mardi 29 octobre 2019

Ma petite école



Oubliée par le temps
Désertée par les enfants
Je regarde avec nostalgie
Une page froissée de ma vie...


L'école de Thèmes, vue de la Grande Rue


Ma petite école
Sentait le vieux papier et la colle,
Le feu de bois et le charbon,
Entassés contre le mur du fond.

Elle trônait, bien sage,
Au bon milieu de notre village,
Avec de grandes baies vitrées,
Pour nos rêves, les laisser entrer.

Dans la petite cour goudronnée,
Qui avait vu défiler et jouer,
Pratiquement tout le village,
Siégeait un gros tilleul  hors d’âge.

Tout au fond, un petit préau,
Pour les récréations sous l’eau,
Et pour les écoliers, les sanitaires,
Pas fiers et plutôt rudimentaires.

Une trentaine de gamins,
Tout au plus, plutôt moins,
Se dégourdissaient avant d’entrer,
Jusqu’à entendre la cloche sonner.

L'école de Thèmes, vue de la cour de récréation


Alors plantée, devant l’entrée,
La maîtresse, du haut de l’escalier,
Attendait que s’alignent les enfants,
En deux rangs, en ordre croissant.

Nos cartables aux pieds,
Les mains sorties des poches trouées,
Nous attendions la revue
Des mains propres, et de la tenue.

Personne ne faisait le fiérot,
Nous étions tous du même niveau,
Pas plus pauvres, ni plus riches,
À cette époque, la vie était chiche.

Pour tous, une blouse d’écolier,
Notre costume journalier !
Pas de jalousie, pas de vanité,
Tous sur le même pied d’égalité.

Dans la salle, les tables rangées
Sentaient bon le bois ciré.
Les pupitres de bris et de broc,
Étaient bel et bien d’époque.

Ecole de thèmes - La cour, son préau et ses sanitaires


Sur le grand tableau noir,
À la craie blanche, les devoirs.
Sous la date, à la craie de couleur,
La morale n’était pas une gageure.

Alors, pour la maîtresse,  
Commençaient les prouesses,
À qui d’enseigner la lecture,
À qui d’entraîner à l’écriture,

Nous faire découvrir la géographie,
Les sciences et les secrets de la vie,
L’histoire chevaleresque de la France,
En grammaire vaincre nos réticences.

Pas de stylos-billes dans nos mains
Malhabiles et pataudes de gamins,
Un porte-plume, sa plume Sergent-Major,
Et l’encrier ancré dans la table, voilà le décor !

L’objet de tous nos maux d’écolier,
Qui entachait devoirs et cahiers,
Nos blouses et nos doigts empotés,
Pour résumer, une véritable calamité.

Thèmes - La Grande Rue


Un objet qu’il nous fallait dompter,
Avec beaucoup de patience et opiniâtreté,
Tels, les pleins majestueux et les déliés,
Tout un art de l’écriture de lettré.

Envolées gracieuses des majuscules,
En cursives alertes pour les minuscules,
Des pages et des pages bleuies,
Avant d’être expert et aguerri. 

Il y avait les matins de calcul mental,
Et des après-midi réservés à la chorale,
Des cours de sciences en pleine nature
Où on oubliait les fioritures de l’écriture.

Dans la cour, c’était chat perché,
Colin maillard ou balle aux prisonniers,
Quelques billes à perdre ou à gagner,
Marelle ou encore corde à sauter.

À la fin de la journée bien remplie,
La maîtresse appréciait aussi la sortie
Une envolée de moineaux piailleurs
Sortait le village de sa torpeur.

Thèmes  - La Grande Rue à proximité de l'école communale 


Après le goûter, tartine et chocolat
Et les devoirs, nos plus grands tracas
On reprenait la clef des champs
Pour faire d’heureux chenapans.


Comme elle est devenue sage ma petite école
Sage comme une image que l’on colle
Sur le cahier à spirales de nos souvenirs,
Condamné, dans un grenier, à jaunir

à Anaïs, Manon, Timothé et Nohan



Thèmes - Yonne - Le village


Thèmes - Yonne - Le village


Christian Bailly
Tous droits réservés
29/10/2019

What do you want to do ?
New mail

2 commentaires:

  1. Mêmes mots, mêmes couleurs
    Même mélancolie au coeur !
    Cette école, c'était la mienne
    Autant que je me souvienne !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ce joli commentaire Morgane...
      Des souvenirs à partager avec nos jeunes pour qu'ils puissent faire la différence, pour peu que ça les interesse...;-)
      Belle soirée Morgane... Bisous

      Supprimer