Âmes gluantes et dégoulinantes,
Corps dépecés, chairs martyrisées,
Ils errent sans même comprendre
L'orage qui gronde et rugit sur eux.
Le ventre creux, aussi creux que des
trous d'obus,
Dans les artères sinueuses de leur
terre ingrate,
Avec l'espoir de ne pas succomber à
la nuit scélérate,
Ils errent et attendent du jour, son
interminable venue.
Sur eux, il pleut… Il pleut le
malheur, la douleur.
Sur leur dos, point d'armure, mais
une cote de boue
Pétrifie chacun de leurs membres
encore debout.
Dans leurs yeux éteints, une seule
lueur, la peur.
La peur d'être le suivant, le
mort-vivant raide mort,
De se voir plus oublié encore, que le
dernier chien errant.
De sentir dans leurs cœurs de pierre,
le burin lentement
Graver "mort au combat, la
patrie et ses remords".
Dans les miroirs brisés, les visages
de gueules cassées
Burinées par l'infortune d'être des
poilus de cette guerre,
Rongés par la vermine qui fait sur
eux fortune et lacère
Profondément leurs chairs, jusqu'au
sang, avec avidité.
Où sont leurs vingt ans qu'ils traînent
dans les tranchées ?
Où sont leurs bien-aimées épinglées
sur leurs cœurs ?
Où sont leurs vertes années, leurs
moments de bonheur ?
Au fond d'un trou, recroquevillés,
ensevelis, décapités.
Au son du canon, le reste du monde pour
eux s'évanouit.
Les voilà face à un destin tracé par
les balles tirées au sort.
Les obus fauchent leurs poitrines
offertes plus vite que la mort
Qui pourtant sagement les attend et
patiente dans la nuit.
D'un éclair transpercé, dans les
ténèbres noires et glacées.
Ils s'effondrent, foudroyés, pour se
fondre au sol boueux.
De leurs veines s'évadent leurs
espoirs d'un monde heureux.
Avec leurs entrailles dispersées, sur
cette guerre, leurs vérités.
Ainsi mourut, au champ d'honneur,
cette armée d'ombres.
Pour leurs enfants, leur sang
sacrifié abreuva nos rivières
Sans jamais connaître du mot liberté,
l'éclatante lumière.
À eux, notre gratitude en larmes
versées sur leurs tombes.
À mon arrière-grand-père
Et à tous ses
camarades
Jules Hippolyte Louis Bailly ( Mon arrière-grand-père) |
Jules Hippolyte Louis Bailly ( Mon arrière-grand-père) |
Marie Joséphine Augustine Bailly née Petit et ses enfants de gauche à droite Yvonne - Raymond - Georges - Henry (mon grand-père) |
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Dans un rêve...(C'est ainsi que commence l'épitaphe de mon arrière-grand-mère paternelle) "Dans un rêve tu m'as dit Maman, je m'en vais..." Avait-elle entendu cet ultime appel quand un éclat d'obus a fauché cette jeune vie de 22 ans le 23 octobre 1917, quand la défaite de Caporetto faisait rage dans les Dolomites ?
RépondreSupprimerDepuis mon enfance je suis imprégnée de cette triste histoire du grand-oncle Martial-Auguste qui n'est jamais revenu du front italo-autrichien. Il ne reste plus que moi pour m'en souvenir.
Puisse les générations à venir ne pas oublier cette tragédie de 14-18. Déjà on parle de réunir les commémorations dans un ensemble de "toutes les guerres..." Non, il faut que chacune de celles qui ont traversées le siècle passé soient marquées dans leurs contestes. Le 24 août 1572, c'est lointain mais pour moi à chaque anniversaire, je me souviens de cette horreur fratricide qui avait marqué notre pays au nom d'un dieu hypothétique.
Poignant votre texte. Merci
Quelle histoire saisissant, tu me racontes Liloutte. Cette guerre a laissé de grandes cicatrices dans les familles. Je crois que moi aussi, je suis le dernier relai, car je ne suis pas certain que ça suive derrière... Ces souvenirs de famille vont s'effacer derrière nous, je pense. J'espère qu'ils ne regrouperont pas ces journées du souvenir, ce serait injuste et un manque total de respect. À bientôt Liloutte. Amicales pensées
SupprimerMartine Bailly
RépondreSupprimerTrès poignant ! Très réaliste ! Tant de destinées abrégées et sacrifiées selon les emportements de chefs d'Etats pour soit-disant défendre leur nation contre une autre, nations qui vivent à ce jour en harmonie et, le pire, c'est qu'à côté de chez nous … Voir plus
Répondre6 h
Christian Bailly
Martine Bailly Merci beaucoup Martine. Je rejoins ta réflexion et comme toi je suis désolé de voir que les hommes n'ont rien compris et qu'il en existe encore autant pour activer les flammes de la haine. C'est désolant.
Pujol Francoise
RépondreSupprimerSublime texte en l'honneur des combattants de cette terrible guerre.
Grâce à leur vaillance nous pouvons vivre et pas eux.
Honorons-les en ce jour prévu pour.
Aieux qui avez œuvré pour la liberté de votre pays et n'avez pas pu en profiter, je vous salue bien fort.
Merci beaucoup à toi pour ton superbe honneur à ces braves poilus Christian Bailly .
Respect et gratitude.
Merci beaucoup
Répondre5 h
Christian Bailly
Pujol Francoise Merci chère Françoise.! Merci beaucoup! Je suis d'accord avec toi, nous ne leur rendrons jamais assez les honneurs. Je pense que le meilleur moyen de les honorer serait de tenir compte de leurs tragiques sacrifices pour faire régner la paix sur cette terre.
Annie Malinur
RépondreSupprimerNe pas oublier les Tirailleurs Sénégalais et ceux venus d'ailleurs
Répondre5 h
Christian Bailly
Annie Malinur Je suis bien d'accord avec toi Annie. Pour moi, ce poème concerne TOUS les combatants de cette impitoyable guerre.
Marie Christine Gallinaro
RépondreSupprimerJ'en suis très émue. Respect à nos anciens.
Répondre3 h
Christian Bailly
Marie Christine Gallinaro Merci Marie Christine de partager ton émotion Bisous et à très bientôt
Elenitza Marson
RépondreSupprimerMagnifique
Répondre3 h
Christian Bailly
Elenitza Marson Merci bien Elenitza. Bonne soirée
Françoise Mari
RépondreSupprimerÇa devait être la "der des der". Mais Jaures a été assassiné...
Répondre3 h
Christian Bailly
Françoise Mari Hé oui, Françoise ! Et bien d'autres ont continué et se perpétuent encore de nos jours... Quelle tristesse de voir que les hommes ne savent pas tirer les leçons du passé... Bonne soirée !
Nickette Letrep
RépondreSupprimerFemme courage élevant ses enfants seule pendant que son mari est au front🥲🙏🥲
Christian Bailly
Nickette Letrep Oui, c'est exactement ça Nickette ! Mon arrière Grand-père a été envoyé au front alors qu'ils avaient quatre enfants. Quand il est revenu, il avait été gazé, il est mort 2 ans après la fin de la guerre. L'état a refusé de reconnaître mon Arrière Grand-mère comme veuve de guerre, donc pas de pension. C'est le curé de la paroisse qui a fait toutes les démarches pour obtenir cette reconnaissance. Ainsi, mon Grand-père, sa sœur, et ses frères furent reconnus comme pupille de la nation. Ils étaient très pauvre , ca va sans dire...
Raymonde Gillig
SupprimerChristian Bailly Terrible ! C'était dur
Répondre44 min
Christian Bailly
Raymonde Gillig Oui , Raymonde... Non seulement, ils les ont envoyés à la boucherire, mais l'état a eu du mal à reconnaître ses enfants à leur retour ! Quelle honte !
Répondre1 min
Francoise Pinget
RépondreSupprimerA mes grands-pères et à mes oncles.
Répondre7 h
Christian Bailly
Francoise Pinget De tout cœur avec toi Françoise. Bises
Reinette Thefrog
RépondreSupprimerC’est très beau, et très juste. Maman a, à la maison, la dernière lettre écrite par un arrière grand oncle qui vivait ses derniers moments dans les tranchées ; bien que je n’ai pas connu cette époque cette lettre me fait venir les larmes aux yeux lorsque je la lis...
Répondre6 h
Christian Bailly
Reinette Thefrog Merci beaucoup Isabelle. Comme je te comprends.
Si ça ne te dérange pas et si tu y penses pourrais-tu scanner et m'envoyer cette lettre. Malheureusement, le courrier de mon arrière-grand-père n'a pas été gardé. Merci par avance. Avant de descendre dans le sud, nous sommes allés visiter Verdun et les lieux de combat. Je sais que ce n'est pas très réjouissant, mais je vous conseille d'y aller... Il y a beaucoup à apprendre de ces lieux du souvenir. C'est impressionnant.
Nadine Alinat
RépondreSupprimerOui et on se plaind pour des broutilles bien souvent. Ne pas oublier.
Répondre5 h
Christian Bailly
Nadine Alinat Tu as raison Nadine... Et n'oublions pas ceux pour qui c'est une réalité d'aujourd'hui.
Christian Preau
RépondreSupprimerMagnifique ❤️
Répondre3 h
Christian Bailly
Christian Preau Merci beaucoup Christian. Bonne journée
Françoise Mari
RépondreSupprimerA nos héros, à mon grand-père Marcel et à son frère Joseph qui ont fait la guerre des tranchées. Joseph n est pas revenu. Il avait 24 ans.
Répondre3 h
Christian Bailly
Françoise Mari Oui à nos héros, à ceux qui y sont restés, à ceux qui sont revenus, aux gueules cassées, aux morts pour l'exemple ! De tout cœur avec toi Françoise
Nickette Letrep
RépondreSupprimerBel hommage, merci Christian pour ce poème brûlant de vérité.🙏🙏🙏 Je t'embrasse. 😽😽😽
Répondre2 hModifié
Christian Bailly
Nickette Letrep Je te remerci Nickette ! Suis très touché par ton commentaire... A bientôt ! Bonne soirée
Mireille Lourman
RépondreSupprimerMagnifique poème pour ces pauvres gens qui ont été sacrifiés. Après m'être intéressée à cette guerre, j'ai eu l'horreur des gradés et de l'amour de la patrie. Qu'on ait l'amour de l'être humain, quel qu'il soit ! 😢
Répondre8 min
Christian Bailly
Mireille Lourman J'étais un peu comme toi, je l'avoue et encore plus depuis que j'ai lu pas mal de livres sur cette guerre, que je suis allé visiter Verdun, et que je suis allé à Paris voir une grande exposition à la Mairie de Paris sur les "morts pour l'exemple"... Je suis revenu révolté...
Raymonde Gillig
RépondreSupprimerUn texte criant de vérité ! N'oublions jamais ! Bravo Christian et merci pour cet hommage à ton grand-père ainsi qu'à tous les autres
Répondre30 min
Christian Bailly
Raymonde Gillig Merci Raymonde ! C'était un hommage à mon arrière -grand-père (mais ce n'est pas grave) que je n'ai pas connu d'ailleurs, mais j'ai connu mon arrière-grand-mère... On l'appellait la "Petite Mémé". Bonne soirée et à très bientôt !
Marie Josée Giordano
RépondreSupprimerOui, combien l être humain est oublieux, malheureusement, tous ces hommes sacrifiés pour nous rendre libre, libre de quoi, puisque tout respect et honneurs ne font plus partie de nos références actuelles, dommage l humanité régresse au lieu de tirer profit de nos erreurs, merci pour leurs mémoires et leurs courages
Répondre10 min
Michel Richard
RépondreSupprimerChristian Bailly merci mon cher Christian. Tes poèmes sont fabuleux. A très bientôt le plaisir de vous revoir. Amitié. Michel