Alors
que l'aurore dépose son voile de jour,
Sur la ville singulière dans les bras de Morphée
Et qu'elle empourpre le ciel au levant,
Pour saluer les tout premiers travailleurs,
Dans son ciel, raisonne la gouaille des gabians
Ils semblent réclamer, haut et fort, leur pitance.
D'un toit à un autre, ils taillent déjà la discute
Se chamaillent comme de vrais garnements,
Ils semblent bien se moquer des hommes
Assujettis au travail pour gagner leur pitance.
Certes, à les voir, on pourrait envier leur liberté,
Mais leur survie, en fait, ils la doivent au pillage,
Au chapardage et pas question de marchandage.
Si par malchance leurs gosiers restent creux,
Ils devront faire preuve de beaucoup de patience.
Hé oui ! La vie de gabian n’est pas une romance !
Sans attendre, au retour des travailleurs de la mer,
Les plus hardis d’entre eux rejoindront leurs frères
Derrière les chalutiers ventrus riches de victuailles,
Pour former un long ruban désordonné et tapageur.
Là, on se chamaille pour les moindres rognures
Passées par-dessus bord, avant l'entrée au port.
Puis à la criée, ils retrouvent les moins téméraires
Pour former, sur place, un escadron de choc.
Alors, toute voile dehors, en nombre, ils s'enflamment
Pour des plongées et contre-plongées vertigineuses.
Ils s'interpellent, s’emportent et commentent entre eux
Le menu du jour offert aux culs des chalutiers.
Certains apaisent leur faim, d'autres se disputent,
Pour des broutilles éparpillées au pied du quai.
Il faut le dire, c’est une véritable foire d'empoigne.
Sur la voilure noire de la criée, les moins audacieux,
Les plus sages, observent, commentent, se moquent,
Mais bientôt, les victuailles gratis finissent par s’épuiser.
La fête est finie !
Aussi, le ventre plein ou le ventre creux,
Chacun reprend le fil de sa vie.
Et sur les toits ou dans le ciel de Sète,
Raisonne la gouaille des gabians…
Christian Bailly
Tous droits réservés
16/10/2024
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