dimanche 27 octobre 2024

Vieille souche


Ken Fass

 

La vie m'a évidé

De toute envie,

De tout désir,

De toute sève,

Et de cette ardeur

Qui brûlait en moi.



La vie m'a évidé

De toute volonté,

De tout espoir,

De tous mes rêves

D'adolescent naïf

Devenu sage

Sous la contrainte

Des années passées.



Jean Naigeon



La vie m’a évidé

De toute ma vitalité,

De toute mon énergie,

De cette résistance,

Qui me tenait debout,

Face à l'adversité

Contre vent et marée.



La vie m'a évidé

De ma substance,

De l'essence même,

Qui faisait de moi

Ma réalité absolue,

Ma raison d’être.

La vie m'a évidé

Pour ne me laisser

Qu'une peau ridée,

Une âme déchue,

Un cœur évanescent,

Un corps délabré.



Le soleil me caresse

De ses rayons sagaces,

Il traverse mon corps,

Devenu imperturbable,

Indifférent aux plaisirs,

À la vie, comme à la mort.



Désormais, je ne suis

Qu'un corps debout,

Qui résiste au temps,

Un corps transparent,

Qui peu à peu s'effrite,

Pour naître poussière.



La vie m'a évidé...

Et le monde, sourd,

À mon désespoir

Continue de tourner...

Pour lui, je ne suis plus

Qu’une vieille souche !



Raymond Planchat




Christian Bailly

Tous droits réservés

27/10/2024

lundi 21 octobre 2024

Gouaille de gabian

 


Alors que l'aurore dépose son voile de jour,

Sur la ville singulière dans les bras de Morphée

Et qu'elle empourpre le ciel au levant,

Pour saluer les tout premiers travailleurs,





Dans son ciel, raisonne la gouaille des gabians

Ils semblent réclamer, haut et fort, leur pitance.

D'un toit à un autre, ils taillent déjà la discute

Se chamaillent comme de vrais garnements,





Ils semblent bien se moquer des hommes

Assujettis au travail pour gagner leur pitance.

Certes, à les voir, on pourrait envier leur liberté,

Mais leur survie, en fait, ils la doivent au pillage,





Au chapardage et pas question de marchandage.

Si par malchance leurs gosiers restent creux,

Ils devront faire preuve de beaucoup de patience.

Hé oui ! La vie de gabian n’est pas une romance !



Sans attendre, au retour des travailleurs de la mer,

Les plus hardis d’entre eux rejoindront leurs frères

Derrière les chalutiers ventrus riches de victuailles,

Pour former un long ruban désordonné et tapageur.




Là, on se chamaille pour les moindres rognures

Passées par-dessus bord, avant l'entrée au port.

Puis à la criée, ils retrouvent les moins téméraires

Pour former, sur place, un escadron de choc.




Alors, toute voile dehors, en nombre, ils s'enflamment

Pour des plongées et contre-plongées vertigineuses.

Ils s'interpellent, s’emportent et commentent entre eux

Le menu du jour offert aux culs des chalutiers.







Certains apaisent leur faim, d'autres se disputent,

Pour des broutilles éparpillées au pied du quai.

Il faut le dire, c’est une véritable foire d'empoigne.

Sur la voilure noire de la criée, les moins audacieux,

Les plus sages, observent, commentent, se moquent,

Mais bientôt, les victuailles gratis finissent par s’épuiser.




La fête est finie !

Aussi, le ventre plein ou le ventre creux,

Chacun reprend le fil de sa vie.

Et sur les toits ou dans le ciel de Sète,

Raisonne la gouaille des gabians… 





Christian Bailly

Tous droits réservés 

16/10/2024

mardi 15 octobre 2024

En poésie, je dis non ! Pitié pas d’IA !

 

En poésie, je dis non ! Pitié pas d’IA !

 

Du net 


Comment peut-on oser bafouer ainsi la poésie

Alors qu’il y tant de plaisir à partager ses propres écrits,

À confier au parchemin une parole venue du cœur,

Plutôt que de se vautrer avec un poème sans saveur…

 

Pour rien au monde, je ne voudrais vendre mon âme,

Pour une poignée de likes, pas question que je me damne.

Je préfère sentir mes poèmes naître dans mes entrailles,

Et vous les livrer, même au risque que l’on me raille.

 

Et s’ils n’auront jamais, des illustres poètes, la majesté,

Je veux des miens en assumer tout à fait la paternité,

Car ils donnent un sens à ma vie, ils en sont l’essence,

La quintessence poétisée de ma triviale existence.

 

Je préfère être le rimailleur que je suis, sans prétention,

Plutôt qu’un piètre pilleur de la toile, par procuration.

Mes poèmes sont simplement le reflet de ce que je suis

Pas des extraits volés par un algorithme sans esprit.


du net : Le bateau ivre de Rimbaud selon l'IA de Mixtral

 

Amis poètes et poétesses

Amis lecteurs et lectrices

Je certifie que ce poème n’a pas été écrit par une Intelligence(dite) Artificielle dont le nom même est, à mon sens, une ineptie.

Personnellement, je trouve l’utilisation du mot « Intelligence »avec le mot « Artificielle », inappropriée.

Ce mot devrait être réservé à ce qui est propre à l’Humain ou tout être vivant !

 

Définition Larousse :

1. Ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle 

2. Aptitude d'un être humain à s'adapter à une situation, à choisir des moyens d'action en fonction des circonstances 

3. Personne considérée dans ses aptitudes intellectuelles, en tant qu'être pensant 

4. Qualité de quelqu'un qui manifeste dans un domaine donné un souci de comprendre, de réfléchir, de connaître et qui adapte facilement son comportement à ces finalités 

5. Capacité de saisir une chose par la pensée


Christian Bailly

Tous droits réservés

15/10/2024

lundi 14 octobre 2024

Les carrelets


Les carrelets,

Comme des sentinelles

Droites dans leurs bottes,

Veillent nuit et jour

Entre ciel et terre.

 

Sur leurs frêles échasses

Ils défient les éléments,

La mer, le vent et le temps.

 

Sur eux, les tempêtes passent

Ou plus sagement s’effacent,

Mais aux cruels ouragans,

Les moins aguerris à la fureur

Cèdent, finalement trépassent,

Dans un déchirant fracas.

 

De leur silhouette dégingandée

Ils griffent l’horizon et le ciel,

Semblent fiers de leur défi

Et ignorer leur réelle vocation

Certes honorable, il faut le dire,

Mais moins prestigieuse…

 

Et pourtant, toutes ces pêcheries

Ont rempli moult ventre creux

Sans avoir à affronter les caprices

D’une mer pas toujours avenante.

 

Si les tempêtes Martin et Xynthia

Ont décimé leurs rangs serrés,

Les hommes, toujours acharnés,

N’ont pas baissé les bras pour autant,

Pour faire renaître les fleurons

D’une tradition bien établie

Par ces pêcheurs émérites.

 

Comme des sentinelles

Droites dans leurs bottes,

Entre ciel et terre

Veillent nuit et jour

Les carrelets...



Texte et photos Christian Bailly

Tous droits réservés

14/10/2024

samedi 12 octobre 2024

Combien…



Combien de lettres,

Combien de mots,

Combien de poèmes,

Ai-je pu t’écrire, mon Amour ?


Ilya Yefimovich Repin


Alors que de tous mes poèmes,

Tu n’es pas l’unique sujet,

Tu es là en filigranes

Entre les lignes,

Entre les mots,

Entre les lettres,

Dans la trame du parchemin…



Viktor Bogdanovich - Écrivain au travail.


Combien de lettres,

Combien de mots,

Combien de poèmes

Ont sombré dans l’oubli,

Ou sont restés enlisés

Dans les méandres de ma pensée

Et attendent de sortir de la nuit ?



CAROLUS-DURAN Charles-Emile-Auguste


Combien de lettres,

Combien de mots,

Combien de poèmes

Me reste-t-il encore à t'écrire

Pour immortaliser notre amour ?

Je l'ignore…



Enfin, si, je sais...

Je sais…

Tant que j'aurai des rêves

Et que tu en seras le thème,

Tant que tu seras le fil d’Ariane

Entre ma poésie et l’amour



André Haulotte



Alors,

Il y aura des lettres,

Il y aura des mots,

Il y aura des poèmes,

Pour te confier mes folies,

Pour te dire mes désirs,

Pour te déclarer ma flamme,

Pour te dire mes « Je t’aime »,

Et laisser libre cours à ma plume.



du net



Christian Bailly

Tous droits réservé

01/10/2024

jeudi 10 octobre 2024

Quinze août






La nuit a lentement posé sur toi sa peau de chagrin,

Ce soir, tu es très calme, pas de mauvais grain.

La lune porte le deuil derrière les nuages menaçants,

De tes flots plaintifs, j'entends les gémissements

Et ceux des veuves des marins qu'ils ont pu trahir.

Au loin, une multitude de gerbes du souvenir

Déposées religieusement par des cœurs en loque

Irrémédiablement sur l'onde, déjà, se disloquent.

Dis ! De combien de marins as-tu éteint la flamme

Englouti leurs corps de travailleurs, et avec leurs âmes ?

Où ? Dans ton ventre violé par leurs tramails et leurs filets ?




Qu'as tu fait de leurs dépouilles tant espérées

Sur tes rivages désolés, par l'angoisse, ravagés ?

Entends-tu les prières, par les larmes étouffées,

Sous les voiles des veuves restées inconsolables

Dans les yeux des orphelins aux destins immuables ?

Crois-tu que les hommes abandonneront docilement

Leurs quêtes sans aller au-delà de leurs déchirements ?

Hélas, d’eux, tu n'as pas à craindre la moindre pénurie,

Les hommes, depuis la nuit des temps, craignent la mort

Mais veulent toujours prouver qu’ils sont les plus forts.

Ils sont ainsi faits, qu’au péril de leur vie,

Sans trêve, ils reviennent à l'assaut de l’impondérable

Quitte à y perdre de père en fils leurs âmes indomptables.




Ce soir, la nuit a posé son voile de veuve...

De tes flots, j'entends les gémissements.



                                              à nous courageux pêcheurs


Texte et photo Christian Bailly 
Tous droits réservés 
10/10/2024
Sète

mardi 8 octobre 2024

Symphonie pastorale



Sur la couche sauvage d'une prairie en fleurs,

Il la dépose toute nue, dépouillée de sa pudeur.

Sur sa peau, quelques gouttes de rosée déposées

Appellent ses baisers, avant de s'évaporer…

Henri Rousseau - Nu

Les herbes folles sur elle se penchent doucement

Sur son corps alangui, pour semer au gré du vent,

Leurs graines de folie, les prémisses du désir.

Son bouquet devant cette icône ne peut se retenir.

Salvador Viniegra - Le premier baiser d'Adam et Eve

Autour d’eux, tous s'affairent à les contenter.

Qui de les embaumer, qui de chanter et célébrer,

Dans l'allégresse et la ferveur, sa beauté sculpturale,

Qui de composer pour eux une symphonie pastorale.


Jean-Joseph Thorelle-Adam et Eve au paradis terrestre

Dans son cœur, il berce l'espoir de ne jamais oublier

Cet instant si délectable, où tout à elle, abandonnée,

Elle n'appartient assurément à personne d'autre que lui.

Il se penche, sur sa bouche rosée, offerte comme un fruit ;


du net

Ses lèvres, à leur corps défendant, ne peuvent résister

Plus longtemps devant ce fruit, sans le consommer.

D'effleurements en effleurements, elles s'entrouvrent,

Se libèrent, s'offrent, et dans la fougue la découvrent.

Un nu de Picasso

À cette fureur de vivre, bientôt s'invite la passion.

Leurs corps, possédés par leurs mutuelles obsessions,

S'enflamment comme des torches, attisés par la brise.

Ils se consument, l'un de l'autre, avidement, se grisent.

Hélène Courtois-Redouté

La nature, impertinente, s'invite à leurs furieux ébats.

L'herbe se couche, complice de leurs tendres combats,

D'où seul l'Amour souverain sortira en illustre vainqueur,

Dans une vague de plaisir, pour leur plus grand bonheur.


Christian Bailly 
Tous droits réservés