps endormi, perclus de tes rêves,

De la nuit, elle prend discrètement la relève.

Habile, elle dépose un trait de lumière

Sur tes courbes, et dessine ton joli derrière.

Femme nue allongée, de dos - Van Gogh

 

Elle se joue du rebondi excitant de tes fesses,

Qui attirent irrésistiblement mes caresses.

Puis remonte au creux délicat de l'aine,

Vers ton dos alangui, mon regard, elle entraîne.

Nu couché vu de dos - Pierre-Auguste Renoir

 

Je retiens mon souffle, devant ce spectacle, 

À te voir ainsi, de la nature, j'admire le miracle

Et je n'ose troubler cet instant magique,

Source de mes appétits amoureux et impudiques.


Christian Bailly

Tous droits réservés

22/08/2023

lundi 21 août 2023

La Saint-Louis, au Cadre Royal





Après la grande parade au travers de la ville en fête,

C'est sur l'air de "La Louise" qui fait tourner la tête

Valser les barques sur le Cadre Royal renommé,

Et le "Salut des jouteurs", que tout peut commencer.

 

Dans les gradins pavoisés, la foule fiévreuse s'agite.

Sur une barque en retrait, un goéland narquois s'invite.

Aux rames, de solides gaillards, aux muscles saillants,

S'apprêtent à lancer les barques chargées de concurrents.

 

Aux sons joyeux et frivoles du hautbois et du tambourin,

Perchés sur leur tintaine, au-dessus du grand bain,

Les chevaliers, tout de blanc vêtus, de loin, se toisent,

Se saluent, respectueux des habitudes courtoises.

 

Nos gaillards se plantent fermement sur leurs cuisses.

Les muscles se gonflent, les épaules s'affermissent.

Sur les traverses, en couple, chacun est à sa place,

Les barques s'élancent pour la première passe.


Alors que retentit "la Charge" sétoise et héroïque,

Consciencieusement, les barreurs restent stoïques.

Déjà, les lances se lèvent pour le choc frontal et viril.

Les épaules s'avancent pendant que les barques filent.

 

Sur les quais pris d'assaut, la foule houleuse s'amasse.

Les barques se frôlent pour un corps-à-corps fugace.

Les mains, les bras, les fesses, les reins se durcissent,

De la victoire, tout de leurs corps devient complice.

 

Les jouteurs se cambrent, la pointe mord le pavois,

En plus de leur force, ils y mettent tout leur poids.

Mais le poignet glisse sur la lance, sous la pression,

Le vaincu déjà s'envole pour un ultime plongeon.


Sur sa tintaine, le vainqueur, fièrement, se dresse.

Tous réunis, les amis, les familles, lui adressent

Les applaudissements qu'il mérite, avec ferveur.

Dans les gradins, les assentiments des connaisseurs.


La lance et le pavois au vent pour un ultime salut,

Il peut céder de bonne grâce sa place au prochain élu.

Les lourdes barques s'éloignent pour une volte-face,

Déjà, chacune se prépare pour la prochaine passe.



Là, dans cette arène nautique, le peuple Sétois vibre.

Le cadre royal et les joutes en sont l'intime fibre.

Tout au long de ces journées sacrées de la Saint-Louis

Une multitude de chevaliers de tous âges se défient.

 

Qui pour une belle et jeune fille aux cheveux dorés,

Qui pour un instant de gloire, et passer à la postérité.

De ces combats homériques naissent des demi-dieux

Honorés par tout un public passionné et chaleureux.


Christian Bailly 

    Tous droits réservés/

04/03/2023

Confiture




Sentez-vous le parfum du soleil du sud,

Entrer subrepticement dans votre maison ?

Et l'odeur caramélisée de vos souvenirs d'enfance

Chez votre grand-mère, au cœur bienveillant ?

Vous souvenez-vous de vos yeux gourmands

Devant le frémissement de la confiture en train de mijoter ?

Tout un poème…

Ses senteurs d'été chez nos aïeux,

Quand ils prenaient le temps

De nous concocter tous ces petits pots

Qui nous aideraient à passer l'hiver, en pensant à eux...

Ils contenaient, en plus, de la saveur du fruit,

Tout le sucre de leur amour, sous le couvercle.

Il s'en échappait, alors, le matin, au petit-déjeuner,

Avant de se voir tartiné copieusement sur une tranche de pain…

Imaginez ! Imaginez !

Fermez les yeux !

Imaginez, tout cet amour en train de mijoter,

Sous leur regard tendre et affectueux,

Et les souvenirs qui vous en restent…


Version audio


Chritian Bailly
Tous droits réservés
17/08/2023

Un été à Sète


 Ce poème est extrait de notre recueil de photos et de poésies, "Escale poétique à Sète". Photos : Michel Dumergue   Textes : Christian Bailly. En vente dans les librairies et chez les marchands de journaux du centre-ville de Sète



En été, la cité singulière est en effervescence.

Elle vibre, rayonne de toutes ses fibres occitanes,

Envahie par des touristes dissipés et curieux

De découvrir son essence méditerranéenne.



Pour eux, elle fait son ciel encore plus bleu,

Ses couleurs plus lumineuses et contrastées.

Une légère tramontane brise les miroirs d'eau,

Où se reflètent les murs colorés de la vielle ville.



Les exhalaisons de sa cuisine typique et savoureuse

Se dispersent dans les rues animées du vieux quartier.

Elles attisent nos papilles de gourmands notoires.




Dans la halle, les étals regorgent de victuailles,

Qui s'évaporent peu à peu au fil de la matinée.

Fruits, légumes de saison, poissons, fruits de mer

Et sa savoureuse tielle, colorent les rayons.




Plus loin, dans les rues commerçantes de la cité,

Les glaces fondent sur les bouches friandes,

Des enfants souriants, ravis d'être du voyage.

Dans leurs yeux, tout l'éclat de leur contentement

Et de ce bonheur simple de la gourmandise.



Aux terrasses des cafés, les clients farnientent.

Ils apprécient cette oisiveté attendue et méritée,

Après ces longs mois de labeur et d'épreuves.

Dans leurs regards l'impatience de revivre

Tous ces petits bonheurs dont ils ont été sevrés.




À l'ombre des platanes, le Pouffre trône,

Et prend la pose, pour le plaisir des tout-petits.

Au pont de la savonnerie, à chacun son selfie.

Ils vont courir sur la grande toile du monde.



Les thoniers ventrus, mais l'estomac vide

De leurs pêches renommées et exquises

Campent le long des quais du grand canal.

Devant ces visiteurs, les quais du cadre royal s'agitent*

Préparent les joutes renommées de la Saint-Louis.





Mais d'où vient donc cette foule qui m'emporte...

Me transporte…

Elle est venue glaner un peu les bienfaits du soleil,

Mettre un peu de sel à sa vie fastidieuse de citadine ,

Remplir ses tiroirs de souvenirs mémorables,

Remplacer ses préoccupations par des rêves occitans.



Ces rêves, moi aussi, je suis venu les chercher, ici,

Pour en faire une réalité et ne plus jamais repartir.

J'ai fait de Sète mon dernier port, ma terre promise.

Bientôt, cette troupe turbulente de joyeux drilles,

Reprendra, consciencieusement, la route du retour

Et notre cité singulière attendra patiemment son retour,

Dans sa douceur de vivre qui lui sied si bien.



Christian Bailly
Tous droits réservés 
08/12/2021
* (Modifié le 27/06/2025
Malgré ces visiteurs, les quais du cadre royal s'ennuient
Privés des joutes renommées, la faute à l'épidémie." (Covid)
remplacé par
"Devant ces visiteurs, les quais du cadre royal s'agitent
Préparent les joutes renommées de la Saint-Louis.")