De lui, j'ai des
images inoubliables.
Je le vois encore,
là, assis à sa table,
Penché sur un roman,
paisiblement
À lire, à prendre enfin
son temps.
Ses mains marquées
par les ans,
L'une sur l'autre,
très sagement,
Attendaient de
tourner les pages
D'un vieux manuscrit
hors d'âge.
De ses bras encore
très puissants,
Émanait la force d'un
ancien titan
Qu'exigeait sa tâche
de forgeron.
Du feu et du fer, il
était le patron.
Son visage stigmatisé
par l'ouvrage,
S'était finalement
adouci avec l'âge,
Et sa jovialité
effaçait la rudesse
De ses traits comblés
de sagesse.
En lui, je ne voyais
plus cette brutalité
Qui terrorisait mon
enfance réservée,
Quand pris de fureur,
il blasphémait,
Aux milliards de bons
dieux, s'en prenait.
Je le regardais
ainsi, assis à sa table,
Ce vieil homme, à la vie honorable,
Il avait traversé la
dernière guerre
Sans vouloir mettre
le genou à terre,
À résister pour
défendre sa liberté.
Il était rouge comme
le sang versé
Par beaucoup de
compagnons tués
Pour libérer leur
France occupée.
Un résistant discret
sur sa bravoure,
À son enterrement
point de discours,
Pour ce qu'il avait
fait sans gloire,
Point question
d'honneur ostentatoire.
Sur la vie, il avait
sa propre vérité,
En politique, des
idées bien arrêtées.
La vie avait forgé
ses convictions,
L'athéisme était son
unique religion.
En patriarche, il
veillait son clan,
Mais n'était pas
toujours conciliant.
Pour sûr, il était
fort honnête homme,
Même s'il n'était pas
gentilhomme.
À son Agnelle, il
avait mené la vie,
Dure, mais à l'époque,
c'était ainsi,
On ne faisait pas
dans la dentelle,
Pour la bagatelle,
pour l'existentiel.
Tous deux arrivaient,
bon an, mal an,
À l'âge où, faute d'être
tendres amants,
On conjugue
vieillesse avec tendresse
Pour en oublier
l'insidieuse détresse.
À le voir ainsi,
assis à sa table, à lire,
Je saisissais ce que
c'était de vieillir,
Je réalisais alors,
du temps, la cruauté,
Ce que c'était d'être,
et d'avoir été.
Et quand enfin,
j'osai lui demander
Comment il occupait
ses journées,
Il me répondit avec
philosophie,
Dans un grand
sourire, avec ironie.
"Eh bien, tu
vois, j'attends la mort"
Christian Bailly
Tous droits réservés
10/06/2012
C'est ainsi que je me souviens de mon grand-père, aussi .. d'un homme intransigeant,dur, violent dans ses emportements .. Un homme des deux guerres,... où la fleur était bombe et le ciel noir. L'amour avait été cette fleur au fusil.
RépondreSupprimerAvec son regard tendrement triste, il m'apprenait le Flamand .. une conjugaison ? et je pouvais m'asseoir à la table du dîner. De mes frères et moi, il rêvait d'en faire des hommes prêts à se battre.
De mon grand-père, j'ai appris l'amour de la filiation et l'envie de chercher le souvenir ..
Ton blog, pour mon commentaire, donne comme date et heure; 26 janvier à 16:23 .. et dans la réalité, ma réalité, il est le ; 27 janvier à 1:30 !!
SupprimerJe pense que la plupart des hommes de cette époque étaient de la même trempe ! On les craignait et pourtant, on les aimait... Aujourd'hui, je pense bien souvent à lui et je me demande ce qu'il penserait de notre époque et de la politique d'aujourd'hui !!! Merci pour ton passage mon Bisouillon... Bises à vous deux et bon weekend
SupprimerPour ce qui est de la date et de l'heure...mystère ! je ne sais pas d'où çà vient...
SupprimerJ'ai trouvé dans "paramètres" il y a un réglage fuseaux horaires... j'étais sur Pacifique... Va savoir pourquoi !!!
SupprimerMerci de l'avoir remarqué... Bises
Très touchant, de voir pépé et mémé... Ça me fait quelque chose de lire ces lignes. Un moment, en voyant mémé, j ai eu envie de venir la retrouver dans la chambre, m assoire sur le pied du lit et être juste auprès d elle.
RépondreSupprimerRevenir en arrière le temps de....
Merci Yves ou Bruno à moins que ce soit Marie Jo...(pas de signature)
SupprimerJe suis heureux que ces mots aient crée cette émotion... C'est quelque part qu'ils ont sonné juste dans votre mémoire... Surtout en cette période anniversaire de son départ... En décembre 2020, cela fera déjà 30 ans, j'ai du mal à le croire et Mémé en février prochain, le 22, ça fera 18 ans... Ils me manquent toujours autant... Et en cette période trouble, je pense souvent à lui et je me demande ce qu'il dirait de tout ce qui se passe avec se gouvernement. Lui, qui était très engagé politiquement, il aurait eu certainement beaucoup à dire. Je suis heureux qu'il ne voie pas tout ça... À bientôt à vous lire... Si vous passez dans la région de Sète, faites moi signe, ça sera avec plaisir... Bisous à vous tous
Merveilleux souvenirs de ton grand-père merci pour ce très bel hommage que tu fais de lui amities Domi
RépondreSupprimerJe te remercie Dominique. Une personne dont je ne puis me défaire, même si il est parti depuis bien longtemps maintenant. Son empreinte est en moi à jamais et tous les souvenirs que j'en ai ne me quittent pas.
SupprimerA bientôt... Amicales pensées
quelle chance d'avoir de si beaux souvenirs, je n'ai connu aucun de mes grands parents ! Je sais que pour toi il a été un père et je trouve dans tes mots tout l'amour que tu lui portais !
RépondreSupprimerC'est vrai que j'ai eu cette chance là, faute d'avoir eu le père qui m'a toujours manqué même encore aujourd'hui... Il n'a jamais essayé de le remplacer d'ailleurs, et puis il avait une certaine pudeur pour ces sentiments... Ma Grand-mère était plus expressive...
SupprimerBisous chère Morgane
Commentaires Facebook
RépondreSupprimerJo qKourtaa
Un vibrant et émouvant hommage.
Heureuse journée Christian
Frédéric Béquin
RépondreSupprimerCc,je trouve l'hommage est magnifique a ton grand père,et je trouve qu'il y a aussi une petite ressemblance avec son petit fils.
Une question tes enfants Kris ressemble t'il un peu a leur grand père.
Je vous souhaite une bonne journée à vous deux et à bientôt pour des meilleures nouvelles.
Un meilleur moment pour Thierry et sa Maman.
Bisous à vous deux.
Frédéric.
Répondre7 sem
Kris Bailly
Frédéric Béquin Merci Fréderic ! C'est vrai qu'en vieillissant il y a une certaine ressemblance, je m'en aperçois, faute de ressembler à mon père que je ne connais pas. Non, aucun de mes enfants et petits-enfants ne lui ressemble, mais il est peut-être un peu trop tôt pour le dire ... 😉 Bises de nous deux
Bernard Denizot
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé cet hommage à ton grand-père. Les miens avaient fait tous deux la guerre 14-18.
Vois en mp entre parenthèses.
Bisous
Répondre7 sem
Kris Bailly
Bernard Denizot Merci Bernard. Son père est mort au retour de la guerre, il avait été gazé. Mon grand-père, il avait 8 ou 9 ans, il est devenu pupille de la nation. Un homme courageux à la seconde guerre, il a pris beaucoup de risques en hébergeant armes et radio chez lui alors qu'il avait une femme et des enfants... Merci pour ton aide une fois de plus. Bisous
Paul Vouillamoz
RépondreSupprimerTrès bel hommage.
Répondre7 sem
Kris Bailly
Paul Vouillamoz Merci beaucoup Paul ! Belle soirée et bon weekend . Bises
Karc Cor
RépondreSupprimerTrès bel hommage 🤲🙏
À l'âge où, faute d'être tendres amants,
On conjugue vieillesse avec tendresse
Pour en oublier l'insidieuse détresse.
👍❤️❤️
Répondre7 sem
Kris Bailly
Karc Cor Merci beaucoup Karc de t'arrêter sur ces mots que j'aimen beaucoup moi aussi. Bon week-end et à très bientôt, j'espère ! Bises
Répondre5 sem
Karc Cor
Kris Bailly je t´en prie.. toujours un plaisir de te lire 👍 excellente nuit et au plaisir