vendredi 14 novembre 2025

Le temps des galoches


Quand elles étaient neuves, nous étions fiers comme Artaban,

Mais neuves, elles nous faisaient souffrir jusqu'à les maudire.

Il nous fallait du temps et de la patience pour les attendrir,

Tant elles étaient sévères avec nos pieds sensibles d'enfant.

 

Que de chemins parcourus, à courir à travers les champs.

Elles étaient bien solides pour résister longtemps au temps.

Même un peu grandes au début, pour être portées durablement.  

Elles devaient affronter tous nos jeux de garnement turbulents.

 

Un jour par semaine, le dimanche, elles étaient resplendissantes,

Avec du cirage "ça va seul", de l'huile de coude et la brosse à reluire,

Un autre jour, bien crottées, en particulier le jeudi après-midi, à courir

À travers la campagne, lourdes de sa glaise humide et pesante. 

 

Comme tous, je n'avais qu'une paire, pour faire toute une semaine

De galopin pressé de grandir et de partir vers d'autres horizons,

Alors qu'aux pieds, de belles ampoules, nous faisions encore la moisson.

Comme il est loin ce temps des galoches ! Une époque bien lointaine !

 

Mais le pire…

Le pire, c'était qu'aux beaux jours,

Le cuir de nos sandales n'était pas plus tendre…




Christian Bailly

Tous droits réservés 

14/11/2025

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