dimanche 13 février 2022

Hommage à Antoine Mari

 


Antoine, Mon ami

 

Aujourd’hui, ma poésie est en deuil,

L’encre est plus noire que d’habitude,

Les mots du poète se recueillent,

Ma plume trouve le vélin trop rude.

 

Instant cruel que celui des hommages,

Sans trahir de ta personne la mémoire,

Écrire de ta vie, les plus belles pages,

Ne pas oublier, raconter ton histoire.

 

Quand vacillent d’autres flammes,

Et résistent au tourbillon du temps,

C’est une rafale qui emporta ton âme,

Et nous laisse orphelins, brutalement.

 

Ce vent mauvais a soufflé ta chandelle,

Et laisse notre amitié dans l’errance.

Personne pour entendre nos appels,

Dans la nuit sans étoiles de l’absence.

 

Elle te ressemble peu, cette sortie précipitée.

Je ne reconnais pas ton flegme « normand »

Que j’ai bien des fois, en toi, admiré.

Tous, nous trouvons ce départ fort diligent.

 

Antoine, tu nous a tous surpris.

J’ai beau me questionner,

Tu nous laisses abasourdis.

Pas d’autre choix que de te pleurer.

 

Alors… Alors, voici l’heure

Où il nous reste les souvenirs,

Ceux qui nous font du bien,

Ceux qui nous font sourire,

De la vie tous ces petits riens,

Qui nous font chaud au cœur.

 

Je me souviens de tout ce temps,

Passé ensemble au travail,

À partager déboires et réussites

Toute une époque, vaille que vaille !

 

Te rappelles-tu ?

 

Nos discussions politiques animées,

Avec nos camarades et amis…

L’instant café-croissants consacré,

Le rituel attendu du vendredi.

 

Et ces fameuses tartes aux fraises,

Elles me rient encore au ventre,

À l’époque, on ne filait pas l’anglaise

On ne laissait pas sa part, diantre !

 

Il n’y a pas de mal à se faire du bien.

À prendre la vie du bon côté.

Comme ce temps est bien loin…

Par le vent mauvais emporté !

 

Je me souviens avec déférence

Ces soirées que tu as animées,

Alors que nos corps, en cadences,

Se dépensaient, sans compter.

 

Je revois encore ton sourire amusé.

Nous, nous avions le diable au corps,

Nous avions perdu nos vertes années,

Mais pas la rage de vivre, encore.

 

 

Antoine, Mon ami

 

Je veux ici te dire mille mercis,

Devant toute cette assemblée,

Pour tous ces moments de notre vie,

Où tu as su témoigner de ton amitié.

 

Quand prenait un autre tournant

Nos destins, sur un chemin éprouvant,

Tu as su être là, à chaque instant,

Je te suis éternellement reconnaissant.

 

De la photographie, tu avais la passion.

Je te dois de regarder aujourd’hui

Le monde autrement, avec émotion,

Une fenêtre sur la poésie de la vie.

 

De ces images qui figent le temps,

Aux mots qui éternisent les instants,

Il n’y avait qu’un pas  pour illustrer

Nos destins et leur offrir l’éternité.

 

Je l’ai franchi un jour de détresse,

Pour leur faire dire ma vérité,

Nos chagrins, nos heures de liesse,

Mais aussi nos amours, nos amitiés.

 

Aujourd’hui de ces mots qui me viennent,

De je ne sais pas vraiment où, ni comment,

Certains, maintenant, pour toi, me reviennent

Ils parleront à tes amis, certainement.

 

Ils parleront…
Ces mots que l'on ne dit pas,

Mais que l'on pense tout bas…

Ils résonnent dans nos pensées,

Mais l'on n'ose pas les prononcer…

Parfois, ils font chavirer nos cœurs

Et nous mettent en chaleur…

On les retient au bout des lèvres

Et ils nous donnent la fièvre…

Ces mots qui avivent nos ardeurs

Et que l'on tait par pudeur.

Ces mots bien trop galvaudés

Usés d'être communément usités

Mais qui peuvent faire le bonheur.

De l'amour, de l’amitié, ils ont la saveur.

Pourtant, simples comme bonjour,

Ils nous valent souvent bien des détours

Pour avouer tout simplement

La grandeur de nos sentiments.

Parait-il, le silence est d'or

Mais ces mots la sont un trésor

Et pour soi de les garder

Serait d'une parfaite impiété…

Alors de la part de cette assemblée

Pour toi réunie, je sais, je peux les dire

J’ose les dire…

Antoine, nous t’aimons !


Christian Bailly

Tous droits réservés 

03/02/2022


jeudi 3 février 2022

À toi mon ami poète

https://youtu.be/Pyg6S_ftFxY 


Version Audio


À toi mon ami, muré dans ta chair,

Enchainé à ce corps meurtri,

Je voudrais briser tes chaînes.


Philip Gladstone

 

À toi mon ami, réduit au silence,

Bâillonné par l’impuissance,

Je voudrais libérer ta parole.

 

À toi mon ami, ta plume est cassée,

Sur le parchemin, l’encrier s’est vidé,

Pour noircir ta page de poésie.

 

À toi mon ami, aux ailes coupées,

En plein vol de ta vie de troubadour,

J’aimerais t’offrir les miennes.

 

Pour toi mon ami, dans ta prison,

Les geôliers en blouses blanches

Sont devenus les gardiens de ta survie.

 

Alors…

 

Je pense à tous nos moments

Intenses de partages poétiques,

À toutes tes compositions originales,

Dont j’enviais la créativité baroque.

 

Pan enseignant la flute de pan
à Daphnis

Je pense à ce rendez-vous un peu fou,

Pour venir faire ma connaissance,

Et notre discutions dans le parc,

Nous étions devenus frères de plume.

 

Je me souviens de notre visite,

De notre promenade dans la campagne,

De notre soirée à mieux nous connaître,

Autour d’un verre qui scelle l’amitié.

 

La poésie en est devenue le trait d’union.

Ici, sous le soleil et le ciel céruléen,

Je n’ai pas la tête dans les étoiles,

Quand je pense à ton ciel devenu gris.


Pan et Hermes
 

Alors je voudrais devenir ce magicien

Des mots et des tournures passionnées

Que tu étais, pour te faire sourire

Et réveiller la flamme de ta poésie.

 

Rappelle-toi les duos de nos plumes

Où quatrain après quatrain

Nous partagions les folies de nos muses

Sans tabous, libérées des contraintes.

 

Mon ami,

J’aimerais ouvrir la porte de ce silence

Qui s’est refermée si brutalement sur toi

Pour t’emmener sur le Mont Hélicon

Ou le Mont Parnasse et retrouver nos déesses.

 

Minerve venant trouver les Muses
sur le mont Hélicon


Tu redeviendrais ce Pan que tu étais,

Sauvage, insaisissable, intarissable,

Dont elles vénéraient  religieusement,

Les déclarations cocasses et enflammées.

 

Et moi,

Je te confierais mes amours interdits

De mes fantasmes, les folies,

De mes espoirs, les extravagances,

De ce monde, mon éblouissement.

 

Le dieu Pan

À toi mon ami…

À Jean-François…


Christian Bailly

Tous droits réservés

24/11/2021

vendredi 28 janvier 2022

Le Môle Saint-Louis

Vercio Audio 









Alors que le soleil hivernal

Nappe d'argent les flots sereins,

Sur le Môle Saint-Louis alangui,

Je poursuis mon chemin.

Là, derrière moi, le Mont St clair

Étend son écrin de verdure

Serti de villas bourgeoises.

À ses pieds, la ville s'agite.




Le Théâtre de la mer, massif,

Fort comme un roc,

Impose sa silhouette monumentale,

Sur son piédestal rocheux.

Dernière lui, une plaie béante

L'isole de la ville turbulente.




Au dessus, le champ de croix

Du célèbre cimetière marin

Ne plie pas son échine

Sous la brise tiède et câline

De cette journée ensoleillée.




Dans le miroir d'une flaque d'eau

Oubliée par le soleil intimidé,

Le reflet d'une illustre sentinelle,

Le phare Saint-Louis, élancé, élégant.

Sa lanterne chatouille les cieux,

Impatiente de se mesurer aux étoiles.




Le brise-lame étend son bras

Famélique vers le large,

Pour un dernier au revoir

Au ferry bedonnant et lourdaud

Qui s'éloigne à l'horizon.




De l'autre côté du chenal,

Comme des girafes squelettiques,

Les grues, immobiles et hautaines,

Narguent la ville laborieuse.




Sage, à l'abri des dangers,

Le port de plaisance assailli

De voiliers élancés,

Prend paisiblement ses aises.

Dans les gréements, le vent

Joue sa petite musique lancinante.




Autour des ailes figées

De la criée aux poissons,

Les chalutiers ventripotents

S'agitent et régurgitent

Leurs pêches miraculeuses

Du jour, qui enfin s'achemine.

Les gabians criards, chapardeurs

Se chipent les excédents

Balancés par-dessus bord.




Au loin, les retardataires,

Pourchassé par un ruban

De gabians impatients

De jouir, sans effort

De leur pitance quotidienne,

Pressent leur allure,

Pour passer le chenal.

Les voilà bientôt à bon port,

Après une journée de labeur

Passée en pleine mer

Dans le froid et les embruns.




Alors que je m'en retourne,

Sans presser mon pas,

De cette promenade apaisante

Sur le môle Saint-Louis,

J'ai encore dans mes yeux de poète

Le chatoiement argenté des flots

Sous le soleil d'hiver. 




Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés 
28/01/2022

mardi 25 janvier 2022

Départ

 




Départ

 

Les enfants sont partis,

La maison est vide.

Vide de leurs cris,

Vide de leurs chamailleries,

De leurs rires insouciants,

De leurs jeux d’enfants,

Et de leurs bons mots.

Vide de leur frivolité,

Vide de cette jeunesse

Déjà si loin pour moi…

Je plie les draps déjà secs,

De leurs parfums d’enfant.

Je mets de l’ordre à la maison,

À ce désordre joyeux,

Déjà, il me manque…

Je fracasse le silence pesant

Contre mon poste de radio.

Je regarde à la fenêtre la vie

Elle continue son chemin...

Je me retourne,

Ma muse est là... 

"Je suis là", me dit-elle,

"Toujours fidèle !"

Elle se penche sur mon épaule,

Et me regarde leur écrire ces mots…


Christian Bailly

Tous droits réservés

30/07/2021

jeudi 20 janvier 2022

Couchant hivernal

 

Version Audio



Du duel de l’ombre et de la lumière,

La finitude annoncée

Ne se détourne pas de son chemin,

Attachée qu’elle est, à ce destin renouvelé.


 


Dans un dernier éclat, l’astre succombe,

S’enlise dans le paysage qui s’endort.

Les derniers oiseaux quittent ce ciel maléfique,

Pour ne pas être touché par ce sortilège.


 


Après un flot de sang et de feu,

La nuit  jette sur la terre qu’il quitte,

Son nuage de suie,

Et tend son dais funéraire.


 

Arrivé au bout de sa course,

A l’horizon, lentement, il se couche,

Emportant avec lui dans son deuil,

Les tourments du monde.



Christian Bailly

Tous droits réservés 

19/01/2022


 

samedi 15 janvier 2022

Souvenances

 

Version Audio


Vous rappelez-vous les vertes prairies

De vos années de blés en herbe,

Alors que vos corps, encore imberbes,

S'éveillaient aux filles à peine fleuries ?


Dans le pré de fleurs - Claude Monet


Dans les herbes hautes et denses,

Vous cachiez vos flirts d’adolescents,

Vos désirs flamboyants et indécents,

De l'amour, vous ignoriez la science.


Les-amoureux-Pierre-Auguste Renoir


Sur le dos, une marguerite à la bouche,

Vous attendiez patiemment un miracle,

Le concours bienveillant d'un oracle,

Que sa main timide ose et vous touche.


Claude Monet - La Prairie Fleurie


Dans l'herbe haute, cachés du monde,

Battaient deux cœurs timides, à l'unisson.

Vous découvriez les premiers frissons,

Des émois ingénus,  l'onde profonde.


Claude Monet - Champs au Printemps


Rappelez-vous ces vertes prairies

De vos années de blé en herbe,

Le  premier baiser brûlant qui exacerbe

Les rêves d'une jeunesse qui s'épanouit.


Prairie fleurie - Alexandre Dubrovskyy



Si très loin, vous semblent ces émotions,

Allez sur le chemin de vos vertes années,

Là, dans les herbes hautes, cachées,

Vos souvenances ne seront pas fanées…

 

Christian Bailly

Tous droits résevés

14/01/2022

mercredi 12 janvier 2022

Mimosa

 



Dehors, le soleil est dans tous ses éclats.

Un nuage vaporeux, à ses couleurs,

Est entré dans la maison...

Bouquet de perles d'or gorgées de lumière...

Aux senteurs enivrantes...

Un rayon d'espoir...



Tandis que les jours reprennent un peu du poil de la bête.

L'hiver est là bien sûr, et montre les dents.

Je sens sa morsure dans le vent du nord.

Je m'emmitoufle.

Mais j'ai les yeux qui brillent de l'espérance

De voir revenir les beaux jours ...

J'ai quitté le deuil de Novembre

Et de ses jours sombres qui me chagrinent

J'oublie les fêtes de Décembre

Et leur poudre aux yeux.

Monsieur Janvier a déjà bien avancé

Sur son chemin bordé de frimas...


J'attends Février et ses promesses qui nous effleurent

Le temps de patienter

Et de voir Mars arriver sur son char

Pour nous annoncer le Printemps...

Alors frais comme un gardon,

En Avril...

Je pourrais frétiller de bonheur.

Au milieu des prairies en fleur...


Christian Bailly

Tous droits réservés

12/01/2022