Sur la couche sauvage d'une prairie en fleurs,
Il la dépose toute nue, dépouillée de sa pudeur.
Sur sa peau, quelques gouttes de rosée déposées
Appellent ses baisers, avant de s'évaporer…
Les herbes folles sur elle se penchent doucement
Sur son corps alangui, pour semer au gré du vent,
Leurs graines de folie, les prémisses du désir.
Son bouquet devant cette icône ne peut se retenir.
Salvador Viniegra - Le premier baiser d'Adam et Eve |
Autour d’eux, tous s'affairent à les contenter.
Qui de les embaumer, qui de chanter et célébrer,
Dans l'allégresse et la ferveur, sa beauté sculpturale,
Qui de composer pour eux une symphonie pastorale.
Dans son cœur, il berce l'espoir de ne jamais oublier
Cet instant si délectable, où tout à elle, abandonnée,
Elle n'appartient assurément à personne d'autre que lui.
Il se penche, sur sa bouche rosée, offerte comme un fruit ;
Ses lèvres, à leur corps défendant, ne peuvent résister
Plus longtemps devant ce fruit, sans le consommer.
D'effleurements en effleurements, elles s'entrouvrent,
Se libèrent, s'offrent, et dans la fougue la découvrent.
À cette fureur de vivre, bientôt s'invite la passion.
Leurs corps, possédés par leurs mutuelles obsessions,
S'enflamment comme des torches, attisés par la brise.
Ils se consument, l'un de l'autre, avidement, se grisent.
Hélène Courtois-Redouté |
La nature, impertinente, s'invite à leurs furieux ébats.
L'herbe se couche, complice de leurs tendres combats,
D'où seul l'Amour souverain sortira en illustre vainqueur,
Dans une vague de plaisir, pour leur plus grand bonheur.
Christian Bailly
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