mercredi 30 octobre 2019

Nuit blanche


Cette poésie à été écrite ou choisie pour illustrée ce tableau de Arièle Louise-Alexandrine, lors de notre exposition "Plume et Pinceaux" à Yerres du 4 au 12 juin 2016


"Nuit blanche"
Arièle Louis - Alexandrine


Dans le noir de sa nuit blanche,
De ses pensées enflammées,
De mots d'Amour pour elle réservés,
Le poète a noirci sa feuille blanche.

Il s’est bercé de tous ces discours
Qu’il aimerait, tout haut, lui dire
Ces mots hantaient son esprit en délire
Sans ménagement, sans détours.

Il a divagué pendant des heures,
Enfiévré par ses désirs excisés,
Délirant comme un damné,
Espérant qu'enfin le jour l'effleure.

Il a cherché obstinément la paix
Pour son âme forcenée,
Condamnée à perpétuité,
À souffrir, de cet amour, de son faix.

Il a renié cent fois ses serments,
Trop généreux, pour se libérer,
Et cent fois, il s’est parjuré
Il est revenu sur ses reniements

Il a pleuré du trop d’immaturité,
De ses sentiments exacerbés.
En silence, dans la nuit, il a hurlé
À tue-tête, ses inavouables desseins,

Où il rêvait de l’emprisonner
À jamais dans sa cage dorée,
De faire de cet ange, son aimée,
Pour à  tout autre, la confisquer.

Dans le noir de sa nuit blanche
Pour lui, pour elle, il a rêvé
De tout et de son opposé,
Jusqu'à ce qu’il flanche

Dans le noir de sa nuit blanche.
Où il a espéré un dénouement à sa folie,
De ses tourments, l'anesthésie,
En noircissant sa feuille blanche.


Christian Bailly
Tous droits réservés

mardi 29 octobre 2019

Ma petite école



Oubliée par le temps

Désertée par les enfants

Je regarde avec nostalgie

Une page froissée de ma vie...


L'école de Thèmes, vue de la Grande Rue


Ma petite école

Sentait le vieux papier et la colle,

Le feu de bois et le charbon,

Entassés contre le mur du fond.



Elle trônait, bien sage,

Au bon milieu de notre village,

Avec de grandes baies vitrées,

Pour nos rêves, les laisser entrer.



Dans la petite cour goudronnée,

Qui avait vu défiler et jouer,

Pratiquement tout le village,

Siégeait un gros tilleul  hors d’âge.



Tout au fond, un petit préau,

Pour les récréations sous l’eau,

Et pour les écoliers, les sanitaires,

Pas fiers et plutôt rudimentaires.



Une trentaine de gamins,

Tout au plus, plutôt moins,

Se dégourdissaient avant d’entrer,

Jusqu’à entendre la cloche sonner.


L'école de Thèmes, vue de la cour de récréation


Alors plantée, devant l’entrée,

La maîtresse, du haut de l’escalier,

Attendait que s’alignent les enfants,

En deux rangs, en ordre croissant.



Nos cartables aux pieds,

Les mains sorties des poches trouées,

Nous attendions la revue

Des mains propres, et de la tenue.



Personne ne faisait le fiérot,

Nous étions tous du même niveau,

Pas plus pauvres, ni plus riches,

À cette époque, la vie était chiche.



Pour tous, une blouse d’écolier,

Notre costume journalier !

Pas de jalousie, pas de vanité,

Tous sur le même pied d’égalité.



Dans la salle, les tables rangées

Sentaient bon le bois ciré.

Les pupitres de bris et de broc,

Étaient bel et bien d’époque.


Ecole de thèmes - La cour, son préau et ses sanitaires


Sur le grand tableau noir,

À la craie blanche, les devoirs.

Sous la date, à la craie de couleur,

La morale n’était pas une gageure.



Alors, pour la maîtresse,  

Commençaient les prouesses,

À qui d’enseigner la lecture,

À qui d’entraîner à l’écriture,



Nous faire découvrir la géographie,

Les sciences et les secrets de la vie,

L’histoire chevaleresque de la France,

En grammaire vaincre nos réticences.



Pas de stylos-billes dans nos mains

Malhabiles et pataudes de gamins,

Un porte-plume, sa plume Sergent-Major,

Et l’encrier ancré dans la table, voilà le décor !




L’objet de tous nos maux d’écolier,

Qui entachait devoirs et cahiers,

Nos blouses et nos doigts empotés,

Pour résumer, une véritable calamité.


Thèmes - La Grande Rue


Un objet qu’il nous fallait dompter,

Avec beaucoup de patience et opiniâtreté,

Tels, les pleins majestueux et les déliés,

Tout un art de l’écriture de lettré.




Envolées gracieuses des majuscules,

En cursives alertes pour les minuscules,

Des pages et des pages bleuies,

Avant d’être expert et aguerri. 




Il y avait les matins de calcul mental,

Et des après-midi réservés à la chorale,

Des cours de sciences en pleine nature

Où on oubliait les fioritures de l’écriture.



Dans la cour, c’était chat perché,

Colin maillard ou balle aux prisonniers,

Quelques billes à perdre ou à gagner,

Marelle ou encore corde à sauter.



À la fin de la journée bien remplie,

La maîtresse appréciait aussi la sortie

Une envolée de moineaux piailleurs

Sortait le village de sa torpeur.


Thèmes  - La Grande Rue à proximité de l'école communale 


Après le goûter, tartine et chocolat

Et les devoirs, nos plus grands tracas

On reprenait la clef des champs

Pour faire d’heureux chenapans.



Comme elle est devenue sage ma petite école

Sage comme une image que l’on colle

Sur le cahier à spirales de nos souvenirs,

Condamné, dans un grenier, à jaunir


à Anaïs, Manon, Timothé,

Nohan et Éline

Et toutes ces têtes studieuses qui m'ont accompagné...



Thèmes - Yonne - Le village


Thèmes - Yonne - Le village


Christian Bailly
Tous droits réservés
29/10/2019

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lundi 28 octobre 2019

Alternative



Cette poésie à été écrite ou choisie pour illustrée ce tableau de Arièle Louise-Alexandrine, lors de notre exposition "Plume et Pinceaux" à Yerres du 4 au 12 juin 2016

"Autoportrait"
Arièle Louis- Alaxandrine


Savez-vous mes amis,
Que je ne suis pas celui
Que vous croyez que je suis ?
Savez-vous mes amis,
Que je suis pour vous celui
Que pour moi, je ne suis pas,
Et pour moi celui
Que je voudrais être pour vous ?
Et si j'étais ce que je suis
M'aimeriez-vous assez pour
Accepter ce que je rêve d'être
Dans le silence de mes nuits ?
En vérité, je vous l'avoue
Je ne sais pas, je ne sais plus…
Celui que je dois être
Pour l'amour de vous,
Celui que je dois être
Pour l'amour de moi,
Celui que je dois être
Pour l'amour de lui.

Lequel choisiriez-vous
Si vous deviez vous priver
De l'un… ou de l'autre,
De la rose et de l'épine,
Du blanc et du noir,
De la lune et du soleil,
De l'ombre et de la lumière,
Du Printemps et de l'Hiver ?

Comment faire ce choix inéluctable,
Au risque d'un séisme, d'un tsunami,
D'un tremblement de terre ?

Et bien voyez vous
J'en suis là !
À cet état !
De ne savoir
De moi, lequel moi
Je dois choisir…


Christian Bailly
Tous droits réservés

dimanche 27 octobre 2019

Crépuscule flamboyant


Cette poésie à été écrite ou choisie pour illustrée ce tableau de Arièle Louise-Alexandrine, lors de notre exposition "Plume et Pinceaux" à Yerres du 4 au 12 juin 2016



"Crépuscule"
Arièle Louis - Alexandrine


Quand il me restera les remords
D'un vieux morceau de bois mort
Tout juste bon à mettre au feu
Par un jour d'hiver frileux,

Alors, subsisteront ces quelques vers
À la postérité, modestement offerts,
Tandis que cet amour  singulier censuré,
Lui, se consumera dans l’éternité

Aujourd'hui, cela me paraît loin
Pourtant, c'est pour demain…
Le temps court au trot,
Et d'un coup, le voilà au galop…

La vie est maîtresse cruelle,
On mange à la même écuelle,
Quand soudain, elle débarrasse la table,
Et nous laisse sur notre faim ineffable…

La nuit est au bout du voyage
Dont on connaît l'amarrage,
Après les commémorations solennelles,
Le temps vient des aurores éternelles…

Alors ? 
Alors, dois-je refusere du présent, 
Ce bonheur omniprésent,  
Et ses beaux atours de tous les jours, 
Avant de souffrir de l'infernal séjour ?

Quand de l'ultime, viendra mon heure,
Fanée comme une fleur qui se meurt,
Vous, vous trouverez mon âme,
Dans ma dernière larme,

Dans un crépuscule flamboyant,
Comme un de ceux,
Qui mettent le feu,
À  la terre…
                      …Comme à la chair.

Christian Bailly 
Tous droits réservés


vendredi 25 octobre 2019

Source


Cette poésie à été écrite ou choisie pour illustrée ce tableau de Arièle Louise-Alexandrine, lors de notre exposition "Plume et Pinceaux" à Yerres du 4 au 12 juin 2016

"Source"
Arièle Louise - Alexandrine


Dessous ses buissons,
Un intime geyser,
Attend, impatiemment, d'être découvert.

Troubles ou limpides...
Il y a en cette humanité,
Des sources auxquelles on ne peut résister.

Habilement soutirée,
À qui sait se baisser,
Il n'y a pas loin alors, du calice aux lèvres.

Une bouche entrouverte,
Sur une brèche offerte,
Sous un ciel de lit d'amour et de félicité.

Coule…
Coule sa  jolie source,
Coule vers les lèvres
De l’amant, dont elle apaisera la fièvre.


Christian Bailly
Tous droits réservés